Après avoir conquis plus de 2 millions de personnes sur TikTok avec ses vidéos dans lesquelles il devine la vie des inconnus à partir de presque rien, Charlie Haid sort de l’écran avec son nouveau spectacle Intensément mentaliste. On a parlé inspirations, Loups-Garous et hacks du cerveau avec celui qui mentalisera Dijon le 26 mars à l’amphithéâtre Romanée Conti.
Qu’est-ce qu’un mentaliste, c’est différent d’un hypnothérapeute ou d’un medium ?
Il n’y a pas de définition précise, chaque mentaliste fait un peu à sa façon. Le mentalisme, c’est un nom qui regroupe toutes mes passions, et dans lequel je mets de la psychologie, de l’illusionnisme, des mathématiques, de la mnémotechnie, des sciences sociales et des neurosciences… La différence avec un hypnothérapeute, c’est qu’un mentaliste va pouvoir se servir de l’hypnose, mais c’est une corde à son arc.
D’où t’est venue l’envie de devenir mentaliste ?
La première fois que j’ai vu du mentalisme, c’était quand j’étais petit avec mon cousin sur YouTube. On était chez mes grands-parents, et on a passé une nuit blanche à regarder des tutos de magie mentale. C’étaient des tours de magie mais sans rien. Donc c’était du mentalisme, mais je ne savais pas encore que ça existait. Le lendemain, j’ai tout testé et j’ai tout raté (rire). Mais j’ai trop kiffé, et à partir de ce moment-là, je n’ai jamais arrêté de me renseigner dessus. Étant donné que j’étais très timide, c’est quelque chose qui m’a aussi vraiment aidé à sociabiliser. Parce que je me suis dit qu’en comprenant ce qu’il y avait dans la tête des gens, ce serait beaucoup plus simple d’aller leur parler ensuite.
« J’aimerais que les gens sortent du spectacle en ayant ri et en ayant eu des réflexions, des petits déclics. Finalement, le mentalisme est un prétexte pour faire ce qui me plaît. »
Comment on devient mentaliste, il y a des écoles ou des formations qui existent ?
Il n’y a pas vraiment de formation, c’est vraiment de l’autodidacte. Il faut se renseigner tout seul en allant sur internet, en lisant des livres très cachés aussi. Il y a des livres écrits par des mentalistes qui sont durs à trouver, mais qui existent. Et après, il faut s’entraîner, il faut tester des trucs. Et évidemment tu comprends comment ça marche, et tu peux tester de nouvelles choses.
Tu te lances ensuite sur les réseaux sociaux, le mentaliste Fabien Olicard a été une influence ?
Carrément ! J’étais très fan de lui quand j’étais petit parce que j’adorais son approche du mentalisme. C’est l’un des premiers à avoir eu cette vision plus rationnelle, un peu plus comme dans la série Mentalist, avec le côté « je suis humain, mais je fais des choses trop cool ». Ça m’a vraiment passionné, j’ai fait plein de vidéos. Puis un jour, il y a trois ans et demi maintenant, il m’a contacté et il m’a dit « j’aime bien ce que tu fais, si t’es chaud on se voit. » On a bien matché, puis il m’a aussi aidé dans mon parcours. Il co-écrit et co-produit maintenant mon spectacle, je trouve que l’histoire est trop jolie.
Dans tes vidéos, tu abordes aussi des sujets comme le stress, la fatigue ou la confiance en soi. On peut vraiment manipuler son cerveau pour réussir à vaincre ces maux du quotidien ?
Il y a plein de techniques, plein de hacks comme j’aime bien dire pour vraiment utiliser son cerveau de la meilleure des façons et s’en servir pour aller mieux. Je t’en donne un petit que j’aime beaucoup. Lorsque tu ressens une douleur, par exemple quand tu tapes le pied contre un meuble ou que tu marches sur un Lego, si tu te concentres fortement sur ce que tu vois ou sur une source lumineuse, tu peux littéralement diminuer ta douleur grâce à tes yeux. Parce que les neurones qui sont responsables de la vue sont les mêmes que ceux responsables du toucher, ce sont les neurones visuo-tactiles. Si tu as très mal quelque part, ces neurones-là vont être saturés et tu vas commencer à perdre la vision. Mais inversement, si tu te concentres fortement sur ce que tu vois, tu ne vas plus vraiment ressentir ce que tu pourrais toucher. C’est l’un des petits hacks que je pourrais utiliser dans la vie de tous les jours.
