Faire découvrir et développer les Arts Martiaux Historiques Européens c’est pas forcément évident, mais c’est la volonté de l’association étudiante dijonnaise De Taille et d’Estoc. Pour se faire, on peut dire qu’ils ont des arguments de poids, à base d’épées et de heaumes. On leur a tapé la discute à l’occasion de leur événement HEMAC (Historical European Martial Arts Coalition) prévu du 16 au 19 mai de cette année, pour échanger sur cet espace de découverte, de discussion et de partage. 

Imagine-toi te retrouver dans un gymnase au milieu de 290 personnes qui se battent à coups d’épées longues, de dagues ou qui luttent. Ouais t’es bien arrivé à l’HEMAC, l’événement le plus grand et le plus vieux de France, dédié aux rencontres internationales d’Arts Martiaux Historiques Européens. Il se tient chaque année à Dijon depuis 2002. Si tu te poses la question, je te le confirme c’est aussi impressionnant que le nom l’indique. Ça cause dans tous les coins, dans plein de langues différentes parce que c’est un événement qui attire des visiteurs du monde entier. Tu peux retrouver du Canadien, du Mexicain, de l’Australien, du Portugais, etc. Un art niche mais qui rassemble beaucoup de monde finalement. 

Impressionnant aussi dans toutes les valeurs qu’Efflam Jeannin (président de l’association De Taille et d’Estoc) et que Hakim Boussejra (membre de l’association depuis près de 12 ans) ont pu nous décrire. Évidemment c’est tout d’abord dans un désir historique, avec une réelle volonté de transmettre, de partager cet art. Mais aussi dans la découverte, la traduction des textes ou des iconographies sur lesquels ils se basent pour réaliser ces reconstitutions. Des membres peuvent traduire des textes anciens, contribuant ainsi à des découvertes historiques. Pendant ces quelques jours, tu assistes également à des conférences animées par des experts. Il faut souligner l’importance de ces rencontres pour échanger des connaissances et des compétences. L’association aspire à faire reconnaître les Arts Martiaux Historiques Européens au niveau mondial, pour qu’ils soient intégrés dans le paysage sportif global.

En fait ce sont des bisounours avec des épées qui se réunissent « pour l’amour de cette pratique, d’échanger avec les autres et de vouloir avancer ensemble ». Touchant ! Des métalleux au cœur tendre qui savent se battre comme au Xème siècle. Cliché respecté mais tu te goures si tu penses qu’ils ne sont que ça. De Taille et d’Estoc met un point d’honneur à être une asso étudiante inclusive. Elle compte une proportion notable de femmes parmi ses membres, il y a deux ans ils atteignaient les 48% d’inscrites. Un groupe appelé « Go to People » est dédié à la prévention et à la gestion des violences sexuelles et autres formes de discrimination, reflétant l’engagement de l’association pour un environnement sûr et respectueux. Une réelle volonté de montrer clairement leur inclusivité avec en plus des slogans comme « Fighters against Racism ». Un logo avec le drapeau des fiertés mais attend faut pas déconner, t’ajoutes des épées avec évidemment. En bref, un lieu safe où tu peux apprendre, découvrir, partager, expérimenter cet art.

Comment décrire cet événement ?

« C’est comme un colloque universitaire mais où on se tape dessus ».

Ca c’est qu’on appelle être fédérateur. Surtout aussi parce que le sentiment que l’on peut ressentir quand ils nous parlent de cet art, c’est l’adelphité, c’est à dire de solidarité entre ses semblables. De Taille et d’Estoc a 110 adhérents, qui sont parfois d’anciens membres mais qui veulent garder un lien, soutenir tout en étant passif dans l’association. Un peu comme papi qui te glisse un petit billet quand tu viens le voir le dimanche midi. T’as même des étudiants qui choisissent de venir réaliser leurs études à Dijon pour faire partie de l’asso. Tu comprends en les voyants que ce sont des gens de partout, qui ont des métiers complètement divers, des gens foncièrement différents mais qui ont « des valeurs de vivre ensemble, de partage » et qui se rencontrent autour de ce sport. 

Un sport qui se focalise bien plus sur la reconstitution que réellement la pratique. Mais qui aide parfois des personnes traumatisées par leur prof de 5ème qui les engueulaient parce qu’ils n’arrivaient pas à finir ce foutu 8ème tour de piste. Tu deviens un « Geek stylé » finalement.

Texte : Octavine Brobbel-Dorsman // Photos © Emma Skowron