D’jazz Nevers, c’est plus qu’un festival, c’est une institution. Une programmation qui, d’année en année, s’étoffe, accueillant autant des cadors de la discipline que des artistes émergents. Alors, à l’occasion de sa 36ème édition, qui se passe du 5 au 12 novembre, on a causé avec Roger Fontanel, directeur du festival.

Tous les ans depuis maintenant plus de 30 piges, les rues de Nevers sont en ébullition quand le festival D’jazz Nevers plante ses chapiteaux. L’occasion de voir les plus grands noms de la scène jazz se balader tranquilles entre la Maison de la Culture, le Café Charbon ou encore le Théâtre Municipal. Plus de 30 ans, pourtant, les valeurs sont restées les mêmes, affirme Roger Fontanel, directeur du festival : « le festival a été créé dans la volonté de mettre en avant la scène créative française et européenne, tout ça dans une alchimie de programmation qui permet au public d’avoir plusieurs clés d’entrée : c’est-à-dire que le coup de projecteur sur cette scène créative n’exclut pas de programmer quelques valeurs sûres constitutives de l’histoire de cette musique. » En 36 éditions, le festival n’a donc pas pris une ride et attire toujours un public nombreux et des artistes carrément fous.

Laurent Dehors en mode double cuivre

Des reustas donc, y’en a oui. Cette année, la coqueluche du festival c’est l’américaine Rhoda Scott, très très grande dame du jazz : « On l’appelle familièrement l’organiste aux pieds nus car elle joue toujours pieds nus », nous précise Roger Fontanel. Pour le festival, elle présente son nouveau projet, Lady All Stars, un album 100 % girl power : « Elle est entourée exclusivement de femmes. Arielle Besson, Céline Bonacia… ça joue terriblement bien, ce sera l’occasion de clore les festivités de la meilleure manière qui soit. ». Ça se passera le samedi 12 novembre dans la grande salle de la Maison de La Culture, et ça va être chan-mé.

« D’jazz Nevers, bien sûr, il y a l’appellation jazz, mais ce sont des propositions très variées, issues de la tradition vers des musiques contemporaines improvisées ».

Mais à côté de ça, le festival met en avant des compositions parallèles, qui croisent le jazz avec d’autres arts, notamment ceux de la scène : « Beaucoup de chorégraphes souhaitent travailler avec des musiciens et inversement », explique Roger Fontanel. Le festival est aussi un lieu de rencontres pour les professionnels qui sert à l’élaboration de futurs projets. Dans l’idée, la pièce M. Golouja, adaptée d’un roman du serbe Branimir Šćepanović, mêle la chorégraphie au violon, violoncelle, clarinettes. Une collaboration entre le Théâtre du Temps Pluriel et La Litanie Des Cimes mise en scène par Olivier Broda qui s’est déroulée à la Maison de La Culture le 6 et 7 novembre (désolé, ça, tu l’as raté). Pour le public, c’est l’occasion de découvrir le jazz par une autre entrée, car, comme le dit Roger Fontanel : « C’est la découverte, dans D’jazz Nevers, bien sûr, il y a l’appellation jazz, mais ce sont des propositions très variées, issues de la tradition vers des musiques contemporaines improvisées ».

Roger Fontanel, directeur du festival

Et dans ces propositions un peu alternatives, y’a un groupe qui nous a tapé dans l’œil, c’est Nout. Un trio harpe électrique, flûte et batterie, pour un jazz que certains qualifieraient de punk-jazz. De quoi bien réveiller Louis Armstrong de son sommeil. Pour Roger Fontanel, ce projet a une double ambition : « déjà musicalement, on est sur une proposition radicale autant musicalement que visuellement. Et puis il y a autre chose : l’instrumentation est intéressante, on est sur une harpe, une flûte et une batterie ; en mettant la batterie de côté, on se retrouve avec deux instruments totalement genrés. Mais faut voir sur scène ce qu’elles font de la harpe et de la flûte avec cette batteuse, c’est absolument étonnant. Pour des jeunes femmes qui découvrent comment les musiciennes s’affranchissent des codes du genre, c’est intéressant ». Ça se passe ce soir à 18h30 au Café Charbon, donc prends tes places.

À côté de ça, à Nevers, jusqu’au 12 novembre, t’as pleins de choses méga cools à découvrir. Une prog’ qui transpire le bon goût à retrouver ici.

Texte : Paul Dufour / Photos : Maxim François, Djazz à Nevers