3 écrans, 3 films, 1 circassienne et la musique de Chloé ! C’est le programme d’ANIMA, la nouvelle création de Maëlle Poésy et Noémie Goudal au TDB à Dijon. T’as jusqu’à la fin de la semaine pour choper tes places et découvrir ça au Parvis Saint-Jean. Tu peux aussi laisser un commentaire en bas de l’article pour gagner deux places pour y aller ce samedi !

Maëlle Poésy, metteuse en scène et directrice du TDB CDN et la photographe plasticienne Noémie Goudal – attention à l’abus d’alcool – ont co-réalisé une installation-performance : ANIMA. Un spectacle immersif qui mêle différentes pratiques artistiques entre projections, photographies, musique électronique et performance d’équilibriste autour du thème du temps qui passe et qui influence la planète, les paysages et plus particulièrement ici le désert du Sahara. On s’est posé avec Noémie pour qu’elle nous parle de ce projet un peu fou.

Anima ça ressemble à quoi ? 3 énormes écrans installés en demi-cercle face au public, sur ces écrans sont projetés 3 films en plan-séquence constitués de superpositions de bandes photographiques représentant des paysages qui vont se composer et se décomposer par des phénomènes naturels comme le feu et l’eau, pour laisser apparaître de nouveaux paysages. Ces métamorphoses sont accompagnées par la musique électronique de Chloé Thévenin et par la chorégraphie en suspension de Chloé Moglia, interprétée par Mathilde Von Volsem qui apparaît dans le vide et qui nous fout le vertige. « On a invité Chloé Moglia et Chloé Thévenin parce qu’elles avaient leurs univers à elles et parce qu’on avait envie de travailler avec elles en tant que personne. Pour la bande sonore comme pour la chorégraphie, elles avaient carte blanche » précise Noémie.

Noémie développe ses œuvres en s’appuyant sur des recherches et études en paléoclimatologie : « Pour moi, chaque œuvre est une sorte de chapitre qui s’inspire d’un article, d’une recherche en paléoclimatologie ; c’est-à-dire l’histoire des climats anciens, des recherches sur comment arrive-t-on à percevoir le temps à l’intérieur même du paysage ». En gros la paléoclimatologie, c’est la science qui étudie les climats passés et leurs variations en 4,5 milliards d’années, afin d’anticiper les climats à venir. Anima fait partie d’un corpus « Post Atlantica » qui regroupe plusieurs chapitres sous forme d’installations photographiques et filmiques centrés sur la transformation des paysages, dans un principe d’illusion d’optique en superposition d’images.

Pour Anima, Noémie et Maëlle s’inspirent particulièrement du désert du Sahara. « J’avais plein
d’articles sur le sujet du Sahara que j’avais montré à Maëlle puis on a fait d’autres recherches car on
s’est dit que c’était super intéressant cette histoire de Sahara qui est perçue par l’Homme comme le
plus grand désert aride alors qu’en fait, grâce à la paléoclimatologie, on sait que le désert était vert il
y a 11 000 à 5 500 ans. Des scientifiques expliquent que le désert pourrait potentiellement évoluer
différemment avec à nouveau des moussons et à force de moussons intenses ça pourrait recréer des lacs et marécages. »

Ici, pas de grands discours de morale écologistes ni de théories climatosceptiques, mais une invit’ a venir ressentir les choses. Comme nous l’explique Noémie : « On ne s’est pas du tout inspiré des problèmes de réchauffement climatique mais vraiment sur ces recherches en paléoclimatologie ; sur le fait de comprendre le climat dans un contexte beaucoup plus global. De voir le climat au temps de la Terre, à son échelle de temps à elle et pas celui de l’Homme. »

Et ouais, on est comme ça nous les Hommes, à toujours tout ramener à nous, à être auto-centré. Et ce qui intéresse justement Noémie c’est de savoir « si on est capable de faire cet exercice vertigineux qui est de regarder la planète sans l’Homme ou l’Homme comme une petite partie qui a vécu sur cette planète ? A force de lire des choses sur la paléoclimatologie, ça permet de voir ces choses différemment. D’un point de vue personnel, c’est aussi une façon d’être plus en phase avec ce monde qui est en mouvement, dans un état naturel animé. »

Au fond, le message n’est pas très explicite. « On voulait faire comprendre que le désert n’est pas qu’aride, qu’il a subi d’autres formes, mais dans mon travail j’essaie de ne pas trop en dire pour laisser place à l’imagination du spectateur. Y’a une énorme part d’introspection quand on regarde l’oeuvre où on se dit « ça correspond à quoi ? » ».

Finalement, Anima permet de traduire à la manière de ces artistes, ce que l’environnement a subi à travers le temps et l’histoire, avec une grande puissance et une certaine fragilité à la fois.

L’expérience se prolonge le 13 janvier à La Vapeur de Dijon pour un DJ set de Chloé, avec Calling Marian et DJ Plaisir et tu peux aussi gagner des places pour cette soirée ici.

Texte et propos recueillis par Maïa // Photos : Vincent Arbelet ©