Quel(le) politique est le prince/la princesse des réseaux sociaux de BFC ?

Fini l’hégémonie du JT de 20 heures où seuls les cadors de la politique pouvaient s’exprimer. Désormais, via les réseaux sociaux, chacun peut aller au contact des électeurs, du Président de la République au conseiller municipal de Longcochon délégué aux trottoirs de la rue des Champs-Courts.

Le maître en la matière, cité comme l’exemple à suivre dans ce domaine, est Obama. Lors de sa réélection en 2012, son cliché annonçant sa victoire, mettant en scène sa femme Michelle et lui, est devenu le post le plus aimé de l’histoire de Facebook en atteignant 2,1 millions de « j’aime » (il en totalise aujourd’hui plus de 4,8 millions… de quoi relativiser le buzz de ta dernière photo de vacances et ses 100 likes).

Mais qu’en est-il ici, en Bourgogne – Franche-Comté ? Qui est notre Barack à nous ?

Le plus populaire : François Rebsamen

Avec 61 700 abonnés sur Twitter et plus de 14 000 sur Facebook, le maire socialiste de Dijon écrase la concurrence. En termes de stats, c’est une victoire par K.O. En même temps, il faut admettre que son utilisation des réseaux sociaux est particulièrement novatrice : il retweet les tweets du compte de la Ville de Dijon (toujours très objectifs à son égard), il publie ses citations lorsqu’il est dans une émission télé ou radio (#punchlines) et il nous tient au courant de son agenda ; #aucuneprisederisque. Plus généralement, on peut classifier ses publications en deux catégories : celles où il « condamne avec la plus grande fermeté » les actions des autres et celles où il « salue » ses propres actions. Il fallait oser, mais les grands hommes ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnait.

Pour relativiser la performance, notons que selon le dernier baromètre hebdomadaire Postanalytics en date du 28/02/2019, François Rebsamen est classé 80ème maire le plus influent de France sur Twitter. Derrière Jean-François Copé… ça pique.

L’instagrameur : Julien Odoul

Instagram c’est le réseau hype du moment. Et ça, Julien Odoul, conseiller régional Rassemblement National, l’a bien compris. Pour attirer les jeunes vers la politique, il faut utiliser leurs modes de communication. Du coup, Julien nous gratifie avec des classiques des réseaux sociaux : des selfies, des photos à la plage, des photos de bouffe… et l’effet est immédiat. Par exemple, moi, de savoir qu’il est friand de tarte au flan me rend le personnage tout de suite plus sympathique. N’en déplaise à la bien-pensance des bobos de gauche, on ne peut pas être foncièrement méchant quand on aime le flan. Après, la réflexion reste primordiale pour Julien. Suciter l’intérêt des jeunes pour la politique c’est bien, développer leur esprit critique c’est mieux. A cet égard, dans un post il publie le titre d’un article de presse : « Il [un étranger] agresse une femme et lui propose de l’argent pour cinq minutes de plaisir » et interroge ses abonnés comme un gros bourrin : « Et si c’était votre fille, votre sœur, votre femme ? ». Et du coup, à question intelligente, réponse intelligente de « benito_as » : « Si c était ma fille . Ma femme ou autre je le defonce . Il finirait mort ou handicape à vie. » Car oui, ce compte transpire la virilité caricaturale, on peut se délecter de poses torse nu à la salle de musculation (#nopainnogain #bodybuilding), voire de gros plans sur un biceps contracté. Grande classe. On peut également voir Julien arborer des lunettes de soleil à la Tom Cruise dans Top Gun, tirer à l’arc ou poser à côté d’un golgoth sorti tout droit de Game of Thrones avec une hache à la main. Je crois qu’on a trouvé notre Poutine régional.

