Modes de vie, c’est l’art par les habitants, pour les habitants. Le projet a vu le jour il y a maintenant 20 ans. Et oui ! C’est une édition anniversaire qui va prendre place dans le grand Dijon du 17 janvier au 28 mars. Danse, théâtre, musique… le programme est bien rempli. On a échangé avec la coordinatrice du festival, Karine Ducourant. Direction les coulisses d’un projet d’arts sociaux.
“C’est rare ce type de projet, même à échelle nationale” confie Karine Ducourant. Tout part d’une réflexion entre le grand Dijon et le collectif Tous d’ailleurs. Pour te la faire courte sur le collectif, c’est une affiliation de 35 structures dijonnaises qui travaillent dans les secteurs de la culture, du social et de l’éducation. “On avait la volonté de coordonner un projet avec ces différents acteurs du territoire”. Pourquoi lier la culture au social ? Malheureusement, tout le monde n’a pas accès à la culture gratuitement. Même si notre incroyable magazine est gratuit (clin d’œil). Plus sérieusement, c’est une chance de pouvoir pratiquer un art et d’aller dans des espaces culturels. Et souvent, c’est les habitants des quartiers populaires qui n’ont pas ce privilège. Modes de vie œuvre donc dans 6 quartiers. Sur Dijon : Fontaine d’Ouche et Les Grésilles. Aux alentours : des quartiers de Talant, Longvic, Chenôve et Quetigny.
La préparation pré-match
Le festival commence en janvier. Cependant, les habitants volontaires participent à des ateliers créatifs depuis octobre. Et oui, si tu viens au festival, c’est leurs créations que tu vas contempler ! Des artistes et structures, essentiellement locales, sont là pour les accompagner. Comme Marianne Dineur, plasticienne. Elle crée un livre avec les habitants de Fontaine D’Ouche qui s’appelle “L’Alphabet monde”. Mais comme activité, il y a aussi du théâtre, de la musique, de la danse… “On travaille avec des structures qui ont des couleurs différentes, c’est important de toutes les montrer”.

© Vincent Arbelet
Proposer des ateliers pluridisciplinaires, c’est aussi permettre aux plus grands nombres de participer au projet Modes de vie. Tout le monde doit avoir l’opportunité de choisir l’art qu’il souhaite pratiquer. “C’est un travail de maillage et de médiation”. Autrement dit, tout est pensé pour favoriser la mise en lien des structures culturelles et ceux qui, initialement, n’ont pas de pratique artistique. Mission accomplie pour Modes de vie ! L’année dernière, c’est 380 habitants qui ont participé aux ateliers. Et personne n’est laissé de côté ! La tranche d’âge va de 0 à 80 ans. Et la démarche plaît puisque plus de 4600 personnes ont fait le déplacement pour voir leurs réalisations. D’ailleurs, on peut les voir où ?
Les équipiers
“Notre dada, c’est de faire ensemble et mettre en avant ces collaborations dans des espaces professionnels”. Musée de la Vie bourguignonne, La Vapeur, Médiathèque la parenthèse… Modes de vie ne fait pas les choses à moitié. Exposer les travaux des habitants des quartiers populaires dans ces lieux culturels connus de Dijon agglo, c’est leur offrir un max de visibilité. C’est aussi les rendre visibles aux yeux de toute la population de Dijon métropole. Tu n’es jamais allé au festival ? Tu as quand même pu observer quelques-unes de leurs œuvres. Depuis plusieurs années, des résultats de cette belle démarche sont placés, le temps du festival, dans le tram et Place des Cordeliers à Dijon. Sympa nan ?

© Margot Dupuis
Le coup d’envoi
Toutefois, on t’invite à aller faire un tour à l’évènement cette année. Du 17 janvier au 28 mars 2025, rencontres, spectacles et expositions vont prendre place dans le Grand Dijon. Comme, la représentation théâtrale “Dans le creux de l’oreille” mis en scène par Géraldine Pochon. Le 1er février, des dijonnais vont performer au Théatre de Dijon. Ils ont imaginé un spectacle autour de leurs histoires personnelles. “On passe par toutes les émotions, des rires, des larmes. C’est un beau projet.”, déclare la coordinatrice de l’évènement.
Toujours dans l’idée de rendre l’art accessible à tous, certaines démonstrations sont repensées. Le 20 février, Club yaourt, duo de rap dijonnais, donne un concert à La Vapeur. Mais ça ne sera pas un concert comme les autres. Volume sonore, lumière, nombre de spectateurs, tout est repensé. Pourquoi ? Pour permettre à des personnes handicapées de vivre un concert sans éléments perturbateurs. “On a travaillé avec des travailleurs sociaux pour s’adapter au mieux au public” informe Karine Ducourant.
Et si tu n’es pas branché comédie ou concert, no panique ! D’autres expériences t’attendent. En plus, la majorité d’entre elles sont gratuites, avec ou sans réservation. Pour plus de renseignements, c’est ici que ça se passe !
Texte : Léa Rabet // Photo : Edouard Barra