Entre la Colombie et La France, il y a sûrement l’Océan Pacifique, mais il y a surtout Pixvae. Le groupe, originaire de Lyon, signe un nouvel album, Oi vé, qui sortira le 17 mars, jour de leur concert à La Cave à Musique à Mâcon (reste jusqu’à la fin, t’auras une récompense). Un deuxième disque qui confirme la sauce PIXVAE : ils s’inspirent du currulao, musique traditionnelle colombienne en la mélangeant avec un rock quasi-noise. Une confrontation des genres dont nous parle Romain Dugelay, compositeur, arrangeur et saxophoniste bariton du groupe. 

Vous vous êtes rencontrés comment tous les 7 ?

C’est une assez longue histoire pour la configuration actuelle, y’a une partie du groupe qui est en France, l’autre en Colombie. On s’est rencontrés à la base avec Jaime Salazar, qui n’est plus dans le groupe, y’a à peu près 10 ans quand il était en France. C’est lui qui a amené l’impulsion colombienne à Pixvae. C’est aussi lui qui a fait que 3 ans après la création du groupe, on est allés en Colombie. Là-bas, on a rencontré un tas de musiciens et les trois musiciens qui nous accompagnent actuellement. À Bogotà, on a rencontré Juan Carlos et sur notre deuxième séjour, où on a enregistré notre deuxième album, à Cali, on a rencontré Israël et Xiomora Torres, nos deux chanteurs.

Votre musique est inspirée d’un genre afro-colombien, le currulao, une musique entraînante qui prône la joie et le bonheur. Tu connaissais cette musique avant Pixvae ?

À l’époque, Jaime m’a fait écouter des enregistrements de currulao, c’est une musique colombienne très régionalisée dans la côte sud du pays, et c’est ça qui a créé le groupe. Je découvre cette musique, je trouve ça complètement fou et je me dis que j’ai envie de la mélanger avec mes inspirations personnelles. C’était ma première rencontre avec cette musique. Au fil de l’existence de Pixvae, quand on a rencontré des gens qui pratiquaient et faisaient vivre cette musique, ça a continué de tracer le chemin. C’est une musique de danse, de fête, de célébration beaucoup. C’est une musique très représentative de cette région, qui prône le rassemblement.

La patte Pixvae, c’est la collision entre le currulao et un rock punk et psyché. Tu joues du saxophone bariton et t’es aux claviers, tu te situes où entre ces genres ?

À l’époque, je travaillais en trio avec le batteur Léo Dumont et Damien Cluzel à la guitare. À la base, avec le saxophone, je viens du jazz, mais avec ce trio, on allait plutôt chercher vers le rock. J’écoutais pas mal des groupes comme Deerhoof, on écoutait un trio qui s’appelait Zoo, c’est des groupes avec des sons qui s’approchent du noise-rock. Moi je cherchais ça, cette croisée entre le noise rock et une écriture héritée du jazz dans la complexité rythmique. C’est là que les univers se sont recroisés.

Et les ponts avec le currulao se fait facilement ?

Moi c’est quelque chose qui m’intéresse vraiment, le travail sur le rythme, que je pratiquais déjà dans ma musique. Et là, de confronter mon écriture à une musique qui a une imprégnation rythmique hyper forte, y’a quelque chose qui est quand même éloigné de moi, des rythmes très ternaires, ça m’a particulièrement intéressé, déjà par ma curiosité et pour aller travailler cette matière avec la mienne et voir comment on peut trouver des ponts. Je trouve que dans le currulao, en tout cas par rapport aux voix et aux tambours, t’as une énergie très puissante. T’es pas dans un son rock, mais tu mets 3 voix colombiennes, ça te décoiffe, c’est très timbré. T’as deux puissances sonores qui viennent se mettre ensemble, et ça fonctionne plutôt bien. On n’est pas sur de la bossa nova en termes de sons, on est sur quelque chose de très direct.

« On a été confrontés à des questions d’appropriation, et c’est normal »

Il y a une volonté du groupe de désenclaver la musique ?

Il y a une intention musicale qui nous a fait rencontrer pleins de gens qui nous nourrissent musicalement, humainement. Tu parlais de collision tout à l’heure, et cette confrontation provoque de l’artistique, du métissage, des nouveaux mélanges, et pour moi c’est hyper important de faire ça avec des gens qui sont géographiquement éloignés. Y’a un mouvement assez fort en ce moment de travailler avec des gens de partout dans le monde, avec tout ce que ça peut avoir de négatif aussi, parce qu’on a été confrontés à des questions d’appropriation, et c’est normal. Mais après tout tient dans la manière dont on fait les choses, notre idée, c’est faire ça avec des gens qui habitent vraiment là-bas et de changer constamment les points de vue, savoir comment on est perçus, comment eux perçoivent la chose, on avance sur un terrain un peu miné.

Les thèmes des chants, c’est quoi, du religieux ?

Dans cette musique traditionnelle, il peut y avoir des chants religieux, mais sur notre disque, c’est plutôt des chants autour du quotidien. Oi vé, notre single, c’est une invitation à la fête, à la danse, à venir partager. Souvent, au milieu du morceau, les musiciens font des improvisations autour des instruments autour de nous, ils parlent de la marimba. On parle de ce qui nous arrive. Notre dernier disque, Oi Vé sort le 17 mars, on l’a enregistré l’année dernière, en mars quand on s’est revus. On a beaucoup plus écrit avec la marimba sur ce disque et puis on a travaillé sur des compositions et non des musiques traditionnelles. Je trouvais ça chouette de proposer aux musiciens qui pratiquent cette musique quotidiennement d’écrire pour le disque.

PIXVAE sera à La Cave à Musique à Mâcon le 17 mars pour une Release Party en feu ! Commente l’article et tente de gagner 2 places !

Texte : Paul Dufour / Photos : Bertrand Gaudillère