L’hyperactif : Pascal Bonnet

Conseiller municipal de Besançon, ancien candidat à l’investiture UMP pour être tête de liste aux élections municipales de 2014, Pascal Bonnet est un hyperactif. Sur Twitter, il totalise plus de 15 300 tweets à son actif. Compte tenu de son inscription en juin 2012, cela nous fait une moyenne de près de 7 tweets par jour. Quand on représente la droite, il faut montrer l’exemple en travaillant d’arrache-pied, quitte à favoriser la quantité à la qualité. Car parfois, le manque d’inspiration se fait sentir et pousse à des actes désespérés : comme ce 11 février où Pascal se lance lui-même le défi de publier une couverture de livre par jour ou alors ce 7 février où il décide de se retweeter lui-même (et hop un tweet de gagné , du génie!) ou enfin ce 27 janvier où il retweet France TV qui partageait un article pour le partager à son tour dans la foulée… On frise la redondance ! Par chance, monsieur Bonnet est également psychiatre pour adolescent donc l’addiction aux réseaux sociaux, il connaît.

Attention, Pascal sait aussi sortir de la frénésie et de l’instantanéité de Twitter pour apprécier la douceur des mots et le charme de la poésie. Pour preuve, il partage les tweets de Bernard Pivot et s’enorgueillit de vivre dans la ville de naissance de Victor Hugo (qui, rappelons-le tout de même, a déguerpi au bout de quelques mois).

L’amoureuse des animaux : Sophie Montel

Une photo de profil avec un chien, des retweets de Brigitte Bardot et de la SPA, le partage de photos de léopard noir et de documentaire sur les loups… pas de doute, Sophie Montel, conseillère régionale Front National, puis les Patriotes, aujourd’hui sans étiquette, est une amoureuse des animaux. Elle n’en oublie pas pour autant la politique et fait monter la pression sur les réseaux sociaux quant à la sortie de son futur livre « Bal tragique au Front National, trente ans au cœur du système Le Pen ». Je cite le synopsis : « Il est temps que les masques tombent pour mettre à jour cette imposture. ». Car après avoir lâché son fiel sur les migrants, elle aime le faire sur ses anciens petits copains du FN. Alors si toi aussi tu es attiré par l’odeur du sang et tu veux savoir qui se cache derrière le masque de Marine Le Pen (Surprise !), je t’informe que le livre est d’ores et déjà disponible en précommande.

A noter également que son assistant parlementaire au parlement Européen devrait songer à prendre rendez-vous auprès de Monsieur Bonnet puisque celui-ci affiche le modique total de 104 000 tweets ! Pour apprécier le niveau de la performance, notons que Trump, référence en la matière, en comptabilise 40 600.

Le sniper : Gilles Platret

Pour exister sur les réseaux sociaux, le meilleur moyen est de faire preuve d’autodérision, de finesse, d’inventivité… à moins que cela ne soit plutôt de tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge ? Kaaris et Booba ont opté pour cette voie, Gilles Platret, maire les Républicains de Chalon-sur-Saône aussi. Sa réputation de rebelle n’est plus à faire. En mars 2015, il décide de supprimer les menus de substitution (entendre « menus sans porc pour faire chier les musulmans et faire barrage au Grand Remplacement ») des cantines scolaires. En août 2017, cette décision est annulée par le tribunal administratif de Dijon, annulation confirmée en octobre 2018 par la Cour Administrative de Lyon. Pour autant, Gilles n’en a que faire et passe outre ce jugement. Gonflé à bloc par son statut de « hors-la-loi », il distribue les coups en rafale sur Twitter. Et quand on veut être calife à la place du calife, la cible privilégiée est logiquement le calife. C’est pourquoi quand Gilles refuse de se rendre à la rencontre des Maires de France avec le Président, il l’affiche fièrement sur Twitter (en l’épinglant en haut de son fil d’actualité), puis il le qualifie au choix de méprisant, arrogant ou technocrate. Et enfin, il porte le coup final à travers cette formule : « le problème de Macron, c’est qu’il est Macron ». Bang, bang, bang !

Vivement l’octogone.

  • Matthieu Fort