La médiation culturelle, c’est le processus mis en place pour permettre à un contenu culturel et un public de se rencontrer. Que ce soit pour un public qui a l’habitude de ça ou non. Parce que c’est pas évident pour tout le monde de se pointer sur un lieu de spectacle ou d’expo quand t’as pas les codes, les médiateurs mettent en place des outils pour transmettre et amener la culture autrement. On vous en parle en ce moment et les prochaines semaines sur Sparse pour vous montrer que les structures sont inventives. Pour la deuxième étape de notre série, focus sur Sceni Qua Non dans la Nièvre.

Sceni Qua Non, c’est l’asso qui propage depuis plus de 30 ans le ciné dans toute la Nièvre. L’objectif est de « s’adresser à un public éloigné et rural en proposant une offre de films variés à la fois populaires et exigeants », nous explique Antoine Magnien, responsable de la communication. Pour ça, en plus des 5 cinés fixes qu’ils gèrent à l’année comme à Château-Chinon ou à Ouroux-en-Morvan, l’asso a monté un système de circuit itinérant. Toute l’année, ils se déplacent dans 31 communes adhérentes du département. « On propose en moyenne un passage par mois, il y a des communes où ça peut être plus, et deux ou trois séances sont programmées à chaque fois » précise Antoine. Dans ces villages où il n’y a pas de salles de cinéma, l’équipe s’installe dans les salles des fêtes ou les médiathèques par exemple. 

Au delà de sensibiliser et de transmettre le 7ème art à des personnes éloignées des salles fixes, c’est aussi une façon de créer des espaces de proximité. « À chaque fois, c’est des moments d’échange avec des temps après les séances où on peut se retrouver », assure Antoine. Ces séances permettent aux habitants d’un même village de se retrouver tous ensemble pour partager des émotions. Le ciné, ça rapproche. Les bénévoles sont de véritables relais sur place et peuvent participer à la programmation pour proposer des films qui correspondent au public qu’ils connaissent bien. Sceni Qua Non organise aussi des rencontres avec des équipes de films. « Récemment, on a eu Des Hommes de Lucas Belvaux et Les Vétos de Julie Manoukian, deux films tournés dans le Morvan, ils sont venus présenter leur travail sur les avants-premières » commente Antoine.

L’asso propose aussi de l’éducation à l’image. Pour un public éloigné ayant des difficultés à l’accès aux pratiques cinématographiques, ils participent au projet de l’Association Passeurs d’Images. Ils proposent à ce public, prioritairement aux jeunes, des ateliers de créations, histoire de comprendre un peu comment le cinéma fonctionne. À la Toussaint par exemple, ils ont fait un « atelier avec le collectif d’artiste Vidéo Bus, et un tournage de courts métrages autour des relations garçons/filles avec deux centres sociaux neversois », précise Antoine. Ces films ont été diffusés à la fête du court métrage à Nevers.

Ils interviennent également dans les écoles du coin, de la maternelle au collège. « On accueille les élèves en salles fixes mais aussi directement dans les villages sur le même principe que le circuit itinérant », ajoute-t-il. L’équipe leur proposent des films appuyés par un travail pédagogique pour initier les enfants au cinoche.

Aujourd’hui, avec le contexte sanitaire, tout est à l’arrêt. « On s’est usé psychologiquement à préparer la réouverture des cinq salles, du circuit itinérant et des séances scolaires pour devoir finalement tout jeter à la poubelle. C’est très dur. Aujourd’hui nous n’avons même plus d’horizon et un couvre-feu incompatible avec notre métier donc on attend le 7 janvier et les annonces du gouvernement sans grand optimisme », nous confie Antoine. 

Par contre, ils seront bouillants quand ils auront la possibilité de continuer leur activité, et ils sont déjà en train de bosser sur l’édition 2021 de leur festival de court métrage Partie(s) de Campagne.

  • Florentine Colliat // Photos : Sceni Qua Non