Le musée de la résistance et de la déportation de Besançon vient de rouvrir après 3 ans de travaux. Toujours niché au cœur de la Citadelle, c’est pas le plus fun des musées, tu te doutes bien, mais c’est un endroit INDISPENSABLE. 

Les derniers survivants vont bientôt s’en aller, alors ce sera à des structures comme le musée de transmettre l’horreur de la période. C’est important, car de nos jours, t’as l’impression que beaucoup de gens ne placent plus la tolérance comme valeur en haut de leur liste. Quand des Zemmour ou autres Pascal Praud te diront que les nazis, ils étaient plutôt sympas et ordonnés et qu’on raconte des horreurs sur eux sans savoir… Tu pourras leur dire que tu sais, grâce au musée, entre autre. (Zemmour ou Pascal Praud, c’est des exemples d’intolérants bien faf’, hein, je ne les ai jamais entendu dire ça soyons d’accord.).

Venez redécouvrir un lieu transformé, actualisé, avec des collections d’objets et un récit sur la période, bien sûr, mais aussi des témoignages de familles de déportés, et une incroyable salle sur « l’art en déportation ».

On a rencontré Vincent Briand, le directeur du musée.

3 ans c’est long…pourquoi le musée avait-il besoin d’un tel lifting ?

V.B. : 3 ans de travaux, mais plus de 10 ans de travail au total ! Le musée avait besoin de se renouveler pour plusieurs raisons :

  • sur le plan de la conservation, les conditions de conservation n’étaient plus adaptées,
  • sur le plan historique, l’historiographie avait évolué et il était nécessaire de mettre à jour le discours,
  • enfin sur le plan de la forme, le public avait changé et il fallait donc imaginer une autre manière de transmettre cette histoire.

Les témoins directs de la guerre et de ses atrocités ne sont plus beaucoup, sous peu, ils auront tous disparus …. C’est donc une grande responsabilité du musée, ce sera à lui de parler à la place des survivants de cette période ? 

En un sens, oui. Mais le musée n’est pas tout seul. Il partage cette responsabilité avec l’Ecole, les scientifiques, les associations, les citoyens. En ce sens, il est l’un des rouages qui participent de cette transmission des connaissances aux générations futures. En il occupe un rôle de premier plan en ce qui concerne la préservation et la transmission de ce patrimoine commun.

Il y a une forte dose de médiation dans le travail du musée, en particulier avec les plus jeunes ? 

Bien sûr. Penser un musée, c’est s’interroger sur ce que l’on veut dire, travail qui a été mené avec les deux historiens qui nous ont accompagnés tout du long, Cécile Vast (spécialiste de la Résistance) et Robert Steegmann (spécialiste de la déportation). C’est aussi se questionner sur ce que l’on veut montrer, quelles sont les collections que l’on veut sélectionner. C’est enfin savoir à qui l’on parle et les jeunes générations sont l’un des publics cibles.

Les pièces sont petites, le plafond bas…. On se sent un peu à l’étroit, on prend un peu le musée sur les épaules… Est ce que c’est voulu de créer cette ambiance, cette tension, pour nous mettre en condition ? Ou est-ce uniquement dû à l’architecture du bâtiment ? 

Un sorte de combinaison des deux. L’architecture du bâtiment est très contraignante et a évidemment joué un rôle essentiel. Cependant, nous avons souhaité rester dans la continuité de l’ancienne exposition et conserver cette atmosphère sombre, qui convient à la période historique. On ne peut retrouver la lumière qu’à la fin, en sortant.

Cette salle « art en déportation » est incroyable…comment vous avez réuni ça ? Entendu parler de ces artistes ? 

C’est la fondatrice, Denise Lorach, qui a commencé à collecter ces incroyables œuvres dès le début des années 1970. Au fil du temps, la collection s’est enrichie et nous travaillons toujours d’arrache-pied pour tenter d’identifier des artistes, de retrouver leurs descendants ou bien d’identifier où peuvent se trouver les dessins qu’ils ont pu produire.

Ce fond constitue sans nul doute le véritable trésor du musée de Besançon.

Propos recueillis par Chablis Winston // Photos : Chablis Winston