Le Frac Franche-Comté s’habille depuis le 17 novembre d’une nouvelle exposition : « Étonner la catastrophe », composée d’œuvres de June Balthazard, Mégane Brauer, Mathilde Chavanne, Hippolyte Cupillard et Jordan Paillet qui ont tous en commun leur ancrage bisontin via l’école des beaux-arts, connue aussi sous l’acronyme ISBA. Des artistes qui ont quitté l’école depuis peu, voire très peu de temps, et qui profite de l’architecture de Kengo Kuma pour pouvoir exposer. Cinq arguments coup de poings pour vous convaincre de faire confiance aux jeunes.
1 – June Balthazar : Le Morvan comme vous l’avez jamais vu
Redécouvrez le Morvan, façon Lord Of The Ring avec des enfants qui ont fait l’école buissonnière et qui partagent les valeurs de Greta Thunberg. Le film est conçu autour d’une légende sur une soi-disant croisade d’enfants au XIIIème siècle. Si on ajoute que l’œuvre est à regarder, assis sur un tronc d’arbre, ça fait une sacrée mise en abîme.
2 – Mégane Brauer : Un, Dos, Tres dans un Frac !
Mégane Brauer s’interroge sur les rapports sociaux, une lutte des classes 2.0 qui passe par des natures mortes en plastique, ou des draps quotidiennement aspergés d’adoucissant. Cacher cette misère que je ne voudrais voir, derrière un apparat clinquant. Mention spéciale pour tous les fans de la série espagnole Un, dos, tres : on voit une œuvre à la gloire de Pedro, le parvenu de la série qui réussit à grimper l’échelle sociale… Dommage que ce soit qu’une série TV…
3 – Mathilde Chavanne : Don’t Cry For Me Argentina
Dans la peau de Gabriel, on suit un artiste mélancolique qui cherche désespérément un sens à sa vie et pourquoi pas à son œuvre. Et si c’était l’amour, le plus vieux remède du monde, qui pourrait être la voie de son salut ? À vous de voir dans ce court métrage sensible et sensé. Mathilde qui se consacre principalement au cinéma, augmente son œuvre de portraits d’élèves accompagnés lors d’interventions artistiques en milieu scolaire et superbement « enluminé » à la couverture de survie. Classe.
4 – Hippolyte Cupillard : Mon voisin Hippolyte
En regardant l’œuvre d’Hippolyte et en l’écoutant, on comprend l’abnégation, la patience et le sérieux qu’implique le travail d’animation. Surtout quand celui-ci est réalisé loin des mastodontes Pixar and co, à savoir en toute indépendance. Normal que l’œuvre d’Hippolyte soit contemplative et hyper léchée, invoquant les maîtres Miyazaki et autre René Laloux (Si vous n’avez pas vu Planète Sauvage on vous conseille d’ailleurs de foncer). Un travail d’orfèvre et d’artisan qui fait du bien dans un monde rempli d’IA et d’instantanée. Un luxe.
5 – Jordan Paillet : Bonjour Monsieur Andersen
Prendre le conte de la petite fille aux allumettes et le mettre sur un catwalk, il fallait y penser. Surtout quand cette démarche est amplifiée par la seconde main. En filigrane, on questionne les codes de la haute couture qui s’imprègne de la rue et de la fast fashion, un peu comme un arroseur-arrosé. Jordan transforme donc des pièces dont personne ne veut (récupéré à Emmaüs ou lui-même a bossé) en œuvres d’arts et pièces uniques en y ajoutant l’histoire, le conte. Ces pièces reprennent un sens, une noblesse et seront vendues aux enchères lors du finissage. Comme quoi, tout se recycle.
Cette présentation n’est bien sûr qu’un préambule de ce que vous pourrez voir de vos yeux au FRAC Besançon jusqu’au 30 mars 2025. Une chose est sûre ; la nouvelle garde artistique présentée au FRAC rend la catastrophe annoncée, un peu plus digeste à nos yeux.
Texte : FLT // Illustration : Hippolyte Cupillard