Formé en 2016, le trio de rock psyché métal Slift a très vite conquis un public qui s’étend bien au-delà des limites de l’hexagone. Entre des dates à Oslo, Londres ou Atlanta, le groupe originaire de Toulouse est passé par la Vapeur à Dijon le 24 janvier dernier. On a parlé dernier album, inspirations et diptyque avec Jean Fossat, guitariste et chanteur du groupe.

En partenariat avec Radio Dijon Campus


Vous êtes en tournée depuis 1 an. Comment vous sentez-vous ?

On a sorti un disque juste avant la tournée, donc on avait hâte de le jouer sur scène. C’était une année hyper chargée et en même temps, c’était trop bien. On a aussi commencé à composer le suivant. Mais ça va quand même faire du bien de prendre quelques mois sans concerts. Ça permet de prendre un peu de recul et de revenir avec des nouvelles idées. Sinon on se sent bien et on est très content de l’année qu’on a passée sur la route.

© Philippe Malet

Vous êtes assez connu à l’international, plus qu’en France selon toi ?

Si je me fie au remplissage des salles, c’est similaire. Mais, la France comporte une grosse partie de notre public avec les États-Unis. On peut aussi mettre l’Angleterre et la Belgique, mais ça reste en France qu’on fait nos plus grosses salles. On avait fait La Cigale à Paris, ou Le Bikini à Toulouse, c’est des jauges de 1500 personnes. On ne fait pas encore ça aux États-Unis. On fait plutôt des 800-900 personnes max. Donc la France, c’est quand même chez nous, c’est la maison effectivement.

On a regardé pas mal de dessins animés de science-fiction, Gandahar ou effectivement La Planète Sauvage. Il y avait une esthétique liée au rock de cette époque, ça nous fait triper.

Avec votre dernier album ILION, vous narrez l’histoire de la chute de l’humanité. Comment on raconte une histoire en musique ?

J’aime bien que les gens se fassent leur propre feeling. Je trouve qu’être trop précis dans la narration enlève une certaine part d’imagination que peut avoir l’auditeur. En tant qu’auditeur, j’aime beaucoup avoir cette liberté. Et même au niveau des textes, ça m’est arrivé de me dire “ah merde, je ne pensais pas que ce morceau ça parlait de ça. Dans ma tête ça parle d’autre chose et je préfère la version que je m’en suis faite”. J’aime bien avoir une idée du concept global du disque et des thèmes abordés en même temps qu’on compose la musique. Parce qu’effectivement ça va être lié, et les morceaux s’affinent ensuite au fur et à mesure.  

Comment avez-vous construit le set de la tournée en intégrant cette histoire ?

Alors bonne question ! On joue les morceaux globalement dans l’ordre du disque. Sauf certains qu’on joue pas du tout. Et entre tout ça, on a intercalé des morceaux de l’album précédent et des nouveaux morceaux aussi. Mais effectivement, il faut faire des compromis, c’est le jeu de faire des setlists. On essaie tout de même de créer un set cohérent avec tout ça.

©PhilippeMalet

D’ailleurs en parlant de l’histoire, vos albums fonctionnent souvent en diptyque. C’est un choix ?

Ça s’est fait un peu par hasard. On a bossé avec un gars à Toulouse sur les deux premiers albums. Ensuite, on a bossé avec quelqu’un d’autre sur les deux suivants. On ne l’avait pas calculé comme ça, mais on se rend compte qu’on fait souvent des cycles de deux. On commence à développer des idées sur un disque, on les pousse sur un deuxième, puis on passe à autre chose. Peut-être que ça sera pareil pour les deux suivants, on va voir ! Sur UMMON et ILION, il y a un peu de l’évolution et  de la complémentarité en même temps. Il y a des idées qu’on avait à la fin d’UMMON qu’on commençait à peine à développer et qu’on n’a pas pu mettre, donc on a voulu les développer sur ILION. Et en même temps, on avait cette envie de ne pas se répéter. Donc forcément, on fait quelque chose qui n’est pas spécialement dans la confrontation, mais un peu différent.

Votre esthétique est très rétrofuturiste, façon science-fiction des années 70. C’est quoi vos plus grosses influences en commun ?

On écoute beaucoup de choses différentes, et pas uniquement du rock. Même si aujourd’hui on développe des choses modernes, je pense que l’artiste qui nous a tous mis d’accord à nos débuts, c’était Jimi Hendrix. Notamment avec Canek Flores, C’est un grand fan d’Hendrix.

Je trouve qu’être trop précis dans la narration enlève une certaine part d’imagination que peut avoir l’auditeur. En tant qu’auditeur, j’aime beaucoup avoir cette liberté.

La pochette d’ILION fait penser au film La Planète Sauvage, qui rappelle également le titre La Planète Inexplorée de votre deuxième album. Où puisez-vous vos influences ?

On aime beaucoup la littérature. On a regardé pas mal de dessins animés de science-fiction, Gandahar ou effectivement La Planète Sauvage. Il y avait une esthétique liée au rock de cette époque, ça nous fait tripper. On ne restera pas tout le temps là-dedans, en tout cas au niveau de l’esthétique science-fiction. Parce qu’il ne faut pas se répéter, et explorer de nouveaux terrains. Mais jusqu’à maintenant, le groupe en a été très marqué.

©PhilippeMalet

Vous avez été signé sur un gros label, vous faites des tournées un peu partout… De quoi on rêve quand on en est là ?

On rêve de continuer à faire ça, et de continuer à kiffer comme on le fait. Pour le moment, on n’a jamais eu de problème de page blanche, de se dire “qu’est-ce qu’on va faire sur le suivant ?”. Donc on touche du bois, car pour l’instant on a des idées. J’espère juste que ça va continuer, tout simplement. On a commencé à répéter pas mal pour le prochain disque, mais on va vraiment s’y mettre après la tournée. J’ai vraiment hâte !

Texte : François Mouraux // Photos : Philippe Malet