Cet article ne traite pas des castors déglingués à l’eau-de-vie sur la colline du crac(k), on te parle ici des deux expo’ « Pas de cerise sans noyau » de Ju Hyun Lee et « La parabole du Bièvre » de Suzanne Husky au Centre Régional d’Art Contemporain à Montbé’, a checker jusqu’au 30 avril. Deux expo’ qui traitent du vivant et de l’agriculture.

On avait découvert l’artiste sud-coréenne Ju Hyun Lee à l’occasion du Festival Bol Bol Bol organisé par les ateliers Juste Ici à Besac’ où elle est artiste en résidence. Ju développe des projets artistiques en lien avec les plantes par expérimentations esthétiques, gustatives et collectives.

« Pas de cerise sans noyau » est une installation qui est le rendu de fin de résidence du projet « Crystal Kirsch » que Ju a mené à Fougerolles entre 2020 et 2022 ; un projet immersif dans le temple du Kirsch en BFC, dans le cadre de la résidence du Parc naturel régional des Ballons des Vosges.

L’exposition traite de ce savoir-faire agricole et du cycle de vie des cerises : les floraisons au printemps, les récoltes en été, la fermentation puis la distillation en hiver. Cycle qui est aujourd’hui déstabilisé par le changement climatique et l’augmentation des températures hivernales. Comme l’évoque Ju à Adeline Lépine, directrice du 19 Crac lors d’un entretien : « Pour celles et ceux qui sèment et cultivent, les graines ne sont pas simplement un morceau que l’on jette après avoir dégusté le fruit. C’est au contraire le début de tout et un tout ».

Pas de cerise sans noyau Ju Hyun Lee Sparse

La star ici est le noyau de cerise car c’est grâce à lui qu’on produit l’eau-de-vie et c’est aussi ce noyau qui assure la continuité du cycle de vie des cerises. Rassure-toi, il y a des dégustations prévues la journée du 25 mars. 

Dans son expo’, ces noyaux qu’elle a récoltés sont éparpillés au sol. On retrouve aussi des installations qui s’élèvent du sol au plafond, faites en papier de riz coloré naturellement avec des pigments issus de cerises noires pour donner cette couleur bleue violacée. Hana Jamaï, chargée de com’ au 19 Crac, nous donne des précisions sur ce qu’on pourra découvrir : « Il y a également un film qu’elle a réalisé avec l’artiste Sol Archer qui retrace les 4 saisons de son année passée avec les producteurs à Fougerolles ». 

Pendant sa résidence, Ju souhaitait réaliser un jacuzzi géant rempli de noyaux de cerise. Comme ce projet n’a pas pu voir le jour à cause du Covid 19, on ne pourra pas piquer une tête dans les noyaux.

En parallèle de l’expo de Ju, il y a l’expo « La parabole du Bièvre » de l’artiste et paysagiste Suzanne Husky. Pour info, le bièvre est une espèce sauvage de castor, dont il est question ici sous la forme d’un récit allégorique. À partir de maintenant, le castor devient notre animal totem.

L’expo’ retrace son travail de recherche et d’exploration qu’elle a mené autour de la figure de cet animal. « Il y a une double lecture de son exposition : d’un côté il y a un point de vue scientifique et de l’autre une lecture plus populaire » nous précise Hana. 

Pour monter son expo’ Suzanne ne s’est pas nourri d’écorces mais a interrogé des scientifiques pour la partie agro-écologique mais elle s’est aussi appuyée sur des histoires, fictions, des contes et légendes sur comment est perçu le castor dans notre société. (Père Castor… fucking legend). Suzanne nous transmet à travers cette expo’ la place importante qu’a le castor dans la protection de la biodiversité, « de la préservation des cours d’eau et de l’humidification des terres et forêts pour préserver les paysages des incendies qui ont lieu chaque été mais aussi de toute la vie qu’apporte les castors » ajoute Hana.

On trouve dans cette expo’ des aquarelles, plusieurs films documentaires dont un qui retrace l’expérimentation de Patti Smith qui a essayé de tisser des liens avec des castors. Oui, tu as bien lu. On verra des branchages récupérés dans la rivière de l’Allan qui traverse Montbéliard, des bois rognés par les castors. Des éléments prétés par le Musée de la ville et aussi des t-shirts récupérés et brodés pour représenter le côté militant de son travail, qui seront distribués à des associations de protection de la biodiversité. 

Texte et propos recueillis par Maïa // Photos :  © Le 19, Crac