Oublie Demis Roussos, Johan Papaconstantino s’installe comme le nouveau fleuron de la musique grecque. Mélangeant avec habileté les prods hip-hop et électroniques, les sonorités orientales de son bouzouki et sa voix posée et auto-tunée, il ne manquera pas de faire chalouper La Vapeur pour son concert le jeudi 23 mars (on te fait gagner des places en fin d’article !). Remarqué par sa reprise des Mots Bleus de Christophe, on a causé avec lui de la sortie de son nouvel album « Premier Degré ».

Ta musique est gorgée d’influences : du hip-hop, du rap mélangé avec de la musique traditionnelles. Tes playlists sont-elles tout aussi variées ?

C’est vrai que j’ai des influences larges. Une de mes playlists s’appelle « bonne ambiance », c’est peut-être ça le point commun de tout. J’ai des grands axes principaux autour de la musique grecque, roumaine, du flamenco, qu’on appelle plus largement musique orientale même si ça veut pas dire grand-chose. J’ai cet axe là qui est plus culturel qui vient de ma famille, après j’ai toute une partie musique funk/house/électro. Ça va être aussi de la musique brésilienne. J’écoute aussi pas mal de Shatta.

T’as commencé avec des DJ sets puis dans un groupe, La Tendre Émeute ?

J’étais batteur-guitariste (!) avec ce groupe de potes, c’était mes premières expériences de concert, au départ, j’ai commencé à faire de la musique avec des platines. Ce m’a permis de m’intéresser à la guitare puis à la batterie et puis plus récemment la prod.

Quand as-tu décidé de poser ta voix ?

À la base, je ne voulais pas être chanteur. J’ai commencé en vérité parce que j’ai sorti mon premier son solo sur une séparation, « Pourquoi tu cries ?? », c’était un moyen de me faire remarquer. C’est comme ça que j’ai passé le cap de la voix. Au départ, je faisais des prods, mais ça me faisait chier de faire juste ça, car ce qui me touche le plus dans la musique personnellement, ce sont les voix, ça me procure le plus d’émotions. Je trouvais juste que ce que je faisais manquait de vie.

Ta voix, c’est une part de ton identité, et puis un autre motif, c’est aussi ce mariage avec le bouzouki, une sorte de guitare grecque ? Cet instrument te suit beaucoup ?

Ouais, il est imprimé en moi, parce que je l’adore, et c’est quelque chose qui est très personnel. Quand j’étais au collège, y’a des musiques que je pouvais pas faire écouter à mes potes, car ils n’avaient pas les codes. Toute la musique folklorique, tradi, c’est quelque chose que j’ai gardé pour moi et que j’ai caché aux gens de mon âge. Aujourd’hui, le fait d’en mettre, c’est déjà une originalité, y’a pas du bouzouki partout et c’est une volonté de partager quelque chose que j’ai pas pu partager.

Les thèmes de tes chansons sont variés ; on va de la séduction à la nonchalance de ton chat ? T’as des thèmes de prédilection ?

Je pense que beaucoup de l’album parle d’amour. Je crois que c’est le thème avec lequel j’ai le plus de résonance, j’ai du mal à parler d’autre chose : peut-être que ça changera. L’amour c’est tellement large. Mais il faut essayer d’apporter des images intéressantes. Parfois je vais être dans la dramaturgie, mais je pense que suis aussi dans la légèreté dans l’album. C’est un équilibre qui me va bien. Avec une prise de recul sur l’album, l’appeler « Premier Degré », la cover et l’album, c’est tout le paradoxe entre le sérieux et la légèreté. J’ai mis énormément de temps à faire cet album car j’ai produit, enregistré, mixé… J’ai juste eu l’aide d’Antoine Thibaudeau pour le mixage, j’ai fait les choses de A à Z, donc tu peux pas faire plus personnel. Depuis mes premiers sons, j’apprends, j’ai l’oreille affûtée. Je crois que je suis jamais satisfait complètement, et si j’ai mis autant de temps je pense que c’était parce que j’arrivais pas à accepter les étapes. Dans mon ressenti, je touche à peine du doigt la musique que j’ai envie de faire. Mais cette vision me motive.

Cet idéal, il ressemble à quoi ?

Finalement cet idéal, c’est pas de faire des choses compliquées. C’est quelque chose de simple. C’est de faire une musique qui est évidente, qui tomberait sous le sens. C’est la musique de « Contre-Jour », mon premier EP, mais qui soit encore plus parlante, évidente, mieux quoi.

C’est pas un peu chaud de gérer tout les niveaux de ta musique ?

Ouais c’est difficile. Car je pense que j’ai un avis sur toutes les étapes. Dans l’étape la plus technique qui soit, y’aura toujours pour moi de l’artistique à faire. Je suis sensible au son, comment il est fait, et j’aime progresser là-dessus pour arriver à faire des choses très personnelles. Et apprendre ces choses-là, c’est aussi mon côté très geek. Je pense que je survis dans la musique aujourd’hui parce que je fais de la musique qui peut paraître étrange avec des influences variées mais qui est très personnelle. En espérant que ça parvienne jusqu’à Dijon et qu’il y aura du monde dans la salle.

Bravo, t’es arrivé jusque-là ! Maintenant, t’as juste à lâcher un commentaire pour gagner 2 places !

Texte : Paul Dufour / Photos : Jehane Mahmoud