Nan, c’est pas Thriller, les Cramps, encore moins les Cranberries ou Screamin’ Jay Hawkins, mais c’est bien une histoire de zombies dans ce très bon bouquin Post Mortem de Pierre Maurel.

Je sais pas si vous vous souvenez, je vous avais parlé de Blackbird y’a quelques mois. Une bédé avec du skate dedans, en noir et blanc dans un monde, le nôtre, qui interdisait l’auto édition.

Y’a un élément sur lequel j’avais pas assez insisté : c’est la disparition. La vie en marge de la société. Alors pas la ch’tite disparition… vraiment les gens qui décident de quitter la société et ses contraintes pour vivre dans des squatts, des colloc’ militantes ou dans les bois.

Et, j’insiste, c’est vraiment pas rien chez Pierre Maurel puisque depuis ma lecture de Blackbird, j’ai eu entre les mains un autre livre  : 3 déclinaisons. Trois histoires, là encore de gens en rupture, fatigués, usés par le boulot qui, plutôt que de se taper un burn-out, quittent l’univers du boulot, de la marchandise et ses rapports sociaux.

Là, dans Post Mortem, bah vous serez pas étonnés de trouver la même idée. Mais c’est ça l’talent, la même idée déclinée d’une nouvelle façon. Alors j’vous fait l’histoire, citation du dossier de presse, ça va plus vite : « Comme beaucoup de Français, Jérémy voit d’un mauvais œil les post mortem, ces gens que le gouvernement a ressuscités pour bénéficier de main d’œuvre gratuite. Le jour où il est renversé par une voiture, il devient lui-même un post mortem et découvre l’enfer de leur vie quotidienne. Pourchassé, il doit fuir et trouver le moyen de ‘survivre’ encore… »

Traque, chômage, exploitation…

Encore une fois, une fiction politique dans laquelle l’effacement, la fuite, va jouer un rôle essentiel. Traque, chômage, exploitation et information par les médias de masse sont les ressorts de cet excellent livre. Finalement, comme les deux précédents… mais ce n’est pas de la répétition ! Il travaille son idée, pétrie sa thématique.

Le style semi réaliste – l’histoire se passe dans notre bonne vieille France – est complètement influencé par le style américain des comics indépendants underground. Et pâte sur le gruyère, cette bédé démarre dans un studio de répèt’ avec posters de Black Flag et Fugazi.

Encore un mot sur Pierre Maurel. Il a longtemps pratiqué l’auto publication sauvage, gratos. Et aujourd’hui sur son blog, il continue de rester sympa et gratos, parce qu’il nous dit que si on veut une dédicace, un joli dessin, y’a qu’à lui demander gentiment et le monsieur de la Poste fera le reste.

Ce bouquin, édité par Gallimard dans la collec’ Bayou, est une petite consécration pour cet auteur et j’espère que ce sera une bonne rampe de lancement pour une reconnaissance par le grand public.

Martial

Pierre Maurel, Post Mortem – Bayou / Gallimard, 16 €
pmaurel.wordpress.com

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