[Par les élèves du lycée Montchapet à Dijon] En novembre dernier s’est déroulée la Coupe du Monde de football au Qatar. Pour que cet évènement puisse avoir lieu, de nombreux systèmes problématiques ont été mis en place par l’émirat. Pollution, non-respect des droits de l’homme et des travailleurs, affaires de corruption… De nombreuses polémiques sont apparues autour de l’organisation de cette Coupe du Monde. On décode un peu plus en détail le dossier Qatar et les conséquences qui ont fait parler.

Pour commencer, depuis l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar jusqu’en 2022, de gros travaux ont eu lieu, ce qui a déclenché une polémique autour de la violation des droits de l’homme. Près de 2 millions de salariés ont travaillé sur ces chantiers.
En effet, le Qatar a un système se nommant la Kafala qui est en bref un système de « parrainage » permettant entre autres aux entreprises d’interdire à leurs salariés de changer d’employeur ou de quitter le pays. Ce système est payant pour les employés. Dès leur arrivée au Qatar, on leur confisque leur passeport, selon France 24. Ces fameux ouvriers migrants, venant principalement de L’Asie du Sud, ont été exploités au Qatar. Beaucoup de ces êtres humains étaient littéralement traités comme des esclaves : ils devaient subir tous les jours des menaces, des insultes, des coups, un travail sous 40 degrés sans limite d’horaires et des coupes et des retards de salaires sans raison, selon de nombreuses enquêtes de médias internationaux. Des femmes domestiques sont aussi exploitées, directement dans la maison de leur employeur. Certaines subissent souvent des abus sexuels, physiques et mentaux.
Cette exploitation a causé des milliers de morts, plus de 15 000 personnes non Qataris de tous âges et de toutes professions entre 2010 et 2019, selon Amnesty International. D’après Le Monde, les employeurs envoyaient le cercueil des défunts dans leur pays natal avec un certificat de mort où pour plus de 70% était inscrit : « mort naturelle ». Il n’y a eu aucun examen médical ou autopsie. Suite à la CDM, la FIFA a récolté 6 milliards de dollars, Amnesty International leur demande désormais un dédommagement de 400 000 dollars pour les victimes. Pas de réponse…

Ces êtres humains étaient littéralement traités comme des esclaves

Le Qatar crée aussi de gros problèmes écologiques. En effet, seulement un stade sur 8 est prétendument écologique, car il est construit à partir de conteneurs et de matériaux recyclés.

Ces stades sont très polluants, car ils sont climatisés et à ciel ouvert, ce qui en plus d’être un gâchis monumental d’énergie, est une menace pour l’environnement à cause de l’utilisation de fluide frigorigène. En effet, on estime que le fluide frigorigène, utilisé dans la climatisation des stades, est environ 1 000 fois plus polluant que le CO2. Le Qatar essaye de redorer son blason est faisant du « greenwashing » dans les médias internationaux. Par exemple, ils prétendent alimenter les climatisations des stades uniquement à partir de panneaux solaires… De plus, la pelouse de ces stades a été importée d’Amérique, et a besoin d’être arrosée en plein désert. Pour cela, le Qatar doit dessaler de l’eau à hauteur de 10 000 L/jour en hiver et 50 000 L/jour en été, ce qui en plus de coûter beaucoup d’énergie tue la biodiversité par concentration de sel dans l’eau rejetée après désalinisation.

Cependant, ça n’a pas été la seule aberration écologique au Qatar. Le pays n’ayant pas une capacité hôtelière suffisante, les supporters ont dû dormir dans les pays voisins comme Dubaï, ou le Koweït. Ils ont donc été acheminés au Qatar par voies aériennes à raison d’un avion décollant toutes les 10 minutes, ce qui pollue énormément, l’avion étant le moyen de transport le plus polluant.

Cette coupe du monde au Qatar a émis officiellement 3.6 millions de tonnes de CO2 , mais dans les faits, des ONG comme Greenpeace estiment plutôt ce nombre entre 6 et 7 millions de tonnes de CO2 . Énorme.

Pour finir, un scandale de corruption a éclaté en Europe, on l’appelle depuis le « QatarGate ». En effet, certains députés européens ont été accusés d’avoir reçu de l’argent du Qatar afin d’en faire l’éloge. C’est le cas d’Eva Kaili, l’élue socialiste grecque, ancienne vice-présidente du Parlement européen, ainsi que son compagnon Francesco Giorgi, son assistant parlementaire. Ils sont allés au Qatar en novembre 2022. Quelques jours après leur retour, ont commencé à défendre les intérêts du Qatar en faisant l’éloge des droits du travail et de l’homme là-bas : c’est à partir de là qu’ils ont commencé à être suspectés. Une grosse somme d’argent provenant du Qatar a été retrouvée à leur domicile, un montant de 150 000 euros et également 600 000 chez le père d’Eva. De plus, le responsable de l’ONG « Fight Impunity », qui lutte contre la corruption (un comble) et ancien député Niccolo Figa-Talamanca est lui-même accusé. Placé en détention le 9 décembre 2022, Pier Antonio Panzeri, un autre ancien eurodéputé italien, a accepté de collaborer avec la justice belge (le parlement européen étant situé en Belgique) et de donner toutes les informations qu’il a sur le scandale, selon France 24. Suite à sa confession, les principaux accusés ont été mis en détention et en examen pour appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption. Enfin, la dernière suspecte, Marie Arena a été payée par l’émirat afin de mener une mission au Qatar en mai 2022, en revenant, celle-ci soutenait la politique du Qatar. Elle a ensuite démissionné de son poste précédemment occupé par Panzeri. La présidente du Parlement européen a déclaré à la tribune qu’il s’agissait d’une « attaque contre l’Europe ».

On le voit : le Qatar, malgré une Coupe du Monde réussie sur le plan sportif, a du mal à masquer sa mauvaise image à l’international, tant au niveau écologique, que des droits de l’homme ou des mauvaises habitudes de corruption… On pourrait aussi parler des lois anti-LGBT qui sévissent encore dans l’émirat… Mais le Qatar a les moyens financiers de ses ambitions et la FIFA, pourtant organisatrice de la Coupe du Monde, n’a pas eu intérêt à pratiquer le « Qatar bashing », l’évènement lui rapportant près de 6 milliards de dollars. Il aurait été problématique pour elle de s’en priver, même au nom des droits de l’homme ou de la planète….business as usual…

Un article de : Myrtille AMIOT, Chaïma AYACH, Lucas BARTHOLIN, Kassandra BRONIAR, Inès BUISSON, Enzo DHORNE, Madison GARCIA, Gabriel GRILLARD, Arthur KLEIN, Louise MILIN, Malou QUESNE, Maël TISSOT