Cette année, au milieu de l’ancien quartier industriel de la Stéarinerie à Dijon, on fête les 10 ans des Ateliers Vortex, ce petit espace hors du temps (de quand même 300m2) où se pressent les pépites de l’art contemporain de demain. Alors, on sort pas le champ’ et la pièce montée, mais on va plutôt y faire un tour avec Fiona et Annelise, cofondatrices des lieux.

Il y a 10 ans, c’était un lieu en friche. Maintenant c’est le lieu hype de l’art contemporain dijonnais : « Les Ateliers Vortex ont été fondé par 5 artistes de l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon. A la fermeture de la Caserne Heudelet, on s’est retrouvés sans ateliers, et on a trouvé ce lieu », nous explique Fiona, cofondatrice des Ateliers.

« On avait des quantités énormes de déchets en friche. On était sans peur, c’était la débrouille. »

Au fond d’une cour, à côté d’un petit café, d’ateliers d’artisans et de vieux bâtiments industriels tagués, comment se douter que se loge un vrai pôle culturel ? C’est le résultat d’un an de rénovation, porté notamment par Annelise : « On avait des quantités énormes de déchets en friche. On était sans peur, c’était la débrouille. On allait chercher des fonds de pots de peinture à la Seigneurie.  Le local associatif d’à côté nous emmenait à la déchèterie dans des camions qui tournaient à l’huile de friture. Je me rappelle encore de cette odeur de gazole cramé ».  Pourtant, depuis 10 ans, les ateliers Vortex accueillent sous des toits en poutres apparentes des artistes locaux et accompagnent leur projet.

Le topo ? Un endroit alternatif et utopique, où chacun et chacune, peut créer et diffuser en no limit. Au rez-de-chaussée, le cœur battant du lieu. Des ateliers qui mettent à disposition à des artistes résidents outils et espaces pour mener à bien leurs projets : « les pôles sont variés : on a un atelier de sérigraphie, et un autre où des outils sont mis à disposition pour l’artiste », nous présente Annelise. À l’étage, un petit escalier nous amène aux poumons des ateliers. Un lieu d’exposition qui se renouvelle constamment et où se respire un air frais de découverte et d’innovation. « Les ateliers sont un lieu d’expérimentations et d’accompagnements. Les résidents sont entourés d’artistes qui les aident et font mûrir leur projet », explique Fiona, alors qu’elle me montre l’exposition actuelle d’Emma Riviera, qui par la photographie nous plonge dans l’ambiance morvandelle. 

En 10 ans, les Ateliers ont bien grandi. « Au début, les résidents étaient des potes artistes, et maintenant, les demandes de résidence viennent des 4 coins de la France ». Ses murs, aussi, se changent au gré de l’artiste qui y réside. L’espace le revendique d’ailleurs : aux Ateliers, il n’y pas de ligne artistique stricte.  De quoi se booker un rendez-vous tous les deux mois pour y voir, à chaque fois, un espace quasiment totalement approprié. « On est pas dans une galerie « au clou ». L’artiste n’a pas de contrainte de nombre ou de format. L’artiste s’approprie le lieu et en fait quelque chose », nous dit Annelise. En 10 ans, les Ateliers se sont exportés, comme au Musée Niécephore Niepce à Châlon avec le Prix de l’Image Photographique décerné chaque année à un artiste innovant.  Des relations se sont nouées, « on a travaillé avec les Ateliers Tout Va Bien pour nos cartons et notre identité graphique, à l’époque, avec Bye Bye Peanuts pour la partie culinaire de nos événements. Et puis sur le plan artistique, on a lié un partenariat avec Why Note Ici l’Onde, pour fonder les IN TWO, des programmes sonores et plastiques. Vortex c’est une grande histoire d’amitié ». #BFF.

Alors pour les 10 ans, les Ateliers Vortex organisent le 24 septembre une soirée complètement gratos avec leurs partenaires historiques : Sabotage, Zutique Productions et Why Note, trois organismes activistes pour la diffusion des musiques actuelles qu’on retrouve sur le MV ou le Tribu Festival. Toutes ces associations partagent avec Vortex des valeurs communes : une accessibilité et une visibilité de musiques made in BFC, garanties sans glyphosate.  On est arrivés au milieu de la préparation de l’event, et ça envoie du lourd. En début de soirée, petite prog musicale concoctée par les membres de Sabotage. Vous pourrez déambuler et boire des coups en admirant la refonte de façade faite par Aurore-Caroline Marty et Romuald Janolo du duo Chéri Chérie. Tout ça autour d’une performance de Nicolas Thirion, Les choses de la vie, les trompettes de la mort, qui joue du magnétonium. Une performance à base de mix de cassettes. Un truc un peu zinzin comme on les aime. Et la cerise sur le gâteau, ou piment sur le guacamole, vous pourrez manger mexicain en attendant le DJ Set en fin de soirée avec un mix d’Alcor et de la star de Radio Nova Emile Omar. Donc, si tu sais pas ce qu’est un magnétonium mais que t’adores les tacos, passe aux Ateliers Vortex samedi, ça va être chan-mé.

Texte et Photos : Paul Dufour