Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été un sacré coup de pub pour Dijon. Surtout pour le Musée Magnin qui a triplé son nombre d’entrées. Un de leurs tableaux a inspiré le décor de Philippe Katerine pour la cérémonie d’ouverture. On se rappel tous de ce buzz. On a discuté avec la chargée de com du musée, Leslie, pour savoir comment ils ont vécu cette histoire.

La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024 a fait briller Paris, mais pas que. Pourtant, les strass et les paillettes n’ont pas plu à tout le monde. Et oui, l’entrée iconique de Philippe Katerine recouvert de bleu et ses Drags Queens a retourné le web. 

Un Dieu, mais pas n’importe lequel

C’est au milieu d’une tablée que l’interprète a chanté son single “Nu”, une exclu de son prochain album. Suffisant pour mettre les conservateurs qui ont crié au blasphème sur tous les toits en PLS. En deux secondes, la désinformation s’est emparée des réseaux sociaux. C’est ce qui arrive quand tu réfléchis pas ou ne fais pas de recherches avant de parler. Ils pensaient que le passage du chanteur était une réinterprétation du tableau religieux “La Cène” de Léonard De Vinci. Une représentation chrétienne qui illustre le dernier repas de Jésus partagé avec les Douze Apôtres. Mais que nenni ! 

Philippe Katerine à la cérémonie des jeux © France 2

La proposition artistique de Philippe Katerine pour la cérémonie était un hommage à l’Antiquité. Rien n’a été laissé au hasard ! Même pas la musique qui fait référence aux premiers athlètes de la Grèce antique. Comment ils s’entraînaient à l’époque ? “Nu, tout simplement tout nu” te répondrait Philippe.

Tu te demandes qu’est-ce que vient faire une table à manger dans toute cette histoire ? Elle est l’élément central de la véritable inspiration du projet : le tableau “Le Festin des Dieux” peint par Jan van Bijlert. Hébergé dans la salle Flamande et Hollandaise du Musée national Magnin de Dijon. L’œuvre montre des Dieux de l’Olympe qui font la fête. Sur le plan de table, Hercule (fils de Zeus) ou encore Minerve (déesse de la sagesse) et d’autres grandes figures de la mythologie. Cependant, notre ovni de la chanson française a décidé d’incarner le grec préféré des bourguignons : Dionysos, le Dieu du vin. Un choix stratégique, car il symbolise la fête.

La vérité est rétablie, mais ça ne suffit pas aux adeptes d’internet.

Mieux référencé que Wikipédia

Toute cette histoire a réveillé la curiosité des gens à l’international, autour de la toile. Alors qu’elle est exposée dans la même pièce depuis presque un siècle ! De quoi provoquer une mini-crise de panique dans les bureaux de l’hébergeur du site du Musée Magnin. “Ils nous ont appelés pour nous dire que leur réseau a bugué à cause de l’affluence de notre page” a dit la chargée de communication, Leslie. La fréquentation du portail web est passée de 100 visiteurs à 145 000 visiteurs par jour. Pour que tu visualises, c’est pratiquement deux Stades de France sold out.

Une hausse tellement extraordinaire que si tu tapes “Le Festin des Dieux” dans Google, la page internet du musée dijonnais apparaît avant Wikipédia. “On nous a expliqué que c’était extrêmement rare en termes de référencement” a souligné Leslie. Si c’est arrivé, c’est parce que 90% des surfeurs du web sont directement allés sur l’article qui parle du tableau. Un phénomène hors du commun, “de base les internautes c’est des personnes qui veulent se renseigner sur des infos générales, les horaires d’ouverture, etc”.

Ce pic ne s’est pas limité qu’au net ! Les plus curieux sont venus jusqu’à la ville de la moutarde. Cet été, le lieu culturel a triplé son nombre d’entrées avec plus de 3000 visites en août. Et ça se maintient plus ou moins, même avec la rentrée des classes ! De quoi faire plaisir aux équipes du lieux qui veulent partager leur petit trésor culturel : “On est super content !”.

Entre l’été et l’entrée du Musée national Magnin qui est devenu gratos, tu peux te demander si “Le Festin des Dieu” est vraiment à l’origine de ce mouvement de foule. Apparemment oui. “Les gens venaient directement au guichet me demander où se trouvait le tableau” a affirmé l’agent d’accueil. Certains touristes sont même “descendus de Paris, entre deux épreuves, pour venir voir la peinture du Néerlandais” a-t-il ajouté. Les dijonnais et les bourguignons se sont aussi déplacés rue des bons enfants. Que ce soit pour découvrir ou redécouvrir les lieux. “La collection ne change pas, c’était une volonté de Monsieur Magnin, donc les gens ne reviennent pas forcément” a déclaré la chargée de com.

Et oui, Maurice Magnin a gentiment légué à l’État sa collection d’art pour en faire un espace d’archivage et de culture ouvert au public. Ce don vient tout de même avec quelques obligations que le staff du musée tient à respecter. “Une des règles est : aucune oeuvre ne doit être ajoutée ou retirée de la collection, même pour un prêt” explique Leslie. Ça n’a pas empêché les locaux de céder à la tentation pour revenir voir le fameux tableau. Pourtant, “il est exposé depuis 1938, au même endroit, dans la même pièce”. Et il devrait y rester, donc si tu l’as pas encore vue, tu sais quoi faire.

Va faire un tour au Musée Magnin, c’est gratos !

Texte & photos : Léa Rabet