La Yegros, c’est le groupe de Mariana Yegros, qui a cassé la game avec son tube Viene de mi, il
y a 10 ans déjà. Depuis elle tourne, et avec sa cumbia électro et son énergie folle. Rencontre avec une Argentine qui parle parfaitement français, et qui bouge sur scène comme si elle n’était pas enceinte de 6 mois, à l’occasion de son passage à Montbéliard (l’Arche de Bethoncourt exactement, juste à côté de Montbé) pour le festival BO district, organisé par le Moloco.
On t’as découvert il y a 10 ans avec Viene de mi, qui est devenu un tube. Tu dis que ça a
changé ta vie. Elle était comment la vie de Marianna Yegros dans la musique avant ce grand
tournant ?
J’étais en Argentine, j’avais un groupe plutôt électro. J’ai décidé de partir à Los Angeles et à New
York… En Argentine, j’étais très underground, je trouvais pas le chemin. Je me disais si ça ne marche
pas aux États-Unis, j’arrête la musique. J’étais prête à retourner bosser dans le fashion design. Mais je me suis fais programmer dans un festival à Buenos Aires, puis j’ai rencontré des gens dans la cumbia alternative, début des années 2010, on a fait un album avec mon mari de l’époque, King Koya, en 2012. Je ne me serais jamais imaginé que ça allait marcher comme ça en Europe. L’album sort en septembre 2012, en janvier 2013, il y a Radio Nova en France qui passe nos titres, dont Viene de mi. On est invité à jouer au Bataclan à Paris, et là ça décolle, et ça ne s’arrête pas depuis…10 ans.
La Yegros, ce n’est pas que toi, c’est les musiciens sur scène bien sûr, mais c’est surtout King
Koya et Daniel Martin, qui composent tout avec toi. Ça se passe comment la production pour
vous ?
On a un groupe Whatsapp qui s’appelle les tripodes. Ça marche vraiment à 3. Depuis le premier album. On compose ensemble, encore plus pour ce 4e album (qui vient de sortir, Haz, ndlr). Je cherche la mélodie, avec les paroles, King Koya travaille sur le côté plus électronique, David nous répond et fait ses propositions… C’est vraiment un travail d’équipe.
Tu es connue pour les show sur scène, le côté fête de tes concerts. Est-ce que quand vous créez
l’album, vous pensez directement à la scène ?
Non, pas moi. Ce serait trop de pression. C’est important la scène, mais si j’écrivais en pensant
directement à la réaction du public, j’aurais trop de pression, j’y arriverai pas. Je préfère sortir ce
dont j’ai envie sur le moment, et après on voit si ça marche avec le groupe et le public.
Le dernier album, Haz, est sorti il y a un mois. Il y a beaucoup de choses dedans. Cumbia bien
sûr, mais aussi beaucoup de beats électro, de la pop, du funk,… Il y’en a qui définissent ça
comme de la Nu Cumbia. Ça te va comme définition ?
Non (rires). On dit ça mais dans les 4 albums, il n’y a pas tant de cumbia que ça quand tu écoutes. Il
y a beaucoup d’autres choses : du Chamamé (musique traditionnelle du nord de l’Argentine, d’où Mariana est originaire, ndlr), du carnavalito, du funk… Pour moi, c’est un mélange de musique latino avec de la musique électronique. C’est des sonorités traditionnelles et rythmes modernes…de l’électro latino si on peut dire.
Tu vis maintenant en France. La tournée qui arrive passe essentiellement par la France…
Il y’avait des dates au Canada, en Espagne, mais comme je suis enceinte on a dû restreindre la
tournée. Mais c’est vrai que maintenant j’habite en France, à Montpellier. Jamais je me serai imaginée que je pouvais vivre loin de l’Argentine aussi longtemps. Mais après le premier album, on voyageait beaucoup en Europe, trop… à cause des concerts. En 2014, mon manager m’a dit que ce serait peut être bien de se poser dans le coin, au moins un an, pour que ce soit plus simple. Je lui ai dit « ok, on essaie, voir si je supporte ». Finalement, je suis encore là, et je vais rester ici. J’ai été adoptée. Par la France, par le public. c’est ça qui m’a donné la force de rester loin de chez moi.
Tu tournes aussi en Argentine ? Ça marche là-bas ?
J’y retourne pour voir ma famille, mais je fais de la musique en Europe. Tout mes musiciens
habitent en France maintenant. Ce serait trop compliqué de monter des trucs avec l’Argentine… Ma
vie est en France.
Propos recueillis et photos par Chablis Winston