Retour de notre saga de l’été ; Sparse et Chalon dans la rue s’acoquine pour vous procurer le frisson estival. Aujourd’hui on parle de l’aube de la création, un concept original inventé en période COVID pour permettre aux spectacles de subsister.

L’aube de la création qu’est-ce que c’est ? Des spectacles dans lesquels les compagnies présentent un travail non terminé. Comme un teaser ! C’est un concept qui a été mis en place à l’automne 2020 en plein acte 2 de la pandémie. A l’époque Chalon dans la rue proposait les rendez-vous de l’automne qui remplaçaient l’édition 2020 du festival. Afin de jouer, et malgré des restrictions drastiques, les concepteurs imaginent alors un format spécial ; conçus pour des petites jauges (moins de 50 personnes) dans des lieux clos.

Compagnie La Colombe enragée / crédit photo : Dubix

« C’est pas parce que ce n’est pas fini que ce n’est pas bien ! »

Bien qu’instigué l’année dernière, cette formule est à nouveau choisie en marge des créations « classiques » (cf. l’article 1 de notre feuilleton de l’été ICI). Ce choix s’explique par une volonté de mettre en avant des compagnies qui ont souffert de la crise, et de leur permettre de présenter des étapes du travail en s’appuyant sur les réactions du public. On vous rassure tout de suite, c’est pas parce que ce n’est pas fini que ce n’est pas bien! Guillaume Lambert, metteur en scène et comédien de la compagnie l’Instant Dissonant, sera présent cette année au festival et se confie sur la formule : « On présente les 25 premières minutes du spectacle, et on espère que cela donnera envie au public de venir découvrir l’intégralité du spectacle en 2022 ». Pour Guillaume c’est un bon test afin de voir si le spectacle fonctionne : « C’est un spectacle interactif, on va pouvoir tester des configurations différentes, jauger la réaction des gens et étudier les interactions avec le public. Surtout que l’on joue le spectacle 3 fois de suite ». Effectivement si la mayonnaise ne prends pas, difficile de ne pas s’en rendre compte dans ces conditions!

Le jongleur Guillaume Martinet, de la Cie DeFracto, pose dans l’univers de son spectacle solo « Croute » sur un rond point de Villers-Cotterêts / Credit Photo : Pierre Morel

Mystère et Suspense

Pauline Bance, responsable de production, nous en dit un peu plus sur le fonctionnement : « Il y a 21 compagnies qui composent 21 maquettes. Le public peut sélectionner jusqu’à 4 parcours qui ont pour nom les appellations de la côte chalonnaise (Bouzeron 1, Mercurey 4, etc.). On ne choisit pas son spectacle, c’est du hasard. Toutefois, pas de crainte, selon Pauline : « Toutes les pioches sont des bonnes pioches ». Le public se voit attribuer plusieurs pastilles avec heures et lieux de rendez-vous. Des lieux atypiques d’ailleurs, le but étant de sortir du cadre habituel des spectacles d’art de rue, afin de donner une expérience nouvelle aux spectateurs. Le résultat : un mix entre le livre dont vous êtes le héros et la carte au trésor (Big up Sylvain Augier) pour trouver son spectacle.

Pour Pauline, le mystère est important : « Le public n’aura pas d’à priori sur le format choisi et le type de spectacle ». De toutes façons, on ne reste pas dans le noir longtemps puisque les spectateurs se voient délivrer toutes les informations sur la compagnie et le spectacle en aval : « Cela permet au public de suivre l’évolution du travail et de voir l’œuvre finalisée s’ils le souhaitent ». Surtout que les compagnies pourront être éventuellement reprogrammées dans le cadre du festival avec la pièce finalisée.

En marge de la présentation d’une étape de création à un public, il y a aussi un vrai avantage professionnel à la formule. Guillaume de l’Instant Dissonant, nous le confie également : « C’est le moyen de se mettre en contact avec des professionnels. Trouver éventuellement des producteurs, des lieux pour faire des résidences de spectacle, des financeurs pour finaliser la production, etc. ». Une façon donc de donner leur chance à des spectacles en cours de créations, et d’entrevoir l’avenir plus sereinement pour les compagnies.

Texte : Frank Le Tank // Photo : Cie née d’un doute © Théâtre le Liburnia