Le monde du football, c’est pas beIN et des putains de Qataris qui abreuvent les championnats de joueurs sur-payés aux coupes de cheveux dégueulasses qui fument des chichas dans des lounges bars cradingues. La passion du football, ça ne se vit pas qu’en tribune ou devant un écran LCD avec un pack et des Curly. Le monde du football, c’est le dimanche matin à 9h sur un terrain tout pourri, avec une belle gueule de bois et des joueurs pas toujours conscients de leur niveau réel… Petit inventaire des personnages qu’on peut trouver sur et au bord du terrain.

Le vieux défenseur qui était attaquant et qui est redescendu (le gros 5)

Il a 45 ans mais joue toujours au foot en club, au grand désespoir de sa femme. Il a l’expérience donc il est capitaine. Il a commencé sa carrière attaquant, mais plus assez rapide, il est passé milieu de terrain, puis défenseur central parce qu’à son âge, il ne peut plus arquer. « Il a la vision du jeu ». Une manière polie de dire qu’il est à la ramasse physiquement. Et comme il est toujours en retard sur son attaquant, il le tacle, souvent, toujours pour ainsi dire, parce qu’il a un honneur et n’accepte pas de se faire passer par un gamin de 20 ans, alors il le blesse, se relève et lui dit : « Qu’est-ce qui y’a ?! » pour ne pas perdre la face. Un seigneur.
Phrase culte : « Découpe-le ! »

Le gamin talentueux qui aurait pu percer mais qui est complètement fonfon

Il a 25 ans et est bien meilleur que les autres. Vitesse, technique… Le gamin a tout. Il était d’ailleurs au centre de formation de Sochaux il y a encore quelques années. Seulement il a un problème : il a découvert le shit et l’alcool et trouve ça beaucoup mieux que tout le reste. Tous les samedis soirs, il se la met violemment à base de toutes les substances psychotropes qu’il peut trouver. Et avant les matchs, il fume des gros pétards pour oublier la veille. Donc sur le terrain, ça se sent. Il vomit à la mi-temps et ne peut plus rentrer en 2e mi-temps. Gâchis…
Phrase culte : « T’as des feuilles, gros ? »

L’attaquant hystérique qui ne fait jamais une passe (le tout-seul)

L’attaquant est souvent le plus con de tous les footballeurs, ne le nions pas. Ce spécimen peut jouer au foot à 1 sans problème. Il ne fait de passes à ses coéquipiers que quand il est vraiment dans la merde et leur hurle dessus quand ils ne lui donnent pas la balle dans le bon timing, sachant qu’il demande 100 % des ballons à 100% de ses coéquipiers, il hurle souvent, ou marmonne dans sa barbe comme un faux-cul si ses coéquipiers sont trop balèzes pour lui. En général, il demande à sortir quand son équipe perd, parce qu’il a un ego proche de celui de Kanye West. Il ne se rend pas compte que s’il avait un vrai talent de buteur, il ne jouerait pas en 3e division départementale. En général, il tombe après avoir perdu la balle et se bat avec le vieux défenseur qui vient de le tacler. Un amour…
Phrase culte : « Je te l’ai demandée dans les pieds putain ! »

Le hargneux qui craque et prend des cartons

En général, il est milieu de terrain. En dehors du foot, il est adorable, c’est le pote de tout le monde, mais sur le terrain, il vrille, il met des coups car il ne supporte pas de perdre. Il en est à 8 cartons rouges par saison. Les adversaires le sentent bien et le provoquent dès le début du match. Malgré les conseils de ses partenaires, « Reste dans ton match mec », il prend invariablement des cartons entre la 40e et la 60e minute, pour cause de coup-de-coude sur corner ou d’écrasage de crampon sur la gueule du petit Kevin, le jeune shité de l’équipe adverse. Laissant son équipe à 10, dans la merde.
Phrase culte : « Qu’est-ce qui y’a ?!! » front contre front avec adversaire, puis « Désolé les gars ».

