Metronomy fait l’unanimité ici à la rédac’ de Sparse ; chacun a son titre préféré, et c’est forcément jamais le même (ce qui est souvent gage de qualité). En effet, tous les morceaux de ce troisième album sont des tubes. Et après avoir entendu Pigeon John et son groupe chanter a capella « The Bay », pendant qu’ils finissaient leur dessert lors du festival Dièse, il a bien fallu se rendre à l’évidence : Metronomy était en train de conquérir la planète avec leurs morceaux doucement pop, lissés par une électro impeccable. La prouesse de cette formation étant d’arriver à rassembler des auditeurs de tous bords en nous offrant un album à la fois simple d’approche et pourtant riche en nuances. 

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Joseph Mount, fondateur et leader du groupe, a répondu à nos questions dans les cuisines de La Vapeur, quelques heures avant le concert du 05 octobre.  Le jeune trentenaire semblait plutôt décontracté,  même s’il est resté très diplomate, respectant les codes d’une bienséance so british ; pas de gossips ici, ni même un quelconque tacle. Ah si en fait, et en plus c’est à propos de James Blake. Il nous a même imité la voix du jeune artiste !  Vous pourrez d’ailleurs retrouver l’entretien en intégralité sur les ondes de Radio Dijon Campus, très bientôt. 

Comment ça va Joseph ?
Très très bien, merci !

Vous êtes au beau milieu de la tournée en ce moment ?
Oui, on vient de finir la tournée en Angleterre, on va maintenant passer 4 jours en France et ensuite direction les Etats-Unis. C’est assez excitant.

Je voulais qu’on parle d’abord de l’aspect production sur l’album : es-tu toujours le seul à t’occuper entièrement de toute cette partie ?
Oui ! En fait, c’est comme ça que j’ai toujours travaillé, alors je trouverais ça difficile de confier cette partie de ma musique à quelqu’un. En revanche, sur ce nouvel album j’ai travaillé avec un ingénieur du son qui m’a aidé pour la partie studio. Je connais un peu ce domaine mais j’aurais passé des heures et des heures sur l’ordinateur…

C’est la raison pour laquelle « The English Riviera » sonne très propre par rapport aux autres ?
Je pense oui. Avant j’utilisais des instruments que tout le monde peut avoir, des trucs un peu « cheap ». Là, avec le travail de cet ingénieur du son, ce côté plus professionnel, tout ça a fait que le rendu est plus propre.

Comment expliques-tu que ça a décollé vraiment pour Metronomy avec cet album alors que c’est déjà votre 3ème ?
Peut-être que les autres albums étaient plus abrasifs, mais c’est le travail de production à mon avis qui a fait que les gens se sont plus tournés vers cet album. Peut-être qu’il est plus agréable à écouter, plus grand public et moins « agressif ». Ce qui est important de rajouter quand même, c’est que tout cela vient de la même personne, je n’ai pas changé et il n’y a pas d’autre producteur sur l’album.

Est-ce que ça a quelque chose aussi à voir avec l’état dans lequel tu étais quand tu as écris l’album ?
Oui bien sur,  il y avait une partie de moi qui avait envie de faire quelque chose de différent. « Nights Out » était beaucoup plus « nerveux », avec pas mal de chansons très rythmées, et après ça, tu as envie de faire autre chose, pas forcément l’opposé mais quelque chose de différent. En tout cas il n’y a pas eu de volonté de faire un album commercial, et si personne ne l’avait acheté on serait quand même en train de le jouer en concert !

Tes albums précédents étaient plus mélancoliques, celui-ci un peu moins. Quel est le sentiment qui pourrait s’en dégager ?
En fait « Nights Out » était vraiment un album de rupture pour moi. On peut le sentir dans les chansons, même si certains ne l’ont pas ressentis comme ça et voyaient uniquement le côté « festif » de l’album. Et là, il y avait cette envie de faire des chansons qui parlent d’être amoureux, d’être bien dans sa vie, et finalement on va plus vers ça. Peut-être aussi que les paroles sont moins cyniques, je me rends compte maintenant en regardant « Nights Out » avec un peu de recul que c’était sombre… Donc là oui pour « The English Riviera » je voulais quelque chose qui aille vers l’extérieur.

Est-ce que tu vas continuer de faire des remixes dans le futur ?
En fait je faisais des remixes quand personne ne savait qui était Metronomy, et c’était une façon intéressante de vivre la musique. Et plus j’en faisais, plus je me rendais compte que finalement je donnais certaines de mes idées aux autres. Maintenant je préfère me concentrer sur mes propres productions ou sur des collaborations. Alors oui j’ai fais celui pour Lady Gaga il y a pas longtemps car c’était marrant mais sinon je refuse à peu près toutes les propositions.

