Prospective paresseuse, c’est le nom de l’expo installée à Vortex depuis le 3 septembre dernier, et ce jusqu’au 2 octobre. On a rencontré Cédric Esturillo, artiste lyonnais responsable de cette prospective qui n’a de paresseuse que le nom, avec qui on a parlé de science-fiction, de sacré et de cinoche.

En rentrant dans la salle d’exposition de Vortex, située au bout de la rue de la stéarinerie à Dijon, on a l’impression de passer la porte des étoiles, façon Stargate SG-1 (coucou Richard Dean Anderson) pour rentrer dans une expo dont vous êtes le héros. Une itération entre l’antique, la science-fiction et le sacré. C’est Cédric Esturillo qui nous accueille, affable et avec qui on développe direct sur l’aspect SF de l’œuvre présentée : « J’ai beaucoup d’intérêt pour la science-fiction, et notamment pour le monde gallo-romain et médiéval. Avec cette installation, je mélange ces univers en partant du principe que l’on comprend de moins en moins la technologie que l’on utilise. Il y a de plus en plus de distances entre nous et la machine, quand on ne comprend pas quelque chose, on bascule dans une forme de sacré ».

Baldur’s gate

En faisant le tour de l’expo on ne peut être que sensible à l’environnement cinématographique du travail de Cédric, qui a créé l’intégralité des œuvres sur place depuis le mois de juillet. En résidence, comme on dit dans le jargon. Il s’en dégage une dichotomie entre la froideur grise et industrielle, du matériau brut en opposition avec le côté charnel, végétal et limite corallien qui ramène de la chaleur dans les pièces.

De la terre, disposée autour de certaines œuvres est présente pour renforcer cet aspect cinématographique dans la déambulation et permettre un effet de jaillissement de la pièce : « comme des pierres tombales ». Quand on y regarde de plus près, on comprends que ces œuvres fourmillent de détails, qui font références au mystique. Entre peaux de serpents, bénitiers, et pipettes remplies de sérum physiologique, on a l’impression de naviguer dans les univers de Dune, de la montagne sacrée de Jodorowski ou encore d’Alien : « Je suis passionné par la vision du futur altérée en fonction de l’époque : dans Alien par exemple, on est censé être en 2100 mais les appareils sont ceux des années 80 : les téléphones à cordons, les écrans verts… Mais ce n’est pas grave car c’est la transposition d’un passé dans un futur, et je trouve ce lien hyper intéressant. C’est ça la prospective paresseuse, une vision de la science-fiction, et d’un esthétisme visuel ancré dans son époque. »

Véritable peau de serpent

De plus, à la manière d’une quête de MMORPG (un acronyme pour désigner un jeu de rôle en ligne avec plein de gugusses), et de ses ancêtres Diablo et Baldur’s Gate cités par Cédric comme des madeleines de Proust, on retrouve la volonté de présenter des « quêtes annexes » et d’apporter un côté ludique à la déambulation. Ne vous étonnez donc pas si vous retrouvez des tours de cou Yin-Yang des années 90, des boucles d’oreilles en forme de têtes de morts ou encore des bénitiers aux airs de gargouille dans les objets disséminés un peu partout : « l’expo est comme une quête, une façon de créer un jeu vidéo dans un espace réel ».

Une bonne façon de remettre le pied dans le jeu et la science-fiction avant d’aller voir au ciné le nouveau Dune de Villeneuve.

Propos recueillis par : Frank Le Tank // Photos : Siouzie Albiach