Comme (presque) chaque année depuis 2011, le festival Bien Urbain rhabille Besançon d’arts de rue en tout genre, du 7 au 15 juin. Pour la 12e édition, 17 artistes et collectifs venus de Suède, d’Angleterre et de toute la France animeront les rues avec des performances visuelles et auditives réalisées en direct sous les yeux du public.
En flânant dans les rues bisontines, au détour d’un coin vert ou d’une statue, on s’amuse à croiser diverses fresques et autres installations artistiques en ce (simili) début d’été. Surpris ? Plus forcément… Car depuis 2011, le festival fait de l’espace urbain son terrain de jeu créatif. Peintures, créations sonores, multimédias, sculptures… Bien Urbain, c’est au total 422 œuvres réalisées pendant le festival par 162 artistes et collectifs.
« L’espace public peut faire passer des messages à travers des actions pas forcément invasives, violentes… Mais juste par des choses qui peuvent être très poétiques, et en même temps très fortes symboliquement »
L’art de rue fait désormais partie du mobilier à Besançon. Certaines œuvres sont éphémères, d’autres restent. Pas de contraintes sont imposées aux artistes, mais toute l’essence du festival réside dans le contexte dans lequel elles sont conçues : le territoire et l’environnement. « Ce qui nous intéresse, c’est ce que l’espace public crée avec la rencontre artistique. Ces choses prennent vie seulement le temps d’un événement », affirme Barbara Petitjean, chargée de production et de communication de l’asso Juste Ici en charge du festival.

Territo-art
Non, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’art urbain ne s’arrête pas seulement aux fresques murales. Nichoirs en grès, créations vidéo, objets du quotidien, ASMR électronique, déambulation interactive… La rue offre une infinité de possibilités de créations originales et novatrices fourmillant dans le Grand Besançon. Le festival n’hésite pas à sortir des frontières bisontines pour exporter l’art urbain à Dijon ou à Montbéliard. « On aime bien cette idée-là d’explorer le territoire différemment, de rencontrer d’autres publics, et d’aller aussi dans les zones non-urbaines », juge Barbara. On y retrouvera notamment une expérience sonore menée par la compagnie Magnétophonie, ou encore l’exposition Bric-à-Brac du collectif suédois Toxoplasma au centre d’art contemporain le 19 jusqu’à la fin de l’été à Montbéliard.

Une partie de l’exposition sera présentée lors de la soirée d’ouverture au Biergarten du Bastion, puis dans toute la ville. Car oui, Bien Urbain maintient un fort attachement aux structures locales et unit ses forces avec l’association dédiée aux musiques actuelles le 7 juin pour une grande fête où art et musique s’entremêlent. Un multivers auquel nous sommes conviés pour animer la soirée, passe nous voir ! Autour des œuvres en accès libre, diverses visites guidées à vélo ou à pied sont organisées pour explorer Besançon autrement. En bref, Bien urbain, c’est (re)découvrir la ville et son patrimoine en rendant l’art gratuit et accessible à tous. Ici, nul besoin de pousser les portes d’un musée : les trottoirs deviennent des galeries, et les murs se muent en toiles.
Art et revendications politiques
Le spectateur (et ses interactions), déjà au cœur du travail des artistes, devient lui aussi acteur le temps d’un atelier le 14 juin. Autour de la thématique des actions militantes et artistiques, chacun pourra concevoir une affiche avec son slogan. Dans la foulée, il te sera même possible de participer à un défilé politique, en écho aux manifestations créatives et historiques. « L’espace public peut faire passer des messages à travers des actions pas forcément invasives, violentes… Mais juste par des choses qui peuvent être très poétiques, et en même temps très fortes symboliquement », estime la chargée de communication de Juste Ici.

Si l’art urbain a des vertus créatives, il n’en est pas moins des revendications portées par le courant mouvant et longtemps lié à l’illégalité. C’est notamment le sujet du livre Exposer l’art urbain présenté et mis en vente la veille au café-librairie l’Interstice, inspiré d’un colloque organisé pour la 10e édition de Bien Urbain en 2021. Que ce soit pour créer, se divertir ou se cultiver, Bien Urbain est en bas de chez toi jusqu’au 15 juin.
Texte : Killian CESTARI // Photo de couverture : Quentin COUSSIRAT