Pogo Car Crash Control était de passage fin janvier à Belfort pour l’une des dernières dates de sa tournée et c’est peu dire qu’ils ont fait suer la Poudrière comme jaja ! On voulait en apprendre plus sur leurs influences et leur avenir à travers un petit portrait chinois de derrière les fagots. Claude françois, Lady Di et L’amour est dans le pré ; le groupe le plus violent de France nous a révélé tous ses secrets !

Janvier verra s’achever la tournée Fréquence Violence qui aura duré quasi 2 ans. Si vous étiez une résolution pour la nouvelle année ?

Olivier (chant et guitare) : Euh, arrêter de boire ? Non, celle-ci, c’est déjà mort. Restons basique : 2024 sera l’année de production de notre prochain album donc disons que la résolution serait de sortir un bel album. Jusqu’à présent, on a toujours tourné et trouvé le moyen d’enregistrer le prochain disque entre les dates puis d’enchaîner sur une tournée pour promouvoir le nouvel album. Cette fois, on a décidé de faire une pause pour se poser les bonnes questions et ne pas se reposer sur nos acquis. Mine de rien, c’est déjà notre quatrième et on ne voudrait pas qu’un sentiment de routine s’installe et que ce ne soit qu’un nouvel album de plus. On voudrait prendre le temps de proposer quelque chose qui renouvelle la sauce.

Fréquence Violence, le précédent album, vous aura vu explorer de nouvelles sonorités, parfois plus apaisées, assez éloignées de votre violence habituelle. Si vous étiez un plaisir pop coupable ?

Olivier : « Pour que tu m’aimes encore » de Céline ! Le côté pop, c’est quelque chose qu’on avait en nous depuis le début du groupe mais qu’on n’avait pas encore apprivoisé. Aux débuts du groupe, on voulait devenir le groupe le plus violent, le plus bruyant de la scène française, on voulait être une valeur sûre de la violence rock. Depuis Fréquence Violence, on s’est senti assez mature pour apporter cette touche plus pop par moments et ça fait maintenant une nouvelle corde à notre arc.

Simon : Et finalement ça nous a fait gagner un nouveau public très rock qui a vite capté nos influences et celles derrière chaque morceau. Ça a été super bien accueilli et c’est souvent sur ces morceaux plus calmes que ça se bastonne le plus en concert ! Au Hellfest, c’est sur notre ballade que ça a le plus pogoté et slamé ! Sinon, mon plaisir coupable c’est « Comme d’habitude » de Claude François, j’adore ce morceau ! Je rêverais de savoir le chanter en karaoké et de maîtriser ce petit trémolo (rires).

« Ça nous fera toujours marrer de gueuler  » Ta gueule, crève  » de manière hyper frontale. »

La presse hésite souvent à vous classer entre punk et métal mais vous avez déclaré que votre véritable influence commune était le grunge. Si vous en étiez un album ?

Simon : Siamese Dreams des Smashing Pumpkins, une grosse inspiration que j’ai dû écouter mille fois. Le grunge, c’est un peu l’angle du nouvel album.

Olivier : Moi, je serais Bleach de Nirvana. Je ne sais pas si on a réussi à s’approcher d’un titre comme Negative Creep mais pour moi c’est la fusion réussie du métal et du grunge avec ce riff bien lourd et ce refrain bien loser. J’ai un peu l’impression que, maintenant, on s’inspire de nous-mêmes, même si, dis comme ça, ça fait légèrement égo trip (rires).

Si vous étiez un artiste francophone ? Car si votre singularité vient aussi de ces textes braillés dans la langue de Molière, j’ai lu que vous aviez des discussions quant à un éventuel passage à l’anglais.

