Les ultras Dijonnais, les Lingon’s, l’ont mauvaise. Pourquoi c’est chaud comme ça au DFCO en ce moment ?

Un tifo, des drapeaux, des chants, des jeunes qui sautent pendant tout le match… Bref, une vraie tribune de supporter dans un stade. C’est le spectacle qu’offre les Lingon’s Boys de Dijon à chaque match à domicile du DFCO. Et pourtant, on s’était bien foutu de leur gueule à leur création. On écrivait des articles où on se demandait ce qu’une toute petite bande de gamins pouvait bien prétendre dans le coin d’une tribune. En 5 ans, ils nous ont fermé notre bouche, car maintenant, on peut clairement dire que les Lingon’s, c’est un vrai groupe d’ultras. Environ 200 mecs à chaque match qui foutent le feu en tribune nord. Ok, on n’est pas à St Etienne ou à Marseille non plus, mais faut pas oublier que Dijon n’est une ville de foot que depuis peu, que le DFCO n’a pas 20 piges, et les Lingon’s Boys, à peine 5. En ce début de saison, ça marche plutôt pas mal pour le club, donc tout le monde devrait se réjouir. Seulement voilà, les Lingon’s Boys ne sont pas contents et ils le font savoir à grand coup de communiqués et sur les réseaux sociaux. Lors du dernier match contre Toulouse, le 25 novembre, les policiers les ont suivi jusqu’au stade, le club leur a interdit les tifos et les banderoles, les lunettes et les caches cols, interdits de vendre leur goodies, fouillés jusqu’au slip, etc. Selon eux…

« Il faut assumer quand on fait des bêtises »

 

Pourquoi tout ce barouf ? Selon Théo, des Lingon’s, « on aurait dit que tout était fait pour que ça dérape ». « C’est en réponse aux incidents qu’il y a eu contre Troyes » nous avoue Olivier Delcourt, le président du DFCO. En effet, pendant le match contre Troyes, les supporters de chaque camp s’étaient jetés quelques trucs sur la gueule en tribune. « Il faut assumer quand on fait des bêtises. C’est une petite sanction. On ne peut pas laisser passer quand ils ne respectent pas les règles. C’est un groupe avec beaucoup de jeunes… Il faut les responsabiliser ». Mais pourquoi tous ces flics et ces fouilles ? « Vous savez, c’est pas que le club, la préfecture a son mot à dire, c’est un problème de sécurité publique ». Théo, un des responsables des Lingon’s n’en pense pas moins. « C’est pas que le club. Le président se fait mettre la pression par les pouvoirs publics. Donc nous met la pression à nous. Les pouvoirs publics incitent les clubs à jouer contre leurs supporters ». Théo reconnait volontiers que le club les a aidés et accompagnés à leur début. « Même si ça a pris du temps, ils nous ont recentrés dans la tribune, installés une estrade pour le capo avec le mégaphone ( celui qui lance les chants), etc. On n’a jamais eu de problème avec le club jusqu’à récemment ».

Les Lingon’s ne veulent pas aller au clash. « Mais on ne peut pas accepter de se faire humilier comme ça. Les interdictions… Le dispositif policier était disproportionné, incroyable. La préparation des tifos, c’est du temps bénévole, c’est de l’argent aussi. On nous infantilise avec ces décisions là ».

C’est vrai que les Lingon’s sont jeunes. Les plus vieux ont 25 ans. « On est un groupe d’ultras, mais on ne fout pas la merde. Y’a eu quelques incidents, rien de grave. On encourage, y’a jamais de débordements à 2 ou 3 exceptions près. Notre asso a vite grossi, on apprend ». Y’a bien eu quelques fumigènes contre Strasbourg. « On est des ultras, pas une chorale ! Les fumis ça fait partie de la culture des tribunes. On n’en balance pratiquement jamais ». 

« On est un groupe de supporter, pas une chorale ! »

Nous, quand on va au stade, on adore les fumigènes… Ça fait partie du folklore mais c’est interdit…« Le jour où on autorise les fumigènes, ils en mettront plein la tribune s’ils veulent. Mais pour le moment c’est interdit. C’est ma responsabilité » déplore le président Delcourt. « Si les auteurs du « craquage de « fumi » ne sont pas démasqués, c’est le club qui paie une amende. Qui peut être carabinée. » Bien sûr, les Lingon’s n’ont pas dénoncé les leurs, et c’est le club qui a pris 3.000 euros d’amende avec sursis. Les choses ont commencé à se tendre à ce moment-là.

Théo enchaîne : « On ne demande pas la carte d’identité de ceux qui se posent avec nous en tribune. C’est pas forcément des encartés Lingon’s qui font n’importe quoi. Pour ce qui s’est passé contre Troyes, on ne peut pas cautionner. Le président nous dit qu’il y a des gars trop alcoolisés en arrivant au stade… Je ne vais pas vérifier ce que les mecs boivent. On boit des bières avant d’aller au stade, ça étonne qui ? Mais on ne cautionne pas les gars trop défoncés à l’intérieur. On essaie de gérer ». De fait, on peut quand même rappeler qu’on peut acheter de l’alcool au stade désormais. Comment reprocher aux gars de boire quand tu vends de l’alcool aussi ? 

La répression est disproportionnée

Le club a besoin des ultras et les ultras besoin du club. « Je n’ai pas de problème avec les Lingon’s » nous précise Olivier Delcourt. « Ils mettent de l’ambiance, du spectacle, c’est très bien pour le DFCO ». D’ailleurs du côté des ultras : « Contre Toulouse, malgré les vexations, on a soutenu l’équipe comme d’habitude. Mais on ne va pas subir ça toutes les semaines ».

Donc, je vais résumer. Y’a rien de grave. Les jeunes se sont emportés et sont punis. Mais au lieu de juste les priver de télé, le président, bien chauffé par la préf’, les a privés de télé, de téléphone, de copine, et leur a mis une grande claque dans la gueule en bonus. Pas cool. Le groupe est jeune, les responsables sont jeunes. Ça va venir. Il faut qu’ils prouvent qu’on peut leur faire confiance, parce que même si c’est quelques uns, et que c’est contre Troyes, ennemi historique, c’est pas possible de se foutre sur la gueule dans l’espace public les gars ! Ça véhicule une image dégueu des ultras. Et il faudrait aussi que la préfecture arrête de prendre tous les mecs debout au stade pour des délinquants en puissance parce que c’est faux et que sans eux, on se ferait bien chier au Gaston Gérard.

Théo pense que « le risque zéro n’existe pas, si on veut une grosse ambiance dans un stade, si on veut plein de jeunes qui chantent et qui sautent…, ça fait partie de la vie des tribunes, même si ça n’arrive que très rarement ».

Continuez à nous ambiancer le stade les gars, nous c’est tout ce qu’on veut. Et faites nous des chansons dédicacées aux joueurs. J’en verrai bien une sur Julio Tavares sur l’air de la Bohème. « Tavareeeessseuh, Tavaressseuh… », ou du Baptiste Reynet sur l’air de YMCA. Et faut autoriser les fumis en tribune non de dieu! Au moins avant le coup d’envoi. On va peut-être lancer un pétition…

  • Chablis Winston

Photos : page FB des Lingon’s