Si vous n’avez pas suivi la petite histoire du moment à Dijon, on vous met au courant. De méchants Parisiens tenant un petit blog ont balancé un article qui défonce « Dijon, cette ville de ploucs ». Si vous n’avez pas lu ce papier, allez-y tout de suite pour augmenter les stats de Parisoire. C’est magique. Ils ont envoyé Diane, un enfant des beaux quartiers parisiens visiblement, dont le but est de s’encanailler et de nous faire vivre sa visite d’un soir. Le temps de s’imprégner convenablement -enfin quelques heures- de la vie nocturne à Dijon.

coucou Diane

On ne vous cache pas que le directeur de publication dudit site internet est un ancien Dijonnais qu’on connaît et qui doit être sacrément frustré de ne pas avoir réussi à peser à Dijon pour envoyer ses sbires dire du mal de la ville comme ça. Le gonzo, c’est pas facile comme exercice de style. Sparse en sait quelque-chose, on se fait souvent souiller par des gens pas contents. Mais là ma cocotte, chapeau bas. Tu t’es lâchée. Tu en avais certainement besoin. Trop de stress à la capitale. Et pis c’est vrai que c’est excitant d’écrire pour un blog. Rrrrrrrr… Frisson. Journalisme.

Le truc, c’est qu’en lisant ça, je m’attends quand même à un minimum d’infos… Tu choisis donc de venir à Dijon. Étant conscient de ne pas vivre à L.A., j’ai plutôt l’habitude que les Parisiens ne sachent pas où situer Dijon sur une carte ou ne nous fassent que des blagues sur la moutarde. Mais en général ils le font mieux. Ça a l’air d’être le concept de votre rubrique « nightlife ». Aller en province. « Province », par contre, qui dit encore ça ? C’est comme « nègre », c’est sale, on ne le dit pas. On dit « en région ».

J’ai pris de l’héro à Amiens : waouwwww !

Tu as précédemment visité Amiens. Ça doit être chez ta mère, parce que quand Dijon prend une note de 2/20 dans ton papier, Amiens prend 16/20. Bon… quand on connait Amiens… c’est à peu près la même taille que Dijon, ça bouge un peu. C’est un peu mangé par Paris mais bon… pas de quoi se fouetter non plus. Je lui mettrais un petit 12/20, peinard. Mais quand je te lis, je constate qu’à Amiens, tu as pris de l’héroïne… Coquine va ! Transgression ! Dingue ! Ça aide à être objectif, ça. Donc quand tu vas à Dijon, Diane, il faut te renseigner un peu. C’est le boulot. Moi quand je vais dans une autre ville, je vais sur des trucs comme Internet par exemple. Ou je tape des mots clefs, type : « salle de concert ». C’est fou ! Ça me sort les lieux où il y a des concerts ! Ou je vais sur des sites de gens du cru qui sortent, et qui ont l’air alternatifs. Tu t’attends à quoi en venant ?! Y’a 300 000 habitants dans l’agglo. T’as cru que tu allais à Berlin ou à Barcelone ? Y’a moins de choix que dans une capitale, c’est sûr.

Franchement, c’est pas compliqué pour trouver sur le net des lieux comme La Vapeur, la Péniche Cancale ou les Tanneries. Toi, tu vas en « boite ». Comme une ado. Au Chat Noir… Une boite de nuit qui passe du David Guetta avec des gamins qui boivent des Gin Tonic trop chers… comme partout ailleurs (à Paris ou Amiens). Toi tu veux aller là. Si je vais à Paris dans une boite de nuit avec des copains, je vais pas m’en aller en disant qu’à Paris y’a rien à faire quand j’y ai passé une nuit dans une boite pourrie. Tu vas aussi au Chez Nous, qui entre nous soit dit, même si je n’ai pas l’habitude d’y trainer, reste une institution. Et choquée qu’un mec te dise : « Non, on ne fume pas à l’intérieur ». Rebelle. En plus une Muratti… classe. Tu fumes des Muratti ? C’est tellement stylé. Alors qu’à Dijon certains ploucs fument des Gauloises. Quel manque de goût.

Caca par terre

Si tu veux, tu peux faire caca par terre. Ça se fait quand on est ouf guedin du non-conformisme. Tu sais, comme les gens qui vont en boîte. Comme toi. Il parait que la ville est trop propre. Tu parles de la place de la Libération et du Musée des beaux arts… Wahou ! Alternatif le choix. T’es en plein centre-ville d’une ville ancienne, y’a pas besoin de faire Sciences Po pour deviner que ça va être propre. Tu fais deux bornes à l’extérieur et c’est plus sale. Comme partout.

T’es rentrée à pied à l’hôtel. Ça a dû te faire du bien. Moi, la semaine dernière, je suis rentré en taxi. À Dijon, oui. Je te le promets. Quant à Uber, il y en a à Amiens ? Ben non. Ah, et je te félicite pour le choix du dodo : l’Ibis de la gare. Classe. Typique. Un Airbnb par exemple, ça aurait pu te faire rencontrer des vrais Dijonnais… c’est balot. Alors tu me fais plaisir Diane, la prochaine fois que tu vas en « province », à Clermont, ou Poitiers, tu te renseignes. À Clermont, y’a le bar Jaune, la Coopérative de Mai, etc. Là je t’écris de Strasbourg, on se balade un peu, nous les pouilleux. Parce qu’après tu vas encore faire des trucs tout caca et les gens vont se moquer de toi. À moins que tu sois un peu « BDSM gifle-moi mon chéri », il faut travailler. Ou appeler ton article : « Je vais chier sur la province ». Comme ça, on sait où tu veux en venir. Parce que là on a failli s’attendre à lire un article. Par contre, tu as gagné. En bien ou en mal, plein de monde parle de toi. Gloire. Bravo. Allez maintenant va t’entrainer un petit peu, ensuite tu pourras te permettre.

– Chablis Winston