Le week-end dernier avait lieu la Coupe de France de Tracteur Pulling à Perrigny-sur-l’Ognon. Pour les amateurs de frites tièdes baignant dans une barquette de kérosène et de gros moteurs, ce n’était rien de moins que le jour de gloire. Vue la chaleur, il valait mieux enfiler un pantacourt et mettre son bob Pirelli ; LA panoplie idéale pour passer inaperçu dans ce monde de passionnés de machines agricoles métamorphosés en bête de course. Le principe du Tracteur Pulling est simple : une sorte de camion dopé aux stéroïdes doit tracter une remorque lestée sur 100 mètres en moins de 2 minutes. Usain Bolt court la distance en 9 sec 58, mais lui n’a pas 100 tonnes à trainer. À grands renforts de V12, qui font des breums à coller la chair de poule à un renard empaillé, les pilotes ont passé l’après-midi à jouer du point de patinage sous le regard enthousiaste de centaines de passionnés. La curiosité est un vilain défaut, la preuve par l’image…
Organisé depuis les années 2000 dans différentes dispositions, la course de tracteur pulling de Perrigny-sur-l’Ognon a drainé près d’un millier de curieux tout le week-end.
14 véhicules, tout droit sortis de l’imagination débridée de mécanos obsédés par la Volonté de Puissance, se sont succédés sur la piste tout le week-end.
Assez méconnue en France, cette discipline pour le moins atypique a pourtant de quoi intriguer ; des tracteurs gonflés à blocs qui rugissent et crachent des flammes par les pots c’est quand même autre chose que le match de foot de Promotion de Ligue.
Déjà… c’est encore plus bruyant d’une ponceuse.
Et en plus ça sent la chaudière au mazout qui se néglige.
De jeunes éphèbes ont pu lancer des œillades sur les courbes voluptueuses de ces machines rutilantes et rentrer chez eux, dans leur Clio RS, avec un sourire béat coincé à la commissure des lèvres.
Still D.R.E.
Bon par contre, malgré les whatmille chevaux sous le capot, faire un simple demi-tour pour revenir au stand nécessite l’assistance d’un tracteur.
Pas franchement habitué à ce genre de spectacle, le public a quand même applaudi le show.
Un tracteur pulling est au sport mécanique ce que le tyrannosaure est à l’évolution des espèces : une machine de guerre avec des roues avant de trottinette.
Ce site explique très bien toutes les subtilités de ce sport de gentleman-farmer. On conseille.
Presque un show à l’américaine, le genre de spectacle qu’on apprécie mieux une bière à la main et une barquette de frite dans la poche.
Devenu blonde, Franck le Tank, ce grand amateur de sport mécanique, est quand même passé… incognito.
Entre deux manches, les orga’ avaient prévu des combats médiévaux.
Bernard de Clairvaux approved.
Quelques principes tout simples semblent nécessaires pour peser dans ce monde du tracteur de compèt’. Il faut impérativement baptiser son engin d’un pseudo de catcheur mexicain, genre Dominator, Vil Coyote ou Vulcain.
Il ne faut pas hésiter à opter pour un design agressif. Sticker des flammes ou des tigres est chaleureusement recommandés.
Et surtout un moteur qui envoie. Celui d’un camion par exemple ou pour les plus téméraires, celui d’un d’hélico. À titre d’exemple, le Redoutable aligne quatre moteurs Isotov TV3 (démarrage par air comprimé) et déploie 8000cv. Le concept du Less is more, c’est un truc de baltringue.
Le fameux casque à 5 épines.
Tom Hanks dans Seul au monde.
Sympas les machines à café nouvelle génération.
Le dépaysement à peu de frais. Une Chevrolet garée dans l’herbe, et la plaine de Saône devient l’Arkansas.
“L’absurde est la notion essentielle et la première vérité.” Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe (1942).
Si toi aussi tu veux devenir pilote de Tracteur Pulling, pour la gloire et/ou l’argent tu peux, c’est là que ça passe.
Rabelais, Voltaire et Victor Hugo peuvent reposer en paix… Cet esprit français, paillard et fier, n’est pas complètement mort.
TEXTE : Regina George
PHOTOS : Édouard Roussel