Le Haut-Doubs : ses montagnes, ses forêts de sapins, et ses fruitières à comté. C’est à deux pas de la capitale de l’absinthe -Pontarlier- qu’a lieu le Festival des Nuits de Joux, dans le château du même nom. Depuis plus de 40 ans, le Centre d’animation du Haut-Doubs anime pour l’été le fort militaire, une fois la nuit tombée. Le festival, c’est deux spectacles différents par soir, mais aussi une partie « hors les murs ». Les comédiens peuvent s’inviter dans votre salon pour une présentation gratuite des spectacles du festival. Stages de théâtre, bal et débat avec l’équipe artistique, la culture est résolument populaire au château de Joux. Et tout ça dure jusqu’au 15 août.

entree

INDICE TRANSPI.

Le festival est tout public et familial, les enfants aussi sont de sortie. Les spectateurs sont chauds, autant pour la pièce à 19 heures (Le Murmonde), que pour le Misanthrope. Beaucoup de réactivité du côté public, ça rigole bien à toutes les blagues, et finit par une standing ovation pour les comédiens. Avec une pause repas teintée terroir et produits de saison (je reprendrais bien un bout de Comté, svp), où tu te poses là où il y a assez de place pour ton assiette et tu parles avec des inconnus. Parce que c’est ça l’ambiance des Nuits de Joux : la simplicité et la proximité avec les autres. On est dans l’échange et le partage. Et c’est toujours sympa de croiser des Dijonnais en dehors de la cité des Ducs.

POINT FASHION WEEK.

Dès l’arrivée sur les lieux, on croise des vestiges de la journée d’animation touristique qui vient de se finir. Entre une servante qui a du faire la bouffe « comme au bon vieux temps », et deux types déguisés en soldats de l’époque où la région servait de passage de la contrebande avec la Suisse, on est plongé dans le contexte « monument historique qui draine du touriste ». À la tombée de la nuit, c’est un autre spectacle qui s’est joué, du côté du public. On est quand même dans la deuxième ville de France en altitude, et ça se sent alors que le soleil est encore là. Du coup, on a improvisé une sorte de concours à celui qui s’enroberait le mieux dans ces magnifiques couvertures militaires en laine qui gratte, prêtées par l’équipe du Château. Par 10° maxi et un bon vent d’ouest, tu oublies vite l’esthétique et tu te mets à jalouser celle qui se pointe en doudoune sac poubelle.

Murmonde

CE QU’ON A AIMÉ, AU FINAL.

– Le lieu : faire vivre un spectacle culturel dans un fort militaire, il faut y penser, et le réaliser. Parce que tout ce matos, faut le faire passer par le pont-levis

– Le choix de proposer le Murmonde de Serge Kribus. Un livre peu connu et qui donne une vision originale de l’enfance, qui pousse à réfléchir sur l’adulte que l’on est, et la place du rêve dans nos vies.

  Le jeu des acteurs, juste et sans excès, la prise de risque car on bascule vite dans la caricature quand on veut montrer le ridicule d’une attitude. Et la capacité des comédiens à tenir des rôles bien différents dans deux spectacles d’affilé.   

– L’utilisation du lieu comme partie intégrante du décor : certaines parties du château de Joux avaient une réelle fonction de décor (on ne vous en dira pas plus, no spoiler)

  Représenter les murs d’une chambre avec des bouts de scotch… et réussir à faire que le spectateur voit ces murs !

– Planter la tente au lac de Saint-Point pour un réveil avec une vue de dingue.

vue

CE QU’ON N’A PAS TROP AIMÉ.

– Les blagues d’un goût douteux, et d’un niveau pas bien élevé.

– Le froid, mais ça c’est pas l’orga qui en est responsable.

– L’utilisation de l’espace dans le Misanthrope, entre comédiens qui font tapisserie et ceux qui font des allers-retours sans aucune utilité.

– Le mélange œuvre originale/modernité pas vraiment réussi, qui déstabilise tellement que cela passe pour des sorties de rôle de la part des comédiens.

TAUX DE REBOND.

La prochaine fois, penser à venir plus tôt pour visiter le château, les alentours, et goûter les produits du coin. Ah, et bien sûr, prévoir sa doudoune…

– Mamz’elle Deucinq
Photos : DR

Les Nuits de Joux, jusqu’au 15 août