French 79 aka Simon Henner, c’est le producteur électro français qui s’exporte partout en ce moment. Après des aventures avec Nasser ou encore Husbands avec Kid Francescoli, il trace sa route en solo. French 79 défend son 3e album dans une tournée dingue, qui passait par Dijon. On l’a rencontré juste avant son passage à La Vapeur fin novembre dernier.
En partenariat avec Radio Dijon Campus, bien sûr.

Tu as sorti ton nouvel album Teenagers en mai dernier. Cette tournée, tu l’as commencée en Pologne à Varsovie, depuis tu sillonnes l’Europe et les U.S.A. Là, tu es en Espagne et dès demain tu retournes en France. Comment ça se passe cette tournée ? 

Quasiment tout est complet en Europe donc ça fait plaisir. Je reviens d’un mois aux États-Unis. On a fait tout le tour des USA dans des belles salles, donc je vois pas comment je pourrais ne pas être content !

Samedi, on a la chance de te retrouver sur la scène de La Vapeur à Dijon. La dernière fois, c’était pour l’ultime saison du festival GéNéRiQ en février 2020, tu es l’un des derniers artistes que les dijonnais ont vu sur scène, juste avant que le COVID stop tout. Est-ce que ces 2 ans de crise sanitaire ont été bénéfiques pour toi dans ton écriture ?

J’ai un très bon souvenir de ce festival et de la salle. Donc j’ai quand même bien hâte de revenir jouer ici. Et pour répondre à ta question, non, pas du tout. Ces deux années de COVID ont été bien pourries. J’ai commencé à composer, et ce que je faisais c’était vraiment pas bien, donc j’ai tout jeté à la poubelle. Et je me suis aperçu à ce moment là qu’il fallait que je vive des choses un peu trépidantes dans ma vie pour pouvoir composer, avoir des choses à raconter.

Tu as confié au magazine Sparse en 2020, que tu avais écrit ton 2ème album sans t’en rendre compte pendant que tu tournais avec Nasser, ton groupe. Est-ce que l’écriture de ton 3ème album, ça a été le cas ? Tu l’as aussi écrit sans t’en rendre compte ? 

Non, je m’en suis rendu compte parce que c’était à un moment donné où j’voulais faire un 3ème album. C’est une des premières fois où j’me suis permis de prendre du temps que pour ça. J’suis assez content, il y a une continuité dans les morceaux et un fil directeur, contrairement aux albums d’avant. C’est juste une manière différente de composer : passer 6 mois à ne faire que ça, ou composer un titre sur 2/3 ans de tournée, c’est pas du tout pareil. Vu que j’aime plutôt l’alternance et que c’est des choses différentes, c’était cool de faire cet album-là sur une période restreinte.

Tu as enregistré ton nouvel album, Teenagers, chez Jean-Michel Jarre, ça fait quel effet ? Est-ce que tu as joué sur des synthés que t’avais pas encore utilisés ?

« J’ai pu toucher des synthés qui n’existent plus. Y’en a un, il n’en reste plus qu’un exemplaire, et c’est lui qui l’a. »

J’ai pas composé chez lui. On s’est croisé plusieurs fois, et il m’a proposé de venir enregistrer chez lui, et c’était une chance de le faire dans son studio. C’était quand même quelque chose qui était assez hallucinant pour moi, du coup j’en ai profité. Chez lui c’est un studio incroyable, où y’a absolument tous les instruments qui existent au monde. Et ouais, j’ai pu toucher des synthétiseurs qui n’existent plus; y’en a un par exemple, il n’en reste plus qu’un exemplaire, et c’est lui qui l’a. Donc j’ai pu manipuler des choses qui m’ont toujours fait rêver depuis ma petite enfance, donc c’était un sacré kiff.

Est-ce que tu as déjà fait des lives ou des collaborations avec des instrumentistes ? Pour reprendre tes sons, mais avec des instruments dit classiques ? 

Oui, il y a eu des adaptations d’orchestres de mes morceaux qui ont déjà été faites en live, mais que je n’ai pas encore pu sortir.

Teenagers ça veut dire adolescent, au début je me suis dit que c’était un hommage au jeune Simon que tu étais quelques années avant, mais du coup pourquoi ce “s” au pluriel ? 

Ça parle plutôt d’une période. Donc ça ne concerne pas que moi, j’ai essayé d’exprimer de manière générale ce qu’on ressent quand on est adolescent. C’est pour ça que je l’ai mis au pluriel. 

Tu t’es fait connaître car plusieurs de tes musiques ont été utilisées pour des pubs, comme le titre Diamond Veins. Ça fait beaucoup de monde qui écoute ta musique sans forcément savoir que c’est de toi, qu’est-ce que ça te fait ? Est-ce que ça te dérange, où ça te plaît ? 

Ça me plaît, si je fais de la musique, c’est aussi pour la partager à d’autres personnes. Je fais aussi des morceaux que je ne partage avec personne, parce que c’est des trucs complètement barrés qui ne font plaisir qu’à moi. Je trouve que le but de tout musicien, c’est quand même de se faire plaisir. Mais on cherche aussi à s’exprimer pour les autres. Donc plus il y a de gens qui écoutent ma musique, plus je suis content.

D’ailleurs, ton projet marche bien à l’étranger, il y a quelques années tu disais que l’électro était la musique qui s’exportait le plus facilement dans le monde. Quatre ans après, elle en est où la french touch électro ?

Je pense que c’est toujours pareil, même encore plus maintenant, parce que c’est toujours la musique française qui s’exporte le mieux, limite la seule. Personne n’écoute la variété française, si ce n’est au Canada. Mais en dehors des pays francophones, la seule musique qui bouge partout elle est forcément instrumentale. Et la 1ère french touch était tellement de haute qualité qu’elle a permis de marquer d’un coup de fer rouge que la musique électronique française était bien. Donc merci, c’est grâce à eux cette musique s’exporte toujours aussi bien, voire de mieux en mieux.

Propos recueillis par Emma Lahalle // Crédits photo : Jean-Michel Jarre