Le Golden Coast, c’est tout simplement le meilleur du rap français au même endroit au même moment, les 13 et 14 septembre prochain. Une prog’ incroyable pour les amoureux du genre avec ce qui se fait de mieux en ce moment. Des stars (SCH, Ninho, Zola & Koba LaD..), des étoiles montantes (Yamé, La Fève…), de la scène locale (O?NI, Siiré…) et quelques légendes (Booba, Fonky Family). Christian Allex est à l’origine du premier festival de cette taille entièrement hip-hop. C’en est même le boss. On l’a rencontré à quelques jours de l’événement qui se tiendra sur les hauts de Dijon, au Parc de la Combe à la Serpent.
En partenariat avec Radio Dijon Campus
Comment l’idée t’es venue de ce festival ?
J’ai eu et j’ai encore beaucoup de projets ailleurs (Les Eurockéennes, le Cabaret Vert, la Magnifique Society, etc., ndlr), j’avais envie de revenir a la maison, de recentrer un projet sur Dijon. On a eu le COVID en 2020, on savait pas si allait continuer…On s’est mis a travailler sur l’avenir avec mes associés, on a commencé à développer un projet hip-hop. On en programmait pas mal aux Eurockéennes sur mes dernières années là-bas. On s’est dit que c’était dommage que personne ne fasse un truc 100% dédié au hip-hop en France. Y’a un lieu qui nous plaisaient bien c’était l’aéroport de Dijon/Longvic. On est allé voir le Maire de Longvic en plein COVID. Surprise, il nous dit : « C’est super votre idée, j’ai envie de le faire ». Ça nous a donné envie de continuer. On a travaillé. En étudiant l’aéroport, la configuration. Au début on a tout imaginé autour de cet aéroport.
Pourquoi avoir choisi Dijon. C’est pas forcement une ville assimilée hip-hop pourtant ?
Oui mais je connais la ville, c’est une ville en mutation. Y’a plein de nouveaux entrepreneurs qui sont là, comme Pierre-Henri Deballon, qui a repris le DFCO, l’équipe de foot. Y’a des brasseurs, des gens qui montent des boites de communication, etc… Une génération qui a entre 20 et 40 ans… Y’a un vrai renouveau. C’est une ville qui a longtemps eu une réputation de ville traditionnelle, et le hip-hop, c’est le vrai élan de modernité. Les gens de ma génération doivent comprendre, accepter que le hip-hop on en a pour 30 à 40 ans. La jeune génération, quand elle sera plus âgée ça sera sa musique de référence. Comme nous les Red Hot ou des trucs comme ça, on en mange encore, eh ben le hip-hop, c’est pareil. En plus Dijon c’est bien situé, y’a Paris, la Suisse, Lyon pas loin. D’ailleurs ça va dans ce sens là parce que la billetterie marche bien et que ça vient de partout en France et de Belgique, de Suisse, etc…
Alors pourquoi ce changement de lieu ? Pourquoi on passe de l’aéroport ou tout était prévu à la Combe à la Serpent, ou se tenait auparavant le VYV festival ?
C’est l’exploitant de l’aéroport qui s’est rendu compte très tardivement que ça allait être trop compliqué d’organiser un festival sur le site…8 mois avant le festival…Donc avec Dijon Metropole, qui nous a soutenu, on s’est dit que ce serait plus simple d’aller à la Combe. Ça a engendré d’autres choses. Il faut crée un camping, un parking, mettre en place des bus…
Y’aura des bus depuis la Cité de la Gastronomie c’est ça ?
Oui on va pouvoir monter 15000 personnes en bus ; et créer des parkings parce que la jauge c’est 25000 personnes…
Est-ce que c’est une programmation plus complexe à composer : Faire jouer que des artistes du même style, une prog 100 % hip-hop ?
Y’a beaucoup d’ego (rires), faut conjuguer les egos !
C’est quoi ? Genre « je veux jouer avant lui » ? « Je veux pas jouer à telle heure » ?
Voilà, c’est ça. Deja y’a Booba (rires). Oui, y’a ceux qui veulent pas jouer le même jour que untel, je suis plus connu que lui…Y’a des petits qui démarrent mais comme ils génèrent des likes sur internet, il pensent qu’ils sont super connus, alors que nous on sait qu’il est pas capable de tenir une grande scène pendant une heure…Mais bref, le fait qu’ils se retrouvent tous ensemble au même endroit va jouer, ils vont tous vouloir prouver qu’ils sont les meilleurs, donc je pense qu’on va avoir des concerts avec des shows incroyables. Ces artistes sortent tous l’artillerie lourde sur la production scénique.
Comment vous avez fait pour programmer, pour panacher en fonction des esthetiques ?
Déjà on a essayé de mettre en avant la scène féminine. C’est compliqué. On en a trouvé pas mal mais on aurait aimé en trouver beaucoup plus. Autrement, on ne voulait pas faire un festival de génération. On voulait qu’il y ait les jeunes de 16 ans, mais aussi ceux de 40 ans qui ont connu le hip-hop d’avant. Ceux qui ont écouté Booba, la Fonky Family ou maintenant Hugo TSR.
Vous n’oubliez pas les artistes locaux non plus…
On s’est pas forcé. On s’est rendu compte qu’il y avait une scène rap hyper forte sur Dijon. Qu’on programme déjà sur nos soirées ANTDT à Dijon (au Zénith, ndlr). On essaie de les pousser aussi sur d’autres festivals. Ils sont un des moteurs de Golden Coast.
La prochaine édition elle se fera aussi avec des artistes américains ? Cette année y’a tout le rap français, mais est-ce qu’il y a pour projet d’inviter les autres ?
Y’aura une prochaine édition, on va travailler dessus. Il faut trouver le modèle économique, c’est compliqué, c’est un festival qui coûte cher. Après si on va inviter des Américains…euh…pas forcément. Les Américains, ils coûtent cher et ils vendent pas forcément beaucoup de tickets. Et puis, y’a une vrai mobilisation autour du hip-hop français. Le hip-hop français, c’est aussi les textes. Le public, ils aiment citer les textes, se reconnaître dans les paroles. Avec le côté « French touch » du hip-hop, on tient un truc. Y’a une scène hip-hop en France, et aussi dans toute l’Europe d’ailleurs. Belgique bien sûr, Espagne, Italie, Angleterre…
Propos recueillis par Martial Ratel // Photos : DR Golden Coast