La saison régulière a commencé pour le Dijon Hockey Club. Une première rencontre contre les Rapaces de Gap et une première tout court pour votre envoyé très spécial. Comme un lapin pris dans les phares…

 Début septembre depuis plus de 10 ans c’est la même histoire, je loge à quelques encablures de la patinoire et je me dis qu’il faut absolument que j’aille voir un match des Ducs. Sauf que cette année, je l’ai enfin fait. En descendant le long du stade Gaston Gérard, les clameurs assourdissantes montent et installent un doute. Ah tiens, le DFCO joue ce soir, on est samedi pourtant. Mais c’est bien de la patinoire Trimolet que monte cette ambiance de dôme du tonnerre. Je ne comprends rien à ce que me dit la guichetière sous les clameurs d’un public survolté et vais m’installer comme ça instinctivement derrière les buts. Et bien m’en prend…

Premier tiers-temps – Inside the Playstation

Il me faut au moins deux à trois minutes d’acclimatation. Bon sang, où est le palet ? Tout se passe en vitesse supersonique pour un non-initié comme je le suis…  ça va dans tous les sens. Être derrière les buts avec juste le plexiglas qui vous protège des gladiateurs, c’est sincèrement à faire dans sa vie. Mon voisin de gauche, lui, est imperturbable mais peste un peu : « Tain on en a au moins cinq de malades, dont notre gardien, c’est une épidémie de gastro, je crois. Merde, on va perdre… » Ah mince. Pendant ce temps, le match continue à 300 à l’heure avec les premiers contacts qui personnellement m’enverraient pour trois semaines en réanimation, mais là les arbitres ne disent rien. Everything is hockey. Bon. Le match me semble fermé et très tactique : 2 à 1 en fin de tiers-temps et pas de bagarre générale. On n’est pas au Canada, mec. Ok.

Deuxième tiers-temps –  On reste au chaud

Il faut que je me remette de mes émotions, je m’installe dans le bar-cafétéria qui jouxte la glace. Fantastique. On peut rester là à siroter sa bière avec vue panoramique sur le match. En plus, j’avais omis un petit détail : il fait froid dans une patinoire, hein. Note : penser à prendre une petite laine la prochaine fois. Les Rapaces de Gap (la préfecture des Hautes-Alpes, pas la marque de fringues américaine) durcissent le jeu. Est-ce ma fausse position de commentateur mais je me transforme en Jean-Michel Larqué sur glace et porte mon dévolu sur deux bad guys gapençais. Le gars Tekel, un Slovaque qui ne fait jamais le voyage pour rien, mais aussi Mikko Palotie, un Finlandais qui n’aime pas du tout mais alors pas du tout la tournure des événements (Dijon mène toujours) et profite du fait que je sois bloqué dans le bar pour taper avec sa crosse contre le plexiglas. Retenez-moi les gars. Le buzzer retentit. Yes ! On a gagné, alors… Un petit de dix ans se moque gentiment de moi : « Mais non M’sieur, y reste encore un tiers-temps à jouer ». Oh ça va je le savais, c’était pour voir si tu suivais.

Troisième tiers temps – Apocalypse Now

Le hockey, c’est aussi l’occasion de se régaler avec les à-côtés : la machine qui passe et repasse entre deux batailles, les remplaçants accoudés à la rambarde prêts à en découdre, et (mon préféré) : le gardien et son accoutrement de serial killer extraterrestre qui a tellement chaud sous sa combinaison de dernier rempart qu’il doit boire en moyenne trois litres d’eau par match. Wild. Mais pas le temps de souffler, c’est le money time, je me replace fébrilement derrière les buts, et ça s’emballe très très vite. Tekel reprend ses pralines mais les Ducs tiennent bon. Puis c’est l’incompréhension totale, les Rapaces n’ont plus de gardien ?! Ma nouvelle voisine de hockey me rassure, et m’explique, très pédagogue : « C’est un choix de l’entraineur, ils préférèrent avoir un joueur de plus pour recoller au score ». Une règle kamikaze, ça me plait bien, quitte ou double, vaincre ou mourir. Mais ça ne va pas passer pour les Gapençais. Les Dijonnais mettent deux buts d’école, un truc impitoyable pour les gardiens : imaginez deux bisons casqués lancés comme des blindes devant vous sans même savoir lequel des deux va tirer. Ça ne manque pas : lucarne, une fois à droite une fois à gauche. Fin du match, 6 à 3 pour les Ducs, le signe indien de la gastro est vaincu. Je me tourne vers ma voisine hyper calée : « Hey c’est bon ça, Dijon est bien parti on dirait ». Elle fait un peu la moue. « Moui, le problème avec les Ducs c’est qu’ils sont capables de gagner contre les meilleurs et de perdre lamentablement contre des équipes plus faibles, ils sont très inégaux dans leurs performances ».  En espérant que les Ducs la feront mentir cette année, je quitte la patinoire, il est 22h30, on est samedi soir. La nuit nous appartient et je viens de découvrir le meilleur des warm up. Dans quinze jours, c’est promis on y retourne.

– James Granville

Photo : DR (page Facebook des Ducs