L’ancienne collaboratrice de Raphaël Mezrahi puis Laurent Baffie était au Printemps de Bourges. Une bonne occasion de rencontrer l’artiste-humoriste-fumeuse de cigarette électronique.

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L’été dernier, j’ai passé deux heures en correspondance à Vilnius, la ville dont tu viens. Il faisait gris, il y avait du béton partout, des clopes de mauvaise qualité, des gens tristes, de la vodka dégueulasse et du café brûlé…

Le quartier de la gare à Vilnius, ce n’est pas le mieux. Il y a beaucoup de dames qui n’ont plus de dents à force de faire des pipes à cinq euros. Oui, aujourd’hui on est aux euros. Tu n’as vu que ce qu’il y a de mieux à Vilnius. Je peux rien dire pour les clopes de mauvaise qualité, c’est vrai. Pour la vodka de mauvaise qualité, c’est vrai aussi. Sois encore content, on ne t’a pas fait boire de l’eau de Cologne.

Tu parles de clopes, je viens de te voir avec une cigarette électronique. C’est pour te donner un genre ?

C’est pour paraître cool. Est-ce que ça marche ?

Non, elle n’est pas très jolie.

Oui, c’est vrai qu’elle est moche. J’ai décidé de céder à un autre lobby.

Tu es encore une jeune artiste émergente, tu n’es pas connue au niveau internationale… (Elle prend une pose prétentieuse avec la main sur le front) Est-ce que tu te considères encore comme une artiste en développement ?

Tu sais, développement, tout cela, ça n’a jamais trop voulu dire grand chose pour moi. Je sais qu’il y a des gens qui pensent comme ça : alors c’est un artiste émergent, puis ça devient des artistes confirmés après la descente aux enfers, et au final le come back… J’ai commencé il y a six ans, j’appréhende le truc pareil qu’au début sauf qu’aujourd’hui il y a plus de monde. Je me suis toujours dit que j’avais le cul bordé de nouilles. Dès le début, alors que je n’avais pas de disque ou rien, il y avait toujours plein de gens aux concerts. Aujourd’hui, il y en a juste plus. C’est toujours plus difficile de juger quand tu le vis de l’intérieur. Je ne passe pas en radio mais ça marche quand même. Cela dit, je suis très contente de ne pas passer en radio. Je n’ai jamais vu la musique sur un principe d’étapes…

Si tu devais choisir de diffuser un morceau à la radio, là tout de suite, ça serait lequel ?

Je ne sais pas… Tout ce que je fais est telleeeeement extraaaaordinaire… Hum… Je dirais que ça serait « Les légumes ».

Des centaines de concerts à travers les continents, des milliers d’albums vendus, des dizaines d’amants et d’amantes, la cocaïne…

Tout cela a déjà été fait. J’ai quand même sorti un album au Japon.

Est-ce qu’on ne pourrait pas dire que GiédRé, c’est mainstream ?

C’est telleeeeement mainstream. C’est so 2015. Get over it. Franchement c’était mieux avant.

Comment est-ce qu’on arrive à garder les pieds sur terre ? Je crois que tu as même eu un flirt avec George Clooney…

J’ai pas trop envie qu’on parle de cette histoire. On a déjà eu assez de problèmes avec ça. Tu sais, moi j’aime les petits plaisirs simples de temps en temps… Un petit tour d’hélicoptère au dessus de Paris avec quelques amis du milieu… On se disait ça avec Calogero et Tina Arena. On se dit : « ce qui est important, c’est rester simple. »

– Jérémie Barral
Photos : J.B.