Inaugurée en novembre avec les Oui Oui Oui, l’association De Bas Étage[s] a récidivé mercredi dernier en invitant les Holy Two pour un deuxième concert en appartement. Pour un prix dérisoire (3 € minimum l’entrée), c’est l’occasion de découvrir un groupe dans un contexte inédit, qui tient plus de la soirée entre potes que du concert classique. C’est finalement assez rare pour être remarquable.

HOLY TWO 3'

Au lieu-dit et à l’heure dite… C’est par mail, la veille, qu’on est prévenus de l’endroit où aura lieu le concert. C’est en plein centre de Dijon, dans un bel immeuble, que l’asso organise ses petits concerts réservés à une quarantaine d’élus, les plus prompts à avoir marqué leur intérêt pour l’événement. Il vaut mieux être ponctuel, car une fois le concert commencé, les organisateurs ne font plus entrer personne. Dans le salon de l’appart’, occupé par quatre colocataires qui ne s’embarrassent pas de mobilier superflu, on retrouve quelques têtes connues, une flopée d’étudiants de l’IUP Diderot, des trentenaires aventureux et une poignée de quadra débonnaires. Tout ce petit monde fait connaissance, une bière à la main, en s’interrogeant tranquillement : « On est chez qui là au fait ? Oh, une bande de mecs… il y en a un là-bas je crois… Repère ceux qui sont en chaussette : c’est qu’ils jouent à domicile ! ».

HOLY TWO 2'

L’ambiance tient de la grosse soirée entre potes à la seule différence que la bière est payante (1,50 €, ndlr). Pour reprendre le canevas breveté par le mag’, commençons par « l’indice transpi » : au doigt mouillé je dirais entre calme et modéré ; j’ai bien vu quelques personnes se tortiller, mais rien d’extravagant non plus. C’est un concert appart’, pas une soirée raclette au Tantra Sauna… Pour ce qui est du « point fashion weakness », on est quand même très loin du Hell Fest ou du carnaval de Rio donc, j’ai envie de dire « casual ». On remarque une nette inclinaison pour le gris, apparemment tendance de cet automne-hiver (si, si… le Desert Sage et le Stormy Weather, j’ai même vérifié sur le site de Pantone, alors fais pas chier). Bref, tout le monde a respecté la consigne tacite : « venez comme vous êtes ». Néanmoins, il y a bien eu quelques frémissements sur le « Déco’ltimétre » : on s’étonnera quand même d’une corde à linge tendue dans un couloir en guise de vestiaire ou d’un sac Monoprix travesti en abat-jour pour tamiser l’ambiance en rose « cuisse de nymphe émue » (Pantone check).

https://www.youtube.com/watch?v=lJhSMPe9fZo

Holy Two : musique de chambre

Pas forcément habitués au concept, les Holy Two s’y adaptent pourtant à la perfection : C’est un truc vachement intense quand on joue comme ça, hyper proche du public explique Élodie. J’ai l’impression que les gens ont l’impression qu’on joue vraiment pour eux et c’est ça qui est cool. Même s’il y a quelque chose d’assez intimidant dans cette proximité… » Le public lui, n’a pas été intimidé et a visiblement savouré la prestation des deux Lyonnais. Leur électro-pop sentimentale a beau arpenter des territoires sonores archi-balisés (on pense à alt-J, Vampire Weekend, avec un peu de Lorde ou d’Austra), on reste séduits par leur esprit de synthèse. De nombreuses influences filtrent à travers leur dernier EP A Lover’s Complaint, sorti il y a tout juste un mois. « On avait fait deux EP avant : le premier autoproduit et l’autre en collaboration avec Zerolex, un beat-maker de Besançon, poursuit Hadrien. Mais celui-ci est notre disque le plus réfléchi. On a voulu travailler les contrastes justement. » Et Élodie de renchérir : « C’est vrai, j’ai écouté plein de hip-hop quand j’étais jeune, aujourd’hui j’écoute beaucoup de soul. Après, notre but ce n’est pas forcément de coller à un genre en particulier, mais de faire ce qui nous plat avec toutes ces influences. » Plutôt impressionnant quand on sait que les deux compères terminent parallèlement leurs études d’architecture. Le prochain concert en appartement de De Bas Étage[s] aura lieu courant janvier : je ne saurais que trop vous conseiller de liker la page de l’asso pour être tenus au jus.

– Édouard Roussel