Comme quoi, c’est dans le sang des Johnny de faire du rock de qualité. Le trio lyonnais Johnnie Carwash a remplacé le -y par le -ie, le rock de ricain par un rock pop garage bien moins mascu et pourtant, aux premiers accords de guitares, au premier coup de cymbales, les muscles de ta nuque se tendent : ouais, tu ne rêves pas, t’as envie de headbanger. Bastien à la basse, Maxime à la batterie et Manon à la guitare et au chant ont pris possession de tes moindres mouvements. On a causé avec les Riri, Fifi et Loulou du rock français lors de leur passage à LaPéniche à Chalon.

Manon, Bastien, Maxime, vous vous êtes rencontrés dans des jams à Lyon, vous finissez à répéter dans un local à côté d’un carwash, d’où votre nom. Qu’est-ce qui a fait que ça a collé entre vous ? Même inspirations musicales ? 

Maxime : Je viens de lire l’horoscope, donc je crois que c’est les étoiles. Faire un groupe avec Bastien et Manon, c’était écrit. 

Bastien : On avait envie de faire la même musique en fait. 

Manon : On le dit à chaque fois, Frankie Cosmos nous a beaucoup réuni, parce que sinon on n’écoute pas la même chose. 

Maxime : Y’a quand même chez nous trois une bonne base de rock; ACDC, Nirvana… Mais moi en ce moment j’écoute beaucoup de la Motown, pleins de trucs super vieux.

Bastien : Moi j’avoue que j’écoute pas énormément de musique, je plaide coupable.

Dans le groupe, les rôles sont très définis ? 

Bastien : Souvent c’est Manon qui arrive avec sa chanson, ses couplets, ses accords, un texte pas forcément fini, ça arrive en répèt et on refait le morceau ensemble. 

Maxime : Notre rôle avec Bastien, c’est de détruire tout ce que Manon a fait *rires

Manon : Y’a des cris, des larmes, puis une phase d’adaptation et après je me dis que c’est bien quand même. 

Vous avez sorti votre premier album, Teenage Ends, fin de l’adolescence en français mais j’ai l’impression que vous restez des grands enfants malgré tout ? 

Manon : Oui, ce qui est important pour nous, c’est de s’éclater. Si on s’amuse pas, y’a aucun sens à notre musique. 

Bastien : C’est aussi un exutoire pas mal. Crier des choses, ça libère bien. 

Manon : En plus avec le live, la dose d’adrénaline que ça te procure, tu deviens un peu fou. 

Bastien : Quand on est sur scène, c’est le seul moment où on ne travaille pas en fait. 

Manon et Maxime : Ohhhh c’est beau. 

Et puis dans les textes, y’a de l’absurde, du léger ? 

Manon : Je pars sur le principe que tu peux écrire sur tout ce que tu veux, ça peut être des trucs sérieux, ça peut être fun, écrire « Public Toilet » par exemple ça me faisait juste marrer. Je pense pas que je suis la meilleure parolière de la Terre, j’écris des trucs très simples et francs, je fais pas de grandes métaphores, et c’est ça qui me plaît. 

Maxime : Moi qui suis pas dans les textes, j’aime bien l’idée qu’on puisse écrire des chansons avec un texte triste et sombre et qu’on le joue avec le sourire en total décalage. 

Avec toutes ces histoires d’adolescence, ça va, la crise de la trentaine, ça se passe bien ? 

Manon : Non, moi j’ai toujours 20 ans, je vois pas de quoi vous parler. Je n’entends pas. J’ai pas hâte de vieillir, mais je vais l’embrasser, j’ai pas le choix. 

Maxime : Perso j’ai eu la crise de la trentaine quand j’avais 18/19 ans, je crois que je suis né vieux, donc aucun soucis avec ça. 

Mais pour vous d’ailleurs, ça commence où et ça finit où l’adolescence ? 

Maxime : Ça doit commencer à la puberté, j’imagine, partons sur un truc très biologique. Ou avec les premiers trucs relous, les responsabilités.  

Manon : Et je pense que ça finit un peu jamais.

C’était quoi votre artiste ou chanson fétiche d’ado ? 

Manon : J’étais une fan d’Emma Daumas. C’était l’Avril Lavigne française. J’ai retrouvé un son y’a pas longtemps dont j’étais obsédée, c’est Narcotic de Liquido. 

Maxime : Moi je dirais Boys Don’t Cry de The Cure. 

Bastien : Nirvana à donf 

Le truc que vous trouviez stylé ado ? 

Maxime : C’était les gens avec une batterie avec deux grosses caisses, 10 toms, autant de cymbales 

Manon : Moi c’était les meufs aux longs cheveux blonds avec une couleur au bout, genre Emma Daumas quoi. 

Bastien : Les pics dans les cheveux c’était bien stylé aussi avec des racines brunes et les mèches blonds. Des mèches avec des flammes et des dragons. 

Manon : Très SUM41 quoi

Et le rêve d’ado ? 

Tous les trois : Monter un groupe et faire de la musique.

C’est beau, j’espère que vous avez d’autres rêves maintenant que celui-là est réalisé.

Bastien : Il me manque peut-être une chemise à flammes pour combler mes rêves. 

Sur la sortie d’un album, y’avait un défi auquel vous ne vous attendiez pas ? 

Bastien : On a eu beaucoup de préparation qui n’avait rien à voir avec la musique. Trouver des sous, faire de la com, de la presse. 

Maxime : C’était préparer la sortie de single, des clips. Au début du groupe, on allait dans le local, quand on avait un morceau prêt on enregistrait, ensuite on faisait le clip, on balançait sur Internet, on faisait un concert alors que les morceaux étaient à peine prêts. 

Manon : En fait c’est la partie business, tu t’attends pas à tout ça avec un premier album. D’être 1 an en préparation de tes morceaux que tu joueras plus tard, tu prépares des clips, tu penses thune à fond et c’est pas trop notre truc. On apprend sur le tas et on apprend encore car on entame notre deuxième album et on est toujours pas prêts je crois.

Qu’entends-je ? Un deuxième album ? 

Manon : Ouais, on a fait une pause dans la tournée de décembre à mars pour composer un deuxième album. On est en tournée depuis 1 an sur des chansons qu’on a préparées 1 an avant ça, donc on commençait à en avoir marre (même si on joue toujours ces chansons). Mais voilà, on voulait faire de nouvelles choses, et c’est super excitant, j’ai trop hâte que ça sorte. Je suis pas sûre que ce sera très différent de ce qu’on fait actuellement, j’ai pas le recul pour le dire, mais ce sera nouveau.

Texte et photos : Paul Dufour