As-tu refusé beaucoup de monde qui voulait remixer les morceaux de « The English Riviera » ?
Euh pas tellement, peut-être 1 ou 2. En fait, comme je suis pas DJ j’en écoute pas tellement et j’en joue pas tellement non plus. En revanche, ce que je peux dire c’est que celui d’Erol Alkan est impressionnant. On est toujours heureux quand on entend ça.

C’est ton remix préféré ?
Oui clairement. Il a fait le morceau comme j’aurais voulu qu’il sonne. Tu vois ce que je veux dire ? Il a repris les éléments déjà présent pour en faire une bombe house.

C’est quoi la prochaine étape pour Metronomy ?
On va continuer la tournée aux Etats-Unis. Le programme est bouclé jusqu’au mois d’avril 2012. Quand tu sors un nouvel album et que tout à coup tu touches plus de gens, tu as très vite envie de leur proposer plus de musique. Mais quand les choses se passent bien tu dois commencer par faire de la promotion et cela passe par une tournée. Ensuite nous essaierons de refaire un album très vite.

J’ai appris que vous aviez fait une tournée avec Justice… Que penses-tu des nouveaux morceaux (Civilization et Audio Video Disco) ?
Je les ai entendu les deux mais j’ai dû les écouter sur mon ordinateur déjà pour regarder les clips, dont je suis généralement bien fan. J’ai pas vraiment imaginé ce que ça pouvait rendre dans un club. Ca a l’air intéressant, j’aimerais beaucoup entendre le reste de l’album pour savoir ce qui se cache derrière ces extraits. Je vais pas dire que je n’aime pas les morceaux, ce sont des amis. Le truc que j’ai remarqué à propos de ce style d’électro française c’est que le son de manière générale évolue lentement, ça sonne un peu comme leurs productions plus anciennes.

Ca sonne 2007…
Oui peut être… Si tu voulais être cynique, peut-être que tu dirais ça, mais je ne le pense pas.  J’ai besoin de l’écouter encore.

Tu sais qu’ils ont fait un film sur leur tournée US où ils se lâchent pas mal… Comment ils étaient lors de votre tournée ensemble ? 
Je ne pense pas qu’ils apparaissent forcément à l’écran comme ils auraient voulu être perçu. En tout cas nous, on a passé un super moment avec eux pendant cette tournée. Ils connaissaient pas tant de monde que ça en Angleterre donc on a souvent été amenés à traîner ensemble. Ce dont je me souviens c’est qu’ils prenaient des amendes tous les jours parce qu’ils fumaient en loge. En France, tu peux t’en tirer facilement pour ce genre d’offense mais en Angleterre les mecs le prennent vraiment mal. Il ne s’est rien passé de dingue, mais on finissait pas non plus la nuit avec eux.

Je vois que tu portes un t-shirt de « Calvi on the rocks », c’est de cette année ? 
Oui on a joué là-bas cet été, c’était à la fois un moment incroyable et horrible.

Pourquoi « horrible » ?
Quand je voyage beaucoup, y’a un truc qui se produit ; je dois être sensible à la pression de l’air. Donc on était là en train de jouer à Calvi, il y avait un super orage derrière nous et mon nez s’est mis à saigner sur la scène. C’était horrible parce que tu sais que les gens vont tout de suite penser que c’est lié aux drogues… Alors que c’était pas le cas. J’étais juste là à faire les cent pas, avec la tête en l’air, une serviette dans le nez… Mais l’endroit est très beau.

Quel est selon toi, l’artiste/ l’album à surveiller cette année ?
Estime-toi chanceuse si t’as une réponse déjà…Ca fait bien longtemps que j’ai pas pris le temps d’écouter quelque chose.

Que penses-tu de James Blake par exemple ?
Dans le groupe on pense tous que c’est …hmm… bof,  je suis pas du tout réceptif à son travail. Je trouve ça drôle parce qu’il a une voix presque blessée, affectée d’une certaine manière. Alors que quand il parle, il parle comme moi mais quand il chante, il chante comme ça « …woahhhh… » (il prend une voix chevrotante). Je trouve ça vraiment étrange. Tout le monde aime sa voix, pourtant tout le monde pourrait chanter de cette manière.

Bref, je choisirais donc un ami à moi, Michael Lovett qui a ce groupe Nazca Lines… Ils ont sorti un single qui s’appelle « Compass Point », il est encore jeune mais ça va vite devenir très intéressant. Je sais pas, c’est une sorte de version mâle de La Roux.

C’est quel style de musique ?
La production est très électro, c’est un peu pop aussi.

Dernière question, est-ce que l’Angleterre va gagner contre la France en quart de finale de la coupe du monde de rugby ?
Qu’importe. J’men fous un peu. J’aime pas vraiment le rugby de toute façon. Mais j’aimerais que la France gagne. Je sais pas si les infos sont relayées ici, mais le comportement de l’équipe anglaise fait scandale…

 

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Interview : Sophie Brignoli
Photos : Vincent Arbelet (1) et POB (2 et 3)
Merci à Angel, La Vapeur et Mr. Pop pour la traduction live.