Du 6 février au 19 avril prochain, Éléa Fouchard alias Jaunisse présente sa première exposition solo, Strip Hole, à l’ABC à Dijon. Bandes dessinées bien sûr, mais aussi sérigraphies, peintures, gravures et même sculptures à découvrir. Tour d’horizon.

Après un an et demi de travail, Éléa Fouchard s’installe à l’Association Bourguignonne Culturelle jusqu’au 19 avril avec Strip Hole pour sa première exposition solo à Dijon. Traduit « Case de BD Trou » en français (tout de suite moins sexy en effet), Strip Hole pose des mots sur les maux du quotidien par l’intermédiaire de personnages aux ventres troués, récurrents dans le travail de l’artiste dijonnaise. « L’image est née à la suite d’un décès dans ma famille. Raconte Éléa Fouchard qui ne fait cependant pas de l’art thérapie, elle poursuit : En la dessinant encore et encore, je me suis rendue compte qu’elle pouvait s’étendre à plein de gens, qu’on était tous un peu troués de l’intérieur. » Stress, peine de cœur, l’actualité… À chacun son interprétation.

Photo d’archive exposition « jaunisse à l’atheneum », Atheneum de Dijon, 2024

Échappés de la feuille

Cette idée prend vie de différentes manières selon les techniques et les supports utilisés : dessin, peinture, sérigraphie, gravure, mur journal… Et pour la première fois, les personnages de Jaunisse sortent de la feuille pour investir physiquement l’espace. Deux sculptures en plâtre aux noms aussi simples que représentatifs : petite jaunisse et grande jaunisse, sont disposées de manière à ce que les trous laissent entrevoir les autres œuvres (ndlr : … ou une horde de visiteurs en cas de forte affluence).

« C’est dur d’accepter que des gens ont de l’intérêt pour ce que tu fais, encore plus en tant que femme.»

Accueillant le visiteur dans l’entrée de la scène pluridisciplinaire, ces sculptures interrogent le concept de l’Inner Child. « J’aime beaucoup imaginer des dialogues encore possibles entre mon enfant intérieur et moi-même. Chacun de nous est construit par l’enfant qu’il a été. », estime Jaunisse.

Petite Jaunisse

Un stylo 4 couleurs, une feuille A4

Derrière les sculptures, une frise de 50 planches de corps torturés dans tous les sens longe les murs de la pièce située passage Darcy. Ces Corps Faïence sont le verso d’une version gravée de l’œuvre. Et s’ils n’y paraissent pas au premier coup d’œil, ils sont réalisés exclusivement au stylo 4 couleurs. En toute simplicité, Jaunisse utilise des outils de la vie courante dans son travail. Une feuille blanche et un marqueur Posca lui suffisent à mettre en dessin sa vie, l’actualité ou des sujets tels que le féminisme.

Vernissage le 6 février dernier

La couleur n’est jamais présente par hasard dans ses réalisations. Le placement des différents mediums dans son Mur Journal #3 est le fruit d’une réflexion d’assemblage et de rythme afin de faire vibrer les éléments entre eux.

Jaunisse en plein montage

« C’est comme un plan de table dans les mariages. Tu ne peux pas mettre n’importe qui côte à côte sinon il y a des embrouilles », lance la jeune artiste qui avoue avoir du mal à accepter la reconnaissance : « c’est dur d’accepter que des gens ont de l’intérêt pour ce que tu fais, encore plus en tant que femme. C’est bizarre à dire, mais c’est vrai. » De l’intérêt et des gens, il y en a eu lors de la soirée de vernissage qui fit salle comble. Une visite commentée par l’artiste aura lieu le 13 mars, ainsi que deux ateliers pour les enfants le 27 février : un de dessin (à partir de 6 ans) et un de BD (à partir de 10 ans). En attendant, l’exposition est à visiter en accès libre jusqu’au 19 avril avant que les trous ne soient rebouchés à l’ABC !

Texte : Killian Cestari // Photos : Killian Cestari & Éléa Fouchard