Est-ce que tu arrives à « sortir du boulot », c’est-à-dire de ne pas analyser les intentions et le comportement des gens au quotidien ?
J’arrive facilement à en sortir. Dans le milieu pro, c’est très utile de pouvoir analyser et comprendre les gens. Mais dans le milieu perso, je préfère largement essayer d’être moi-même et pas forcément réfléchir à ce que l’autre est en train de penser. De toutes les techniques que j’ai constatées, je trouve que la communication reste la meilleure. Mon but dans la vie de tous les jours, ce n’est pas d’analyser les gens, ça passe plus par dire ce que je ressens, oser être vulnérable, oser être moi-même, en fait.
« Je me suis dit qu’en comprenant ce qu’il y avait dans la tête des gens, ce serait beaucoup plus simple d’aller leur parler ensuite. »
Tu as récemment participé à l’émission TV Loups-Garous sur Canal+, une partie de loups-garous grandeur nature, avec quels avantages on part dans cette aventure quand on est mentaliste ?
Je pense qu’on part avec une lame à double tranchant. J’ai déjà fait beaucoup de parties de loups-garous, donc je sais que je vais pouvoir voir quand les gens mentent, je vais pouvoir voir quand les gens essaient de manipuler… Je connais plein de biais cognitifs, donc je vais aussi pouvoir les utiliser. Ça, c’est un gros avantage. Mais en même temps, il ne faut pas que je montre aux autres que je sais faire tout ça, parce qu’ils peuvent vite se dire « il faut le sortir, il est dangereux ». Mais vu que je suis tombé loup-garou, c’est dans l’épisode 1 je ne spoil pas, ça ne m’a pas trop servi. Parce que je suis un très mauvais mytho, donc j’étais un peu en galère (rire).
Tu as été accusé par les villageois de ne pas mener l’enquête. Cette étiquette de mentaliste ne t’a pas portée défaut ?
Dans une partie classique ça me porte tout le temps défaut. Mais dans une partie comme ça, quand tu es entouré d’un ancien espion de la DGSE, d’une joueuse de poker professionnelle, d’une chercheuse algorithmique… Oui et non parce que tout le monde a des profils dangereux, c’est un peu comme si les forces s’annulaient. Mon erreur en tant que loup-garou est de ne pas avoir fait semblant d’enquêter. J’aurais dû être à fond dans l’enquête et je ne l’ai pas fait, ce qui a pu éveiller les soupçons.
Tu reviens avec ton deuxième spectacle Intensément Mentaliste, il y a un côté stand-up ou ce sera davantage des tours de mentalisme avec le public ?
Il y a un gros côté stand-up, mon but c’est de bluffer les gens, mais c’est aussi de les faire rire, de les toucher et de les faire réfléchir. Je sais qu’au début, le public est en mode « Quand est-ce qu’il y a du mentalisme ? Ça démarre quand ? » Et quand ça commence, ils comprennent. J’aimerais que les spectateurs sortent en ayant ri et en ayant eu des réflexions, des petits déclics. Finalement, le mentalisme est un prétexte pour faire ce qui me plaît.
Au contraire d’un stand-up classique, j’imagine que chaque date est unique.
Je le dis dans le spectacle, il y a souvent une propriété émergente qui ressort de la soirée. Par exemple, un truc qui me fait marrer, c’est l’eau. Une molécule d’eau toute seule ne mouille pas. Il faut en mettre six toutes ensemble pour que ça mouille. Je trouve ça fou comme info, et c’est un peu pareil avec les spectacles. Il y a des gens qui pensent à des choses, il y a des interactions, des tests… Il se passe des trucs et à la fin du spectacle, il y a une propriété émergente qui est toujours différente en fonction des soirs. On verra ce que ça sera à Dijon !
Deux places pour le spectacle de Charlie Haid sont à gagner sur notre compte Instagram. Dépêchez-vous de dégainer votre meilleur commentaire ou réservez vos places sur www.scenizz.com et points de vente habituels. Plus d’informations au 06.95.85.52.05.
Texte et propos recueillis : Killian Cestari // Photo de couverture : Stephane Kerrad