Y’a un nouveau Shérif en ville. David Demange vient de débarquer à La Rodia de Besac en provenance du Moloco du Pays de Montbéliard. Et il commence son mandat avec un spectacle symbolique à plus d’un titre, puisqu’il s’agit de « L’ouverture de Toussaint », un spectacle co-produit par La Rodia et Le Moloco.

Jeudi 26 janvier, c’est le retour des lives à la Rodia. On commence avec gros morceau puisqu’il s’agit de la création « l’Ouverture de Toussaint », dont on vous avait déjà parlé il y a 2 ans pour les premiers concerts. Un spectacle autour de la figure de Toussaint Louverture, libérateur d’Haïti, mort en détention au château de Joux dans le Doubs. C’est d’ailleurs là-bas que le quatuor avait donné son premier concert, symbolique. Le quatuor, c’est Napoleon Maddox, le rappeur ricain exilé à Besac, Sorg, son BFF beatmaker bisontin, Jowee Omicil, saxophoniste de jazz haïtien et le pianiste légendaire Cheik Tidiane Sek (qui a été remplacé par Carl-Henri Morisset depuis). Un all star afro-caraïbe-jazz-hip-hop-electro.

Depuis la première date, Ils ont travaillé en studio et sorti l’album, tourné aux USA et aussi à Paris, ou la date du New Morning, produite également par La Rodia et Le Moloco a été un beau succès. Ils reviennent à la maison, pour une première date à Besac.

« À la base c’est Napoléon Maddox qui vient voir la Rodia. Il a appris que Toussaint Louverture est mort à quelques kilomètres de Besançon. Dans la communauté afro-américaine d’où il vient, Toussaint Louverture est une figure légendaire. Il a envie de monter quelque chose autour de lui », nous explique David. Quand on sait que le gars s’appelle Napoléon et que c’est Napoléon, justement, qui a envoyé Toussaint Louverture en prison à Joux, ça prend encore plus de sens. « Le projet est intemporel, et vue le climat politique du moment, autour des réfugiés, et ce qui s’est passé ces derniers temps à Besançon avec la statue d’Ousmane Sow, c’est un beau symbole. » Encore du symbole, décidément… « En plus, ça a créé de belles synergies. Avec les lycéens du Haut Doubs qui ont bossé autour de l’esclavage, avec la Maison de la négritude aussi. Un beau projet, gros projet, qui a déjà une belle réputation au national. On est fier de l’avoir porté. »

credit photo : JC Polien

Pour le futur, David, qui vient d’arriver, a déjà plein de choses en tête. Pas de révolution, mais des évolutions sensibles. « La Rodia, ça marche, c’est ultra-identifié, il y a une équipe solide, on ne va pas tout révolutionner. C’est 48 000 spectateurs par an, c’est énorme. D’ailleurs, à Besançon, il y a autant d’artistes que dans des villes comme Lyon ou Bordeaux. Il se passe vraiment quelque chose ». Le nouveau directeur aimerait que la Rodia devienne un élément de la vie de chaque habitant, qu’ils soient initiés à la musique ou pas. Au programme, faire vivre des expériences atypiques aux gens comme des concerts au lever du soleil à la citadelle, des balades à vélo, des lives dans une piscine, des invitations aux artistes à venir occuper la ville pendant une semaine, un travail pour que la Rodia soit aussi un lieu de vie en journée, sur l’utilisation de la terrasse au printemps notamment : « On a aussi envie de sortir du classique concert en inventant des formats différents sur la journée autour des concerts ». On pourrait parler aussi d’un dispositif pour accompagner les groupes locaux hors de la région ou de la sortie d’un livre au printemps sur l’histoire du rock à Besac. 450 pages, 102 portraits. Bim.

Texte : Chablis Winston // Photo : DR