“C’est impossible de tout adorer, mais c’est là que ça devient intéressant” affirme Julia Lardy, chargée de communication au Consortium Museum. Le centre d’art contemporain de Dijon continue de proposer des expositions qui font jaser : des représentations de moments charnels, des animaux qui prennent la pose, ou encore des stylos qui flottent. Des éléments qui n’ont tellement rien à voir ensemble qu’on dirait que je te raconte mon rêve wtf de la nuit dernière. La visite guidée commence maintenant !

On se fait un petit point histoire ? À la base, c’est un groupe d’étudiants de la ville qui, en 1977, ont créé leur association parce qu’ils en avaient marre de devoir se déplacer sur la capitale pour voir de l’art contemporain. Ils ont commencé à exposer dans un appart à Dijon, puis dans un local qui est désormais le FRAC Bourgogne. “Avant, c’était un magasin d’électroménager qui s’appelait Consortium. L’asso a trouvé le nom sympa et l’a gardé” confie Julia. (Ça, c’est la petite fun fact cool que tu vas pouvoir ressortir pour faire ton intellectuel aux repas de famille). Les années passent et ils arrivent rue de Longvic à Dijon, là où tu viens faire La Nuit Des Étudiant.e.s. C’est aussi là où tu peux aller voir les créations dont on va te parler.

Ce qui fait la particularité du lieu culturel, c’est qu’il a toujours eu plusieurs directeurs. Chacun propose différents projets, pas besoin que ça fasse l’unanimité dans les équipes. Ça permet d’avoir plusieurs esthétiques, d’être exposé à différentes visions du monde. Ça donne une image plus réaliste de notre société. “Depuis la naissance de l’asso, l’idée est qu’on montre des œuvres venues du monde entier qui peuvent faire réfléchir sur différentes thématiques, pas d’être lisse” souligne-t-elle. Et tu vas le voir, chaque exposant à un thème différent.

1 – A’driane Nieves : “let’s dance our way back home”

A’driane est une ancienne membre de l’armée de l’air des États-Unis. Elle est partie après avoir vécu un évènement traumatique. Après ça, son suivi thérapeutique l’a amené à se lancer dans l’art en autodidacte. “Le but était de prendre soin d’elle par une peinture abstraite performative” déclare Julia. En gros, elle lâche tout ce qui lui pèse sur le cœur en peignant. L’artiste partage désormais cette médecine alternative avec les autres avec son association : Tessera Arts Collective. L’objectif est de permettre aux artistes femmes, queer, trans et non-binaires de montrer qu’iels ont aussi leur place dans le milieu de l’art. “Le point commun entre cette sélection d’œuvres et son asso, c’est la notion du care”. Une présentation qui tape dans le mile en traitant de la santé mentale. C’est un sujet important et d’actualité. À aller voir pour ton petit moment self-care (et oui, on pense à ta santé loulou.te).

2 – Peter Wächtler : “avant / après”

Sculptures en plâtre et en cuir, aquarelles, modelages en papier mâché, films,… Le gars sait tout faire. On le soupçonne même d’être MacGyver. “Souvent, les visiteurs pensent qu’on a regroupé des réalisations de plusieurs artistes” déclare amusée notre guide. En même temps, c’est compréhensible, l’artiste Allemand fait dans le pluridisciplinaire. Mais, tout a un lien. “Son travail est extrêmement sentimental et inspiré de la culture populaire”. Il te partage une part de son âme d’enfant en mettant en scène des animaux. Comme une chauve souris qui tient son chapeau ou une loutre prête à jouer au baseball. Il le fait aussi en marquant des références à West Side Story sur des coffres à jouets qu’il a lui-même construits. Ses films muets aussi ont un lien avec l’enfance. L’un parle d’un vampire, et l’autre d’un dragon. Ah oui ! C’est lui d’ailleurs qui joue le vampire. (Il sait tout faire, on vous a prévenu). À première vue, c’est amusant. Mais on se rend compte que l’insouciance de son enfant intérieur a été un peu abîmé par le monde des adultes.

3 – Carroll Dunham & Laurie Simmons

Tu l’as vu ? Tu sais ce portrait d’un chien super mignon sur fond rouge affiché dans tout Dijon. T’es forcément passé devant lui au moins une fois. Il se trouve au beau milieu de la cinquantaine d’œuvres du couple New-Yorkais. C’est leur chien adoré. Il est là comme pour marquer l’union entre les deux artistes. Ça fait 40 ans que Laurie et Carroll composent chacun de leur côté dans des ateliers côte à côte. Et pourtant : “C’est leur première exposition ensemble, alors qu’ils exposent partout dans le monde depuis des années”. C’est fou. Surtout que des connexions peuvent se faire entre leurs créations. Les deux traitent le corps et essayent d’éloigner au max leurs sujets d’un aspect humain réel. Elle en photographiant notamment des love dolls. Lui en peignant des personnages colorés aux formes géométriques. “Il utilise les corps comme des répertoires de formes” explique la chargée de com.

4 – Marc Camille Chaimowicz : “A gift, with love…”

C’est rare pour un centre d’art. Toutefois, le Consortium possède une collection d’œuvres. Depuis l’existence de l’asso, des artistes leur font des dons. “Ils permettent qu’on organise des expos par thématiques” confie Julia. Ça leur permet de mettre en avant, en même temps, plusieurs artistes qui ont pu occuper les lieux. C’est une des rares fois où l’espace d’exposition de la collection est dédié à un seul artiste : Marc Camille et son art kitch. “C’est super émouvant parce qu’il fait un travail délicat et c’est la dernière expo pensée avec lui”. L’artiste londonien a beaucoup collaboré avec la région pour l’art, notamment en donnant des cours à l’ENSAD Dijon. Malheureusement, il a donné son dernier souffle quelque temps après l’ouverture au public de la zone qui lui est dédiée.

On t’as fait un p’tit récap, mais on t’invite à aller sur place pour vivre l’expérience à fond. Ps : si t’es un peu sceptique face à l’art contemporain, le musée organise des visites commentées gratuites les week-ends.

Texte : Léa Rabet // Photos : Rebecca Fanuele © Consortium Museum