Cinq, six, sept, huit ! Le Dancing arrive aux derniers temps de préparation de son festival Art Danse. Pour cette 37ème édition, le centre de danse national a prévu spectacles, drag show et ateliers ouvert à tous. La place du drag et de la musique en danse, transmissions, accessibilité économique… On a parlé des grandes missions de l’année avec Mathilde Jarrossay, chargée de communication. Du 15 mars au 5 avril, Dijon va danser !
Le Dancing, c’est un des douze centres national de danse contemporaine. Douze sur tout le territoire, ça fait lège. Mais ça montre l’importance de cette structure. Une façade orange et jaune fluo au milieu des immeubles des Grésilles, quartier de Dijon. C’est là que se passe toute la magie. Par là, j’entends les réunions top secrètes autour de l’organisation de leur festival Art Danse. C’est la 37ème édition, mais l’équipe ne manque pas d’inspiration. Les thématiques de cette année : l’héritage et la transmission. “On se demande qu’est-ce qui était là avant la danse ? Est-ce que notre manière de danser vient d’un héritage inconscient ? Comment on communique avec notre corps ?”. Le Dancing se donne un peu moins d’un mois pour te donner des réponses.
Dancing Queer
Make up, couture, chant… Les talents des drags queens sont multiples et la danse en fait parti. Généralement, elles performent sur les scènes de cabarets ou encore de Ballrooms (NDLR lieux de performances et de compétitions de danse pour la communauté LGBTQIA+). Ces artistes sont peu programmées sur des évènements grand public. Encore moins, dans le cadre de représentation de danse académique. Mais, Le Dancing a décidé de laisser une place à l’art du drag dans sa programmation.
“Le drag et la danse, c’est très lié finalement. Parce que t’as un côté performatif dans le drag qui est complétement lié à l’art du corps, au spectacle vivant.”
Pour compléter Mathilde, ces deux arts s’inspirent mutuellement. La danse contemporaine a notamment été inspiré par le Voguing (NDLR danse et mouvement culturel provenant de la communauté LGBTQIA+). L’année dernière, une partie de l’histoire des drags ivoiriennes a pris place sur scène à l’occasion d’Art Danse. “Nadia Beugré, chorégraphe ivoirienne, était retourné en Côte d’Ivoire pour interroger ces personnes qui sont coiffeuses le jour et drag la nuit.” Offrant au public, un spectacle sur l’identité.

Photo : Le Dancing – DR ©
Cependant, on était pas sur un véritable drag show contrairement à ce qui est présenté cette année au Théâtre de Dijon Bourgogne avec Dynasties de Matthieu Barbin aka Sara Forever, finaliste de la deuxième saison de Drag Race France. Sur quoi porte la représentation ? Matthieu vient d’un milieu modeste, sa mère était couturière, mais elle avait des icônes qu’elle admirait. “À travers cette pièce, il se demande qu’est-ce que ces icônes ont fait résonner en lui ? Qu’est-ce qu’il en a gardé ? Est-ce que son drag et Sara viennent de là ?”. Un tas de questionnement lié à l’héritage et la transmission.
Musique maestro
Danse contemporaine, drag show… Qui dit danse, dit musique. C’est quasi inévitable. Les deux permettent de communiquer et se complètent. La musique influence aussi notre manière de danser. Si t’écoute du rap, y’a très peu de chance que tu fasses tes meilleurs move de danse classique. Tu captes l’idée ? Pour ces raisons, le son est mis à l’honneur cette saison. C’est pas moins de quatre représentations qui vont lier la performance musicale et la danse. Pour exemple, d’après une histoire vraie, de Christian Rizzo. “Il y aura huit danseurs qui vont performer à côté de deux batteurs sur scène”. Montrer les musiciens au public, c’est reconnaitre leur importance dans les créations chorégraphiques.

Photo : Le Dancing – Hugo Wernert ©
Plus expérimentale, We Are Dancing In A Room de Céline Larrère, où les deux danseurs vont performer avec treize guitares. Oui oui, treize guitares pour quatre mains ! Malheureusement, on va pas voir une opération de clonage en direct. “Ils jouent très peu de la guitare enfaite, elles sont vraiment des partenaires de danse pour eux”, explique Mathilde. Chacune sera équipée d’un micro de contact. Un simple touché avec l’instrument va créer un son que John Hegre, compositeur et créateur sonore du live, va enregistrer et mixer en direct. Funfact : si tu veux aussi expérimenter l’influence du son sur la dance, en toute conscience, des ateliers ouverts au public sont mis en place.
Laissez-nous danser
Et oui ! La transmission, ça passe par rendre accessible la pratique de la danse. D’où la mise en place d’ateliers avec quelques professionnels de la programmation. Ça concerne les danseurs Yaïr Barelli, Antoine Arbeit, et les danseuses Christine Bertocchi, Robyn Orlin. Mais ce ne sont pas de simples workshop. “À la fin, il y a un temps d’échange avec le ou la chorégraphe pour discuter de son expérience et du ressenti des personnes présentent à l’atelier”. Le tout autour d’un p’tit goûté. Et alerte bon plan ! Avec une place de spectacle, tu peux accéder gratuitement à l’atelier qui y est associé. Mais si besoin, tu peux aussi avoir des billets tarifs réduits, voire gratuits pour les représentations. Les étudiants, les habitants de quartier… La vie est économiquement compliquée pour de plus en plus de monde. Le Dancing et son équipe en ont bien conscience.
“C’est pas juste que les gens n’aient pas accès à la culture par manque de moyen”.
Mathilde le déplore. Elle en profite pour dire que leurs bureaux sont pas placés aux Grésilles pour rien. “On veut avoir un lien avec ces gens, essayer de les emmener voir de la danse, et ça passe aussi par un geste économique”. Un geste qui n’attend aucune contrepartie, si ce n’est l’espoir que tu passes un bon moment.
Rejoins le mouvement en prenant une place sur leur site ou à leurs locaux : Le Dancing !
Texte : Léa Rabet // Photo : Frederic Iovino