Le SIRK festival est à l’électro dijonnaise ce qu’est la fête de la saucisse pour les Montbéliardais. Une messe à ne pas manquer, où on se retrouve entre accros aux beats technos et au parquet des dancefloors. Depuis 7 éditions, se rameutent des grands noms et des artistes émergents prometteurs, tout ça dans les meilleurs lieux de Dijon. La huitième session n’en démord pas et balance du gros nom : on en parle avec Nicolas Giller, a.k.a Konik, DJ et membre fondateur de l’association RISK, qui chapeaute le festival.

Le SIRK, festival de musique électronique à Dijon, reprend du service pour sa 8ème édition. Après des éditions bien perturbées par la crise sanitaire, l’édition 2022 s’était déroulée d’avril à septembre, avec des dates parsemées. Cette recette a plutôt bien fonctionné, et le public a troqué la fièvre du COVID pour celle du samedi soir : « le fait d’avoir étalé cette année, c’était permettre aux gens de montrer que c’était possible de remonter sur un dancefloor de manière sécurisée sans forcément rechoper le COVID. Toute cette année a permis de se rendre compte que les gens se réappropriaient la fête et avaient envie d’y retourner », nous dit Nicolas. Un feu vert pour glisser tout schuss vers une nouvelle édition, et une nouvelle recette, qui n’est nulle autre que l’ancienne. Bah ouais, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. Le festival se produira comme à l’ancienne, pendant tout le mois d’avril, du 4 au 30. Un retour aux traditions qui était attendu par l’équipe du festival et Nicolas : « c’est la forme originelle comme on l’avait imaginée du SIRK festival, condensé sur le mois d’avril. On voulait voir si Dijon était capable de danser pendant 1 mois à peu près au même rythme qu’une capitale européenne, c’est-à-dire la teuf la semaine, mardi et vendredi et les week-ends. »

            Donc au programme, c’est danse sévère jusqu’à ce que tombe la dernière goutte de sueur disponible dans ton corps. Et ça danse pas sur n’importe quoi, le SIRK met les petites platines dans les grandes. La dernière édition avait sorti le tapis rouge pour la légende hambourgeoise Helena Hauff, ou encore Jennifer Cardini ou U.R. Trax pour n’en citer que quelques unes. Pour l’édition 2023, la programmation a été un travail de longue haleine pour Nicolas : « On a quasiment fait cette programmation en parallèle de celle 2022, parce qu’on a eu des artistes en 2022 qui étaient pas forcément dispos, mais qui ont été des touches pour l’édition de 2023, tu construis ça à partir de septembre et là fin décembre normalement, on devrait y voir plus clair et boucler la programmation. C’est encore un milieu qui fonctionne beaucoup aux relations, y’a tout un parcours de reconnaissance des professionnels du monde de la musique électronique du SIRK Festival. Ça se travaille sur le long terme, ça avance d’année en année, et au fil du temps, on a de bons retours des artistes qu’on a accueillis. Les bookers internationaux commencent à te recontacter fin septembre, début octobre en te disant qu’ils aimeraient bien faire tourner des artistes vers ton festival. »

« [Jeff Mills] c’est comme un soliste de classique, y’a ce côté virtuose »

            Maintenant grâce au SIRK Festival, Dijon va devenir la capitale électro française, le Detroit bourguignon. Et tu ne crois pas si bien dire, parce que pour cette 8ème édition, c’est Detroit qui vient à toi avec nul autre que Jeff Mills. Ouais, t’as bien lu, le pape de la techno américaine va mettre les pieds à Dijon. Pour Nicolas, qui a joué avec lui en tant que DJ, l’accueillir a une saveur toute particulière : « Quand je découvre les musiques électroniques en 1996, je me prends une claque parce qu’il pousse la technique du mix à un tel niveau, il est comme un soliste de classique, y’a ce côté virtuose. Il a une carrière de ouf et il a participé à emmener la musique électronique au-delà des dancefloor. Il a bossé avec des orchestres classiques, il a une formation un peu plus jazz, c’est très intéressant, il est complet et est pas resté affilié au dancefloor ». Ces gros noms, programmés avec des artistes plus émergents, permettront au public de plonger la tête la première dans la crème de l’électro actuelle.

            Tout ça se passera dans les lieux mythiques du festival : La Vapeur, l’Aéroport de Dijon Bourgogne, le Cellier de Clairvaux, le Boulodrome. Nicolas nous parle du nouveau lieu de la 8ème édition :  « On a un newcomer dans le game ; le Consortium Museum. En fait les afterworks qu’on faisait secrètement dans des lieux un peu bizarres, en 2023 on les fait au Consortium, car on n’y est jamais allés, parce que c’est un partenaire plutôt cool pour nous, y’a pas beaucoup de notre public qui connait le Consortium, et c’est un défi de travailler l’endroit autrement ». En avril, le cœur de Dijon battra donc minimum à 130 bpm.

Texte : Paul Dufour / Photos : Inner Spaciousness, Le Studio des Songes, Claire Golzi