Saint-Malo, Route du Rock, jour 1. Bon, comme on est pas super téméraires, on a préféré prendre la voiture plutôt que le train, même loin de Brétigny-sur-Orge. Ce qui veut dire : cappucinos de station service, contemplation d’une Audi bien plantée dans une barrrière de péage, retrait des accréditations puis rencontre fortuite avec le formidable assent de la maréchaussée. Le permis de Badneighbour sort en trois parties distinctes. Le gendarme s’inquiète, les sécurités ont sautées. Fuck !

John Deere

Glaçons et superlatifs

Arrivée in extremis au Fort de Saint-Père pour les derniers morceaux de Jacco Gardner qui ouvre le festoche 2013 sur la nouvelle petite scène des Remparts, classe petite sœur de l’ancienne scène de la Tour. Le gazier Gardner fait son warm up rubis sur l’ongle, et réussi même le mini tour de force de rameuter deux chèvres venues l’entendre du haut des remparts. Rural mais cool.

Chèvres qui se caltent dès les premières mesures d’Iceage, sortis du banc de touche pour cause d’annulation de DIIV (re-fuck!). Le combo danois ne veut pas choisir entre noise, métal et post-punk. Iceage… New Brigade pour le titre de leur premier LP… Les mômes du Nord joue avec les références et les 37 kilos du leader poids mouche s’énervent très vite. Le jeu des sosies initié avec Martial l’an dernier reprend son cours : avec Iceage on imagine vite Leo Di Caprio période Gilbert Grape qui imiterait devant sa glace la voix de Lemmy et les spasmes cathartiques de Ian Curtis. C’est énergique mais court en bouche. Iceage fond très vite au soleil. Reste à attendre un groupe nommé IceTube qui ferait du hip-hop-néo-core… Le truc cool, c’est qu’il existe au Danemark des groupes heavy qui ne reprennent pas The Final Countdown.

Après avoir eu envie de dénuquer pour cause de mauvais goût caractérisé le type qui secoue devant nous son t-shirt The Walkmen (cf. l’an dernier), on file de nouveau à la petite scène des remparts pour voir le set de Moon Duo.

Bon ok, pas des inconnus les projets de Ripley Johnson. Avec Wooden Shjips, Moon Duo est l’autre versant, plus intime (Ripley joue avec sa zouz aux claviers), des torrents lysergiques qui sortent de sa Airline blanche carrénée pour faire baver The Pelvis en personne. Côté claviers, Sanae Yamada ferait bander le plus rétif des amateurs de Bontempi. Rejoints pour la scène par un batteur, les deux amoureux de Moon Duo envoient un set où on pourrait abuser autant des superlatifs que des clichés à base de hochements, de réverb, de vibrations et de chamanisme. Chez Sparse, on a la nuance polie, alors on se contentera de dire : bloody fookin’ awesome !

Retour à la grande scène, Local Natives ouvrent pour Nick Cave, pas simple… Jongleries rythmique élégantes à la Foals, énergie et tension en progrès constant durant le set, abstinence de tout côté ouach’-néo-folk. C’est cool. C’est raffiné, oui, mais comme du sucre blanc. C’est à peu près aussi toxique et dangereux que la fumée d’une cigarette électronique, goût réglisse.

Moon Duo

First Born is not dead

Contrairement à Jacques Vergès, Nick Cave, lui, est toujours bien vivant. Alors évidemment les Bad seeds du Nick ouvrent avec le dernier single, We Know Who You Are, histoire de dire qu’en 2013 la discographie héroïque continue. Ok, mais là on est face à un gang qui a un répertoire et les Mauvaises Graines balancent quelques grands classiques dont un Tupelo méchant comme un Mike Tyson qui te suce l’oreille. C’est un peu comme monter sur le roller coaster de Coney Island : le cœur vous claque dans l’estomac et on se retrouve en sueur. Les cinq minots qui dansaient devant nous agrippés à leur cubi de rosé pamplemousse s’en trouvent pas super et retournent à leurs tentes avec des hoquets juvéniles. Tant pis pour hipstaland, les Bad Seeds seront classes à Saint-Malo. Ces mecs là nous parlent de cinglés archaïques qui butent le diable et de Robert Jonhson qui a rendez-vous avec Miley Cyrus nue dans sa piscine. La musique enfle et il fait vraiment nuit sous un ciel déchiré par des étoiles filantes. Le genre de place to be qu’on se fabrique le sourire aux lèvres…

Après avoir vérifiés que le studio du Mouv’ fonctionne aussi peu que l’an passé, on redescend via le bar VIP dans la jungle electro-funky des !!!. Nick Offer abreuve son monde de ses chorégraphies légendaires têtées à la mamelle d’un Jagger seventies. Short de bain fleuri et espadrilles pour costard de scène, Offer impose New-York en Bretagne et fait danser la foule posée sur les pulses énergiques de ses potes. Ok, il chante presque comme George Michael mais c’est toujours plus classe que Mika lançant un courant d’electro-manga-rock ! Les Chk Chk Chk redonnent un second warm up à la soirée super dense et nous livrent tout couillons aux tabasseries à venir des Electric Electric. On retrouve par hasard deux Dijonnais prêt à danser avec nous face à la petite scène où le trio strasbourgeois entame un set qui ne faiblira pas d’un iota. Remake de l’Opération Plomb Durci version math-rock, en plus joyeux et moins sournois cependant. Balançant entre show electro et salves hard-rock, les trois copains envoient la foule en l’air dans un mouvement qui tient autant du pogo pré-pubère (notre préféré) que du head bangin’ techno. Re-re-fuck, c’est bon. Trop bon même pour avoir envie de rester face à Fuck Buttons dont l’ouverture de set annonce pourtant du lourd, du terrible et du très bon. Barquette de frites, retour en navette. Demain, ça continue.

– Badneighbour & Jock Ewing