Décembre approche. Dans son sillage, deux certitudes : devoir se fader les tubes de Noël de Mariah Carey et découvrir les Top Albums de la presse spécialisée. Dans lesquels devrait légitimement trôner Thanks For The Noise, premier album du groupe toulousain MADAM. Depuis cette sortie, le trio féminin a retourné toutes les scènes de France et en a encore fait la démonstration lors de la Halloween Party du Moloco. Rencontre avec le groupe quelques heures avant la déferlante.
Vous étiez à la base un quatuor. Est-ce que c’est en tant que trio que vous avez trouvé votre alchimie ?
Gabbie (chant / guitare) : Clairement ! Quand Chris est partie, on s’est demandé ce qu’on allait faire parce que je n’étais pas du tout guitariste à l’époque. On s’entendait très, très bien toutes les trois et on n’avait pas forcément envie de mêler quelqu’un qu’on ne connaissait pas à cette entente. On a donc décidé de rester ensemble et à partir de ce moment-là tout est devenu facile, humainement, en termes de compositions, sur la route, les concerts. C’est là que tout s’est concrétisé pour de vrai. Et puis, la formule à trois : guitare/basse/batterie, elle est parfaite pour ce qu’on fait. Du rock tout droit.
Entre la sortie de votre premier album, les dates à Rock en Seine et au Royaume-Uni et le tour bus avec Sidilarsen, est-ce que 2024 ne serait pas votre année majeure ?
Gabbie : Depuis qu’on a repris après le covid, chaque année est une année majeure ! On passe sans arrêt des objectifs assez fous et 2025 ne s’annonce pas plus dégueulasse (rires). C’est ça qui est super motivant ! Là, tu vois, on se disait, on est pas si tristes de lâcher le tour bus avec Sidilarsen parce qu’on sait que, derrière, il y a d’autres choses incroyables qui arrivent. Tout s’enchaîne naturellement. Et la demande est là, donc on sait qu’on est tranquilles un moment avec cet album-là !
Vous vous attendiez à une telle hype après le premier album ?
Gabbie : Je ne sais pas si c’est vraiment possible à prévoir, c’est tellement impalpable le fait de réussir à vivre de la musique. Et on le sait, on est tellement entourées de copains ultra-talentueux qui font de la musique et qui se démènent pour arriver à faire quelque chose. Je dirais qu’il y a un mélange de travail, d’alchimie et de chance aussi. Et on est conscientes de la chance que l’on a d’être là où nous sommes aujourd’hui. Notre métier, c’est MADAM et c’est trop bien !

Comment fait-on pour choisir des singles quand chaque titre de son album est un banger ?
Gabbie : (rires) Merci, ça fait plaisir. Mais alors comment on a fait ? La Meute c’était évident parce que c’est un morceau qui est assez différent de ce qu’on faisait avant. Ça nous permettait de marquer un truc, genre « c’est notre premier album, tiens, prends ça, c’est la bagarre » ! Mais c’est marrant parce que c’est sûrement celui qui se rapproche le moins d’un « tube », ce n’est pas un titre dont le refrain va particulièrement te rester en tête. J’ai l’impression que c’est un morceau plus intelligent que ce qu’on fait d’habitude. C’est pour ça qu’on a choisi Dance en deuxième single, pour rabaisser le niveau (rires). Pour le deuxième single, on s’est demandé ce qui marchait le mieux en live et on a demandé autour de nous. Notre attachée de presse nous a répondu que Dance avait ce potentiel radiophonique. On l’a écoutée et on a bien fait !
La Meute en premier single donc. Il représente quoi ce terme pour vous ?
Gabbie : La Meute, ça parle de séparation, amoureuse ou amicale. Et du rejet que cela peut engendrer de la part de tout un groupe. Moi j’ai vraiment vécu ce truc, de me séparer d’une personne et de me retrouver, d’un coup, avec plein de gens qui décident de ne plus m’adresser la parole. Je me suis dit « je me suis fait exclure de la meute, tant pis, je vais créer la mienne ». Et avec MADAM maintenant, on a notre propre meute et on a envie de dire aux gens que tout le monde y est bienvenu.
C’est pour ça que ça nous semblait intéressant de la mettre en ouverture de notre premier album. Parce que plein de gens allaient nous découvrir là-dessus. On fait de la musique pour la partager et quand on voit les salles dans lesquelles on joue aujourd’hui comparé à il y a trois ans, on se dit que la meute s’est déjà bien agrandie. Et pas particulièrement avec un public type, ce qui nous va très bien comme ça. On n’a jamais voulu être un groupe de niche, on veut parler à tout le monde. Notre public est assez hétéroclite, en âge, en genre… On est programmées sur des festivals très différents, métal ou pop et on peut jouer soit au côté de rappeurs ou de groupes comme Birds in Row. C’est l’objectif qu’on avait et, pour l’instant, on arrive à le garder ! Être underground, ce n’est pas forcément notre délire.
On n’a jamais voulu être un groupe de niche, on veut parler à tout le monde.
Le rock français ne s’est jamais aussi bien porté avec des groupes hypra-talentueux qui émergent dans chaque ville de France. Vous vous placez où dans cette scène et comment expliqueriez-vous ce renouveau ?
Gabbie : On adore découvrir les groupes avec lesquels on partage l’affiche dans les différentes villes où on joue. On a une vraie fascination pour les groupes émergents, les groupes de scènes locales. C’est vraiment inspirant. Nous, on est de Toulouse où la scène est ouf ! Il y a plein de gens de styles différents qui se battent pour faire de la zik avec de vraies pépites. Globalement, j’ai l’impression que Last Train, en créant leur agence Cold Fame, a beaucoup fait pour la scène rock française. Ils ont permis à des groupes rock d’exister.
Et ça a inspiré pas mal de monde, en prouvant qu’on pouvait faire du rock pas commercial et quand même réussir à faire des grosses tournées et remplir de grandes salles. Et je dirais aussi que Måneskin à l’Eurovision a déclenché plein de trucs. Je passe beaucoup de temps sur les réseaux et il y a clairement eu un avant et un après Måneskin sur Tiktok. D’un coup, plein de tendances se sont basées sur des musiques rock. Le public n’est plus le même depuis. On le remarque sur nos concerts où on se retrouve maintenant avec véritablement des gosses qui viennent nous voir… avec des pures dégaines !
Texte : Picon Rabbane // Photos : Nathan Fabry