Un an et demi après la première édition chalonnaise, Ekhoes s’installe dans le nord de la Bourgogne à Auxerre, pour trois jours hauts en musiques électroniques et en expériences sonores du 16 au 18 avril. Entre les nombreux concerts, ateliers et projections, Sparse est allé à la séance d’écoute du podcast Sochaliens hier au Silex.

Après Chalon-sur-Saône, destination Auxerre où un vent de musique électronique et d’expérience sonore souffle particulièrement fort au Silex, à l’Abbaye Saint-Germain et à l’Auditorium du Conservatoire en cette mi-avril.  Organisé par le Centre National de Création Musicale Ici l’Onde avec la compagnie Alcôme, le festival biennal affirme sa volonté d’étendre l’accès aux musiques expérimentales à des publics non-adeptes. « On a pris le pari d’aller dans une ville dans laquelle il n’y a effectivement pas beaucoup d’initiatives autour des questions expérimentales. Il n’y a jamais eu d’orchestre de haut-parleurs à Auxerre », explique Nicolas Thirion, vice-président d’Ici l’Onde.

« On est sur tout un travail et une réflexion autour de la valorisation des marqueurs de territoire »

Ekhoes explore le son sous toutes ses formes : concerts électro, installations sonores, projection animée, podcast, et même… l’Acousmonium ! L’acousmo-quoi ? Il s’agit de cet orchestre de cinquante haut-parleurs qui spatialise le son à 360 degrés.  Souviens-toi, on t’avait déjà parlé de ce cinéma pour l’oreille en fin d’année dernière dans un article dédié au festival Ondes Croisées. Et si ton appétit de découvertes sonores en tout genre n’est pas coupé, Ekhoes a prévu un atelier hors les murs qui vas te rassasier : de l’ASMR électronique au centre-ville. Allongés pépère sur des transats, un casque sur les oreilles, les passants se laissent aller pour un massage sonore façon yoga du rire.

Supporter un jour…

En s’asseyant sur l’un des vingt sièges de la scène du Silex pour la séance d’écoute du podcast Sochaliens, on se retrouve transporté le temps d’une heure au cœur des tribunes du stade Auguste-Bonal, brulantes de passion. Réalisé par Antoine Richard et Ma Scène Nationale, le documentaire audio laisse la parole à des habitants d’une ville industrielle d’horizons différents, mais tous reliés par une seule chose : le FC Sochaux Montbéliard.  « Je n’aime pas le foot, j’aime le FC Sochaux », peut-on entendre s’échapper des différents témoignages.

Joué par sept hauts parleurs autour de l’auditeur, le son se balade d’une enceinte à l’autre au rythme des pas d’un supporter, d’une discussion dans une voiture, ou des chants du stade. Plus que du foot, chaque match de l’équipe jaune et bleue est un rituel : le chemin jusqu’au stade, les retrouvailles avec la famille et les amis, les rencontres avec ceux qu’on ne voit qu’au stade, se défouler et exprimer ses émotions… Pourtant, tout aurait bien pu s’arrêter en 2023 avec un dépôt de bilan. Le club est finalement sauvé par les Sociochaux, une association de supporters devenue actionnaire du club. « On est sur tout un travail et une réflexion autour de la valorisation des marqueurs de territoire », estime Fabrice Boy, directeur adjoint de Ma Scène Nationale. Si l’AJ Auxerre et le FC Sochaux connaissent des différends sur le plan sportif, les deux équipes se rejoignent sur la ferveur collective et le sentiment d’appartenance, élaborant un maillage social.

… Supporter toujours

Quittons un instant Bonal pour revenir à la séance d’écoute au Silex. Alors que certains auditeurs ferment les yeux pour une meilleure immersion, d’autres fixent les quatre projecteurs jaunes et bleus illuminant la scène. Sans smartphone ni autre distraction, cette séance d’écoute collective propose une nouvelle approche du podcast, habituellement consommé seul, en arrière-plan d’une autre tâche. « On a voulu inclure au festival des technologies high-tech et la question des nouvelles narrations avec le podcast et le son immersif », affirme Nicolas Thirion.

En attendant une prochaine séance d’écoute à Ekhoes, ne manque pas la soirée de clôture de cette deuxième édition aujourd’hui au Silex et à l’auditorium du conservatoire. Ça promet d’être électrique !

Texte : Killian Cestari // Photos : Ici l’Onde