Dès qu’on peut, on va prendre le pouls du Festival MV, au plus près des artistes, sur le terrain. Premier rendez-vous de ces « carnets du festival » avec les concerts de Jessica93 et The KVB au Consortium, samedi soir.
250 personnes se sont pressées au centre d’art contemporain de la rue de Longvic pour la soirée d’ouverture du festoche. On dit souvent que la réussite (en termes de fréquentation) d’un événement se joue essentiellement le premier jour, l’affluence notable de ce soir-là fait plaisir et laisse présager une belle semaine. Salut, ça shoegaze ?
SUR SCÈNE
Jessica93, on connait si on suit la scène punk / do it yourself parisienne, ou si on lit Noisey ou Noise Mag qui ont fait de lui leur petit poulain depuis quelques années. Le type est seul sur scène, avec ses guitares et ses boucles programmées. Le son est lourd, puissant, mécanique, sale. Un univers à partager entre Mad Max, la banlieue parisienne, le shoegaze et le grunge 90’s, le militantisme libertaire et l’humour. Beaucoup d’humour et de vannes, déjà dans les noms de ses nombreux groupes (Comité Défaite, Trotski Nautique, Top Montagne), ses clips (Now, Poison, Asylum) et un certain recul sur le mouvement dont il fait partie depuis toujours. « Les idées que défendent les vegans par exemple me paraissent importantes, mais j’aime beaucoup trop le steak haché ». Pas donneur de leçons pour un sous, il enverra donc une bonne heure de grosses guitares et de boucles interminables dans son jeans sale. Sans quasiment dire un mot. À quoi bon, après tout ? Ambiance de fin du monde au sous-sol. 90 degrés Fahrenheit. Like.
Deuxième groupe du jour : The KVB. Un Anglais et sa jolie meuf bien calés au sein d’un courant que les esthètes appellent la dark wave. Aussi emballant qu’un Swansea – Southampton, il s’est avéré un peu délicat de rester attendri devant le duo ultra malheureux-triste-dark, bien qu’un ou deux tubes pourraient éventuellement sortir du lot. Les Inrocks parlent d’un rock « malade et fascinant ». Peut-être bien juste malade.
DANS LA SALLE ET DEHORS
Tout concert organisé au Consortium se déroule plus ou moins de la même manière : le public aime y venir autant pour la musique que pour profiter de l’apéro dans la cour ou discuter avec ses potes dans le (déjà mythique) grand escalier. La température clémente aidant particulièrement ces jours-ci. Certaines mauvaises langues -pour dissimuler sans doute une frustration aigüe et un état dépressif avancé- diront aussi que les gens se regardent beaucoup ici. À vous de juger.
À l’intérieur, ça n’a donc jamais été plein comme un oeuf, mais les kids et les trentenaires étaient plutôt chauds sur l’applaudimètre et les sifflets, notamment pour Jessica93. La bonne idée du jour était aussi l’install’ vidéo (placée entre le bar et la salle) de Julien Millot, bidouilleur DIY, qu’on retrouvera également pour des ateliers tout au long du festival. Fin du bal aux alentours de 23h30, nickel pour se mettre devant On n’est pas couché et checker le résumé de PSG – Bastia. Quant au Festival MV, ça continue tous les jours jusqu’à dimanche. Et c’est souvent gratos.
– Pierre-Olivier Bobo
Photos : Chan Haut Les Badges