Le label français Howlin Banana, chantre de la découverte musicale indie dans l’hexagone, fête ses 10 piges. L’occasion de voir une pelletée de bons groupes à La Rodia à Besançon. Parmi eux, Fontanarosa, jeune projet du lyonnais Paul Verwaerde qui a sorti un des meilleurs albums d’indie rock de l’année 2022 (et ce n’est pas une mince affaire). Rencontre et évocation des stars du rock des années 2000, quand le slim, le blouson en cuir trop court et la mèche sur les yeux étaient vraiment trop cools.
Fontanarosa pour les gens qui vous découvrent avec cette interview, c’est à la base un projet solo avec un premier EP en 2020. On retrouve déjà les prémices du son actuel, avec un côté un peu plus lo-fi et bricolé, c’est toi qui faisais tout à cette époque ?
Oui, j’ai réalisé ça en 2019. Je sortais d’un duo de Krautrock (Monotrophy) où je ne chantais pas. Ça me manquait mais j’avais une certaine appréhension à reprendre le chant. J’ai beaucoup travaillé chez moi pour me remettre à l’écriture. J’ai commencé à bricoler des trucs sur mon ordi en vue de sortir une K7. J’avais ce rêve adolescent d’avoir ce bon groupe de pop. J’avais pas les potes au début, donc j’ai essayé de le faire seul. J’ai contacté Florian (batteur du groupe, Ingé son et membre de Satellite Jockey entre autres), qui avait mixé un disque pour Tôle Froide, autre groupe lyonnais, qui m’avait plu. SK Production et Howlin Banana ont bien aimé la K7 et m’ont proposé de la sortir. Puis est venu le Covid… Mais la K7 a tout de même permis de faire découvrir le projet aux autres musiciens du groupe !
Quand j’écoute ta musique j’ai plein d’images et d’influences qui me viennent en tête, on m’a dit de source sûre que tu es un gros fan de Radiohead, mais j’entends aussi du Phoenix, du Strokes ; des grosses influences années 2000 dans ta musique plutôt que celle des 90’s portées en étendard ces dernières années ?
J’ai commencé à écrire des chansons quand j’avais 15-16 ans donc au début 2000 et puis j’ai eu une révélation : « genre je suis trop une merde à l’école, mais peut-être que la musique… ». Beaucoup de ces groupes m’ont marqué, en effet ; The Strokes, Franz Ferdinand, Radiohead… Il y a un truc qui s’est cristallisé à cette époque-là, surtout que j’avais un groupe avec des potes qui s’appelait Fishliver Oil. J’ai perdu ce groupe car j’ai dû déménager, ce qui a entraîné une séparation assez difficile ; je me suis senti seul dans la musique. Fontanarosa parle un peu de ça, et ça me permet de me soigner !
Comment s’est passée la mue du travail solo en groupe ? Tu avais déjà composé toutes les parties, ou il y a des choses qui ont été retravaillées ? As-tu ce côté control freak ?
J’ai pu l’être auparavant dans d’autres projets mais cela rend les choses rigides. Je me concentre sur mes parties et sur les intentions et puis après on laisse évoluer les choses en répétitions. On explore beaucoup de choses, jusqu’à parfois l’impasse pour faire machine arrière et trouver le bon chemin. Je crois au son de groupe, chacun a une vision d’un morceau qui est difficilement explicable mais qui créera des directions différentes et des zones d’ombres. Cela permet d’avoir une relecture différente à chaque fois. C’est ce que je retrouve dans le kraütrock, avec Can par exemple.
Effectivement il y a un son kraütrock qui permet aux ambiances de s’installer et d’éviter la facilité de la pop song…
J’ai appris à me créer un son de guitare avec Monotrophy, mon précédent groupe, où nous étions juste guitare/batterie. Avec notamment une technique que j’utilise beaucoup aujourd’hui ; une espèce d’arpège avec le mediator. Cela crée une fréquence de drone qui participe à l’atmosphère mais aussi qui évoque une nostalgie, comme si on écoutait le souvenir d’une chanson plus qu’une chanson.
D’ailleurs sur le message que tu véhicules, il y a ce côté nostalgique : regarder en arrière comme un trentenaire qui regarde son adolescence finie de façon un peu désabusée ?
Je ne sais pas si c’est désabusé, en fait ce premier disque m’a ramené une certaine candeur. J’évoque beaucoup le thème de la réconciliation avec le passé dans le disque, notamment avec cette séparation douloureuse avec mon groupe de l’époque.
Florian : Quand on mixait l’album on a souvent évoqué cette image de photo passée qui conforte cette nostalgie…
Maintenant que vous vous êtes trouvés en tant que groupe, c’est quoi le next step ?
On a déjà pas mal de nouveaux morceaux que l’on joue en live. Il n’y a pas de planning sur le long terme, comme il y a des bons retours et des opportunités qui arrivent un peu tous les mois, on laisse venir les choses. On va bosser le nouvel album là et essayer de l’enregistrer en février.
Texte : FLT // Photo de couverture : JC Polien