Jimi Hendrix, Andy Warhol, Patti Smith… Leur point commun ? Le Chelsea Hotel à New York. Le bâtiment est devenu le qg des grands artistes. Mais initialement, c’était une résidence coopérative. Et tout part d’un concept d’un philosophe Bisontin ! Une partie de l’histoire du bâtiment est actuellement exposée à La Maison de l’Architecture à Besançon jusqu’au 25 avril. On a rencontré Florine Moser, chargé de com des lieux, pour parler de cet espace mythique.

Pour connaitre l’origine de ce bâtiment, il faut remonter dans le temps à Besançon. Oui oui, on parle bien de la ville en BFC ! “Il se dit que Philip Hubert, l’architecte du lieu, s’est inspiré du philosophe bisontin Charles Fourier”. Au début des années 1800, Charles Fourier imaginait un bâtiment où tout le monde, peu importe sa classe sociale, pourrait aussi bien vivre que travailler individuellement ou collectivement. (C’est le principe de “Phalanstère” en philo, si tu veux flex à l’apéro). Coup du hasard, Philip Hubert était un adepte de philosophie et aimait les travaux de Fourier. À tel point qu’il s’est inspiré de son concept de Phalanstère pour concevoir le Chelsea Hotel dans les années 1880.

Le principe du Chelsea : une résidence coopérative où toutes les classes sociales cohabitent ensemble et se partagent les coûts et l’entretien de l’immeuble. “En 1960, il y a eu un directeur, Stanley Bard, mais au final la responsabilité des lieux restait collective”.  Pas de différence, tout le monde est mis sur le même pied d’égalité. Au-delà des logements, il y avait des espaces de vies communs comme un rooftop, une bibliothèque, des galeries d’art… C’était un peu le bâtiment de la chance pour les New-Yorkais. “À l’époque, c’était compliqué d’évoluer socialement” affirme Florine. Donc un lieu qui permet d’être logé, d’accéder à du savoir et d’échanger avec des personnes d’autres milieux (toujours penser au networking), c’était une aubaine. Même si le projet initiale à légèrement dérapé.

“À la base, c’était pour tout le monde, mais c’est vrai que les artistes se le sont beaucoup approprié”.

Les courants artistiques s’y sont succédés, parfois même mélangés. De l’impressionnisme au pop art, en passant par le réalisme urbain. C’est ce qui a permis au Chelsea Hotel de devenir mythique. Son âge d’or ? Quand Stanley Bard est devenue directeur des lieux en 1960. Et c’est cette période que met exclusivement l’exposition à La Maison de l’Architecture de Besançon en avant.

Des archives du photographe suisse Yves Dubraine sont exposées pour montrer cette ambiance hors du commun. On retrouve aussi bien des photos argentiques que des écrits d’anecdotes sur son passage au célèbre immeuble en 1965. “À cette époque, certains artistes donnaient des tableaux au directeur pour louer les appartements” nous apprend Florine. On peut voir certains d’entre eux sur les portraits de Stanley Bard. L’entièreté de la série est prise en noir et blanc et certains clichés avec un fish-eye. Ce qui est un outil moins conventionnel pour un journaliste reporter. “Il travaillait pour le magazine New-Yorkais Life à l’époque, donc on sait pas si certaines photos devaient sortir pour le mag ou si c’était juste pour son plaisir personnel”. Et oui, car fun fact, les photographies n’ont jamais été dévoilées au grand public du vivant du photographe. C’est son fils qui a décidé de montrer cet héritage au monde.

Au total, c’est une vingtaine d’images qui racontent une toute petite partie de l’histoire du Chelsea Hotel. “L’exposition est montée de manière à ce qu’on monte dans les étages petit à petit jusqu’à ce qu’on arrive sur le rooftop”. De quoi te plonger pleinement dans l’iconique bâtiment qui a vu passer des icônes de l’art. Vidéastes, peintres, sculpteurs, politiques, chanteuses, actrices… “C’est tellement devenu un lieu mythique qu’ils en ont fait quelque chose de lucratif” souligne Florine. Malheureusement, la résidence coopérative est devenue un hôtel de luxe. Un énorme paradoxe par rapport aux idées de Charles Fourier et Philip Hubert. Pour comprendre ce changement, rendez-vous ce soir à 20h au cinéma Victor Hugo à Besançon pour la diffusion du film Dreaming Walls de Maya Duverdier et Amélie Van Elmbt.

Et pour venir voir l’exposition, c’est whenever you want ! (Quand tu veux, pour les non-bilingues). C’est gratos et sans réservation, mais attention, tu as jusqu’au 25 avril pour découvrir tout ça.

Texte : Léa Rabet / Photos : Yves Dubraine