Le fan de…

Le mec joue au foot par passion pour un club. Ce qu’il aime, c’est pas le jeu, c’est son équipe (en général l’OM, le PSG, ou le FC Porto sachant que, à vue de nez, 20 % des joueurs de foot français sont d’origine portugaise). Il a toujours un maillot de son équipe (en match, sous le maillot officiel, à l’entraînement, mais aussi en ville ou pendant les repas de famille), les fanions dans la bagnole, la layette pour le gamin, le poster dans le garage… Il s’identifie à un joueur de sa team, mais se ridiculise, car il a 45 kilos en trop. La plaie pour une équipe.
Phrase culte : « Je sens que y’a moyen que ça gagne contre Estoril en coupe jeudi soir » ou « Je joue pas ce week-end, j’vais au Vélodrome ».

Le bon pote

Lui ne sait pas jouer. Il a pris une licence à 27 ans juste pour faire du sport avec les copains. Son truc à lui, c’était plus le modélisme et les jeux de rôle quand il était plus jeune. Donc il est nul, se fait toujours passer et rate la moitié de ce qu’il tente. Mais tout le monde l’aime bien, sauf l’attaquant qui se la joue parce qu’il est melonné. On le fait jouer là où ça dérange le moins (milieu sur le côté…), mais surtout, il a trouvé un rôle à sa mesure : responsable de la buvette. C’est pas loin d’être le rôle le plus important en foot amateur. C’est presque le taulier de l’équipe.
Phrase culte : « Je veux bien commencer sur le banc, les gars ».

La meuf de joueur

Mais… Qu’est-ce qu’elle fait au bord du terrain un dimanche matin de janvier ? Elle a pas d’autres choses à faire franchement ? En général, son mec est le plus prétentieux et le plus vénère de l’équipe ; et il a bien sûr une crête et un jogging sarouel… Et c’est elle qui se fait engueuler dans la voiture au retour quand son mec est vexé d’avoir perdu.
Phrase culte : « Pourtant t’as vraiment bien joué mon chéri ».

Le délégué

Le rôle du délégué est particulier. C’est un rôle obligatoire. Chaque équipe à domicile doit fournir un délégué qui doit être sur le bord du terrain et s’arranger pour que tout se passe bien. On lui donne un petit brassard fluo et de soit-disant responsabilité…. Alors qu’il ne sert à rien. Soit c’est le père d’un des joueurs, soit un pote cassos’ qui ne sait pas jouer mais qui est sympa, soit un joueur de l’équipe mais qui est blessé actuellement, ou un mec trop saoul de la veille (majorité des cas)… En tout cas, c’est le seul mec qui peut fumer des clopes pendant le match, et ça, ça compte.
Phrase culte : « Monsieur l’arbitre, changement ! » puis « Pierrot, il te reste une Heineken ? »

L’arbitre trop vieux, ou trop gros, ou trop fragile

Arbitre, c’est un sacerdoce, parce que dans le football amateur, comme dans le professionnel, tout le monde lui hurle dessus comme si c’était une sous-merde. Au basket ou au rugby, le joueur serait radié à vie, mais au football, la moitié des joueurs parle à l’arbitre comme des nazis et on appelle ça « avoir du caractère ». L’arbitre vient souvent pour l’argent, rarement pour la passion de se faire souiller. C’est le seul mec payé (40 euros par match) sur le terrain. Il y a plusieurs écoles : soit il dégaine des cartons et tout le monde le déteste car il est trop dur, soit il baisse les yeux et tout le monde le déteste car il est trop faible, soit il ne quitte pas le rond central et tout le monde le déteste car il est trop gros. En tout cas, tout le monde le déteste.
Phrase culte : « Y’a rien messieurs… Jouez », « La prochaine c’est biscotte », « Je suis un être humain, bordel ».

– Chablis Winston
Illustration : Mr. Choubi