Simon : Alors, en ce moment, j’adore ce que fait Yoa qui est signée sur le même label que nous. C’est vrai que ta question touche un point important de nos discussions actuelles. On tourne depuis huit ans maintenant, on commence à avoir jouer deux ou trois fois dans certaines salles. C’est mortel, c’est notre public et on ne crachera jamais sur ça mais humainement tu te dis toujours « qu’est ce que ça aurait donné si … ? ». C’est pour cela que l’on veut se fixer de nouveaux objectifs, même inatteignables. On veut éviter de stagner et de devenir une parodie de nous-mêmes. Cela ne concerne pas que le chant en français d’ailleurs.

« Mon plaisir coupable c’est « Comme d’habitude » de Claude François, j’adore ce morceau ! Je rêverais de savoir le chanter en karaoké et de maîtriser ce petit trémolo (rires). »

Olivier : On aborde là un sujet un peu top secret (rires). Il est évident qu’on vise une carrière internationale et que le métal en français est un peu une barrière. On a fait notre première tournée au Canada, ça nous a donné envie de voyager. On aimerait maintenant trouver une parade pour aller jouer en Angleterre, en Allemagne. L’anglais a un attrait mélodique indéniable, surtout dans le rock, et cela pourrait être intéressant de s’en servir. Après, on ne veut pas se faire passer pour ce que nous ne sommes pas. On adore jouer en France, notre musique est faite pour les français et ça nous fera toujours marrer de gueuler « Ta gueule, crève » de manière hyper frontale. En tout cas, c’est clairement une question ouverte à ce moment précis du processus de création du nouvel album.

Vos textes, qui abordent frontalement les sujets de la drogue, de la folie et de la santé mentale, baignent dans le pessimisme, quasi dans la dystopie. Si vous étiez un roman de science-fiction ?

Olivier : Total Recall de K.Dick ! D’ailleurs, cette nouvelle en français s’appelle Traitement Mémoire et on a piqué le titre pour un de nos morceaux. J’adore l’idée de ce mec qui rêve de partir sur Mars, d’explorer de nouvelles contrées. Je pense qu’avec le groupe c’est un peu ce qu’on a essayé de faire, de s’évader de notre condition, d’échapper aux études ou au travail. Pour nous, la musique c’est notre planète Mars. Et je crois honnêtement que le retour sur Terre n’est plus possible. Je ne vois même pas comment Simon pourrait retrouver du taf avec tous ses tatouages (rires) !

Après, pour aborder les troubles psychiques, mon entrée a plutôt été le burnout de manière générale. Au début du groupe, je constatais que plein de gens en souffraient, dans leur travail, leur vie privée. Quelque chose dans l’air du temps où tu sentais les gens se dire « putain je vais péter les plombs ». Et puis, la folie ouvre la porte à des univers fantasmagoriques à la Lovecraft où tout devient possible. Pour un mec un peu taré comme moi, ça permet d’échapper à une normalité trop ennuyeuse.

Simon : C’est assez paradoxal parce que ce pessimisme et cette colère ont été très bénéfiques pour nous. On vit de notre musique depuis dix ans maintenant, on est sur une pente relativement ascendante. On a beaucoup de mal à se plaindre et être aussi pessimiste dans la vie que dans nos chansons.

Nombres de vos titres dont Fréquence Violence traitent des effets lobotomisants de la télé et d’autres médias. Si vous étiez une télé-réalité ?

Olivier : L’amour est dans le pré ! Je suis un bon vivant, j’aime la campagne, je trouve Karine Lemarchand très bienveillante avec ses agriculteurs et agricultrices. Elle ne les prend pas pour des ploucs et j’ai cru comprendre qu’elle avait bonne réputation dans le milieu.

Simon : Alors là, je ne vois même pas comment enchaîner là-dessus (rires).

Et puis, rapport à votre blaze, si vous étiez un accident de voiture célèbre ?

Olivier : Peut-être bien l’accident de James Dean qu’ils essaient de reproduire dans Crash.

Simon : Le premier qui me viendrait à l’esprit, c’est celui de la princesse Diana ! Ça a impacté le monde entier. Et puis, y a toute la théorie du complot derrière. Dérangeait-elle en hauts lieux ? (rires).

Propos recueillis par Picon Rabanne // Photos : Julien Boiteux