Deuxième semaine de rangement de printemps dans mes bédés. Qu’est-ce que j’ai retrouvé ?

Tiens, encore un Bastien Vivès. Après les jeux-vidéo : La Famille. Comme le précédent sorti il y a quelques semaines, le principe c’est un dessin noir et blanc, des strips déclinés en de nombreuses séquences. C’est fixe mais le talent de Vivès, c’est l’énergie contenue dans le trait, le pouvoir expressif de ses situations, et son très grand sens du dialogue.

Là, il s’attaque au fondement de notre vie en société : la cellule familiale. La sainte institution qui fait que même toi tu dis « merci », « pardon », « bonjour » à ton papa, à ta maman, et parfois même à des gens dans la rue.

Une succession de situations bancales font le miel de cette bédé. Des fois ça tombe un peu à plat, mais d’autres vous rappelleront 2, 3 bouts de votre passé. Par exemple, la fois où tu jouais avec les poupées de ta frangine et qu’elle t’a gaulé, te menaçant de tout balancer à tes copains. Ou lorsque toi, mademoiselle, à table ton papa t’a dit que tu t’habillais n’importe comment. Ou la fois où tu lui as demandé ce qu’était « une fellation »… Ah bon tu l’as jamais fait ? Bon, bah, lit la bédé tu verras la réponse.

C’est un livre gonflé de névroses et de ressentiments d’adultes à l’endroit des kids. Quelque chose qui dirait que si les parents ont raté leur vie, c’est à cause des enfants. Le truc toujours surprenant avec Vivès, c’est son jeune âge -28 piges- et finalement le beau rôle tenu par les adultes. C’est beau, bien senti et drôle. Encore un bon livre.

La Page blanche, déception

Autre bouquin, entre deux-trois piles de cartons, La Page blanche de Pénélope Bagieu et Boulet. Alors, oui, rangement et demande… sur Internet, comme à la grande époque du Stop ou Encore ! La semaine dernière, ici même, Nico me disait « La Page blanche de Pénélope Bagieu et Boulet, c’est pas trop mal ». Bon, c’est vrai que le pitch de cette grosse bédé, 176 pages, est bien : « Une jeune fille se réveille sur un banc dans une grande ville. Elle ne sait pas ce qu’elle a fait avant, ni comment elle s’appelle, ni où elle habite… »
Bref, elle est amnésique. Seul repère : son sac à main, avec des clefs et une adresse.
Y’a quelques ingrédients intéressants, une situation de départ, un peu de suspens, des réflexions sur ce-que-c’est-que-le-quotidien et les rapports sociaux, l’hypocrisie au travail etc. Mais je dois dire que ce livre, très agréable à lire, accouche d’une souris. Le dessin de Bagieu est gracile, mais cette fin ?! 176 pages pour ça ? Je vais pas vous dévoiler le truc mais quand même… ce livre m’a finalement déçu parce qu’il aurait pu être mieux.
Pour être honnête, on peut trouver ce livre très flippant et du coup plutôt réussi avec ces tensions, ces fausses pistes, ce suspens. Alors peut-être que toi Nico, ces éléments ont retenu ton attention et t’ont fait aimer ce livre… mais pas moi…

Bluesman, en rythme

Dernier bouquin du grand rangement de printemps : Bluesman. C’est pas du tout une nouveauté, c’est sorti en 2010, mais si vous chinez un peu dans les magasins de déstockage dont le nom commence par « no » et finit par « oz », vous devriez pouvoir mettre la main pour pas cher sur cette bédé américaine qui, comme son nom l’indique, s’intéresse au passé bluesy des États-Unis dans les années 20. L’histoire de 2 compères, musiciens blacks, qui trainent de squatts en juke joints, les rades clandestins du sud des États-Unis où se produisaient les bluesmen. C’est un bouquin musical et un polar avec une histoire de jolies pépètes et de flingues sur fond raciste de l’époque. Le dessin, noir et blanc, est superbe, très expressif, à la bédé indé US. Et on sent le souci du détail et l’amour de ces hobos bluesy. Le livre, divisé en chapitres et édité au départ comme un feuilleton, est construit sur le rythme 12 bar blues, la rythmique basique du blues. Tous les chapitres comportent 12 pages sauf le 4ème qui est deux fois plus long, comme le jeu de certains Bluesmen qui font évoluer leur musique sur ce fameux 4ème temps. Bon, honnêtement, c’est pas super évident à la lecture, on s’en rend pas compte mais c’est rigolo de le savoir. Un bon livre même pour ceux qui ne s’intéressent pas spécialement au blues et au sud des États-Unis.

Fin du rangement.

Martial
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Bluesman : édition définitive, Volmar et Gallejo, Akileos, autour de 4 euros
La Page blanche – Bagieu et Boulet, Delcourt, autour de 21 euros
La Famille – Bastien Vivès, Delcourt, Shampoing, 10 euros

Retrouvez la chronique bédé de Martial sur les ondes de Radio Dijon Campus tous les mardis à 8h40 et vers 12h20.