Une randonnée sportive à la sauce Koh Lanta avec des épreuves, des énigmes, de la sueur, du camouflage et tout ça en Saône-et-Loire. On a dit banco au bootcamp. 

Rendez-vous à 10h devant le lavoir de Givry. Nous sommes 10, Tenue militaire, treillis, maquillage façon camouflage. L’enfer du Vietnam, à Givry. Un bootcamp, c’est quoi? certainement pas un truc de douillet en costume du dimanche. Ça s’inspire des séances d’entraînement des forces armées américaines avec un instructeur à sifflet qui pousse ses recrues dans leurs retranchements. Dans le civil et à Givry, ça donne une randonnée de 6 heures ponctuée d’épreuves où les participants se muent en sherpa et portent des sacs de sables de 10 à 20 kilos et un brancard de 30 kilos de matériel. L’Everest ici c’est la Chaume Sacrée et l’itinéraire se retrouve avec une boussole et une carte. Un coup à regretter de ne pas avoir assez écouté lors des courses d’orientation du collège. Le ton est donné : on va en baver, mais en baver collectivement parce que l’objectif de la journée c’est le dépassement de soi et la solidarité. 

Porter des sacs de sables, sauter à la corde lestée, marcher sur une slackline, résoudre des énigmes avec un cerveau embué et faire des abdos accrochés les uns aux autres dans les herbes mouillées, ça tisse des liens. Malgré ses tatouages tribaux et son treillis, Jonathan a l’air d’un gamin qui ferait de bonnes blagues. Ce gars transpire la gentillesse et la générosité, pas franchement le cliché de l’instructeur militaire. Ce qu’il aime dans l’armée c’est l’entraînement et la cohésion, pas la guerre, du moins pas la vraie. Son Full Métal Jacket à lui c’est de nous lancer dans des séries de burpees (genre pompes sautées, pour les néophytes) si on se trompe de chemin. Jonathan a placé des balises tout au long du parcours. À chaque balise une nouvelle épreuve. On rampe au sol, on fait aussi des trucs d’intellos en assemblant des triangles et des carrés pour former un lapin ou une maison, on fait des pompes, on repart en portant ces maudits sacs de sable. Attention, Jonathan siffle, il faut vite se cacher. On a 10 ans, on jette nos sacs au sol et on saute dans les ronces pour être sûrs d’être bien cachés et que personne ne nous trouvera. Coup de sifflet, on sort des ronces, on reprend les sacs et on continue la randonnée. Nouvelle balise, nouvelle épreuve : tir à la corde. Ça aussi, on connaît, on y a joué en cours de récré. On constitue les équipes, on choisit les plus costauds. Du haut de mes 44 kilos j’ai du mal à attirer et de fait j’ai beau y mettre toutes mes forces, en 2 minutes je suis propulsée de l’autre côté. Punition des perdants : manger des insectes.

Un coup à regretter de ne pas avoir assez écouté lors des courses d’orientation du collège

Je pourrais vous parler longtemps du concept bootcamp, mais ici c’est franchement le bonhomme qui fait tout. Ce bootcamp c’est Koh-Lanta avec Jonathan à la barre. C’est son truc à lui.  Koh-Lanta et Jonathan c’est d’ailleurs une longue histoire. Tous les ans depuis le début de l’émission, il candidate. Un jour, vous le verrez à la télé, en maillot de bain, à l’autre bout du monde. Son kiff à Jonathan, c’est d’amener les gens à se dépasser. Il le dit lui-même « soit on fait un truc à fond, soit on ne le fait pas ». Sa vie est un parcours de passion, en quête du projet ultime qui cochera toutes ses cases. À 16 ans, il passait un test dans un Centre d’Information et d’Orientation (CIO). Résultat de son profil : 70% sport, 20% nature, 10% autre. Aujourd’hui les pièces du puzzle s’assemblent. « C’est comme si tout était écrit depuis le début » dit-il. Après avoir été paysagistes, DJ, technicien au Moulin Rouge, vendeur chez Décathlon, gérant de salle de sport, il est désormais coach sportif et déploie son projet. « J’ai toujours bifurqué. Dès que ça ne me convenait plus, je changeais». Il est libre Jo, y en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler…

L’esprit toujours en ébullition, il prépare la V 2 du bootcamp : une randonnée en bivouac avec 2 équipes qui partiront en décalage, la seconde devant rattraper la première. Les participants dormiront dans un lieu insolite et le lendemain, en fin de journée, ils mangeront du quatre-quarts et ils feront durer, morceau par morceau, pour prolonger, pour ne pas se séparer, parce qu’en baver collectivement c’est vrai que ça crée des affinités.

Texte : Erika Lorenzo // Photos : Thomas Lamy