On a rencontré Anne Laemmlé, commissaire de l’exposition « Mobilisés ! Dijon au fil de 14-18 », dans le cadre du projet national pour le centenaire de la Grande Guerre, qui se tient au Musée de la Vie bourguignonne jusqu’au 25 avril. Elle traite de la vie locale pendant cette période difficile où, à Dijon par exemple, les écoles étaient réquisitionnées pour servir d’hôpitaux et cantines militaires. Présentation.

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« Traiter Dijon comme une personne ». Telle est la volonté d’Anne Laemmlé, commissaire de l’exposition. Le but n’étant pas de raconter la « grande histoire » de la guerre mais de l’aborder à travers des destins dijonnais et l’activité de la capitale des Ducs au cours de cette période. Heureuse de nous recevoir, elle prend le temps de nous offrir une visite guidée du fruit de son travail. Nous entrons dans la première salle où différents modules se succèdent, présentant la situation de Dijon en 1914, au déclenchement de la guerre. Au front comme à l’arrière, la mobilisation était totale.

Les régiments dijonnais et la peur des Allemands

Au front d’abord, les soldats dijonnais. Quatre modules supplémentaires présentent les quatre régiments de l’époque, dispersés dans les trois salles de l’exposition. Par différents supports ; on a pu les découvrir d’abord par le biais de journaux de marche des officiers sous formes écrite et numérique pour plus d’accessibilité. On a pu également écouter le témoignage de Gilbert Gagnon, ancien membre du 27ème régiment d’infanterie, recueilli par son petit-fils cinquante ans plus tard. Il décrit, avec émotion et sans filtre, le quotidien dans les tranchées, la peur des Allemands ou l’incompréhension de cette guerre.

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Son régiment, le plus célèbre, comptait dans ses rangs 3 338 hommes et a essentiellement combattu dans la Meuse et dans la Lorraine. En tout, c’est 15 000 hommes qui composaient la garnison dijonnaise. Mais les civils, à l’arrière, ont eux aussi contribué à leur manière à l’effort de guerre.

Dijon, ville à l’arrière

Anne Laemmlé nous explique par ailleurs que Dijon n’était qu’une zone de transit (malgré quelques bombardements quartier de la gare), mais était tout de même engagée dans la mobilisation. Dans tous les domaines. Charles Dumont, maire de Dijon et ancien combattant de la guerre prussienne, a grandement participé à « maintenir la ville propre et respectable ». D’abord, en instaurant un couvre-feu à 22h et en équipant la tour Philippe Le Bon de projecteurs, ainsi que de deux mitrailleuses pour assurer la défense de la ville. Il a géré notamment le ravitaillement de matières premières, la vie des troupes en réquisitionnant les lycées, écoles pour en faire des hôpitaux et cantines militaires. Comme par exemple le lycées Carnot et Saint-Joseph. Une autre aide considérable a été apportée par les entreprises. En effet, elles ont reconverti leur savoir-faire au service de la guerre. Même les plus jeunes se sont mobilisés, à leur échelle. Ils vendaient par exemple des médailles pour récolter des fonds destinés à l’économie de guerre.

Dijon, ville chamboulée

Sur l’expo, de nombreux modules montrent également l’omniprésence de la guerre dans le quotidien des Dijonnais. On peut par exemple découvrir le portrait de deux sœurs, Simone et Madeleine Giraud, âgées de 12 et 13 ans. Ces deux écolières de la Trémouille étaient constamment confrontées à la problématique de la guerre à l’école. Madeleine, dans une texte retranscrit, nous donne sa définition de ce que veut dire « tenir » pendant la guerre : « Une jeune fille a de biens petits devoirs à remplir envers sa Patrie, mais elle doit tenir tant que la guerre durera « .

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Vient ensuite le temps de l’après-guerre. Le retour interminable des troupes et des blessés a amplifié la douleur déjà si importante de Dijon. Puis le temps des hommages et des réparations. De nombreux monuments aux morts se sont érigés en la mémoire des poilus tombés pour la France. Le monument aux morts situé allée du Parc a été inauguré le 9 novembre 1925. La place Wilson, anciennement appelée place du Peuple, a été renommée ainsi en hommage au président américain Thomas Wilson.

Grâce à cette exposition, particulièrement riche et intéressante, on s’est rendus compte du rôle qu’a joué Dijon au cours de la Première Guerre mondiale. En plus d’expo, d’autres événements sont réalisés en parallèle comme « La cloche a sonné », ce samedi 19 mars, représentation théâtrale qui met en scène les deux écolières. L’exposition se veut donc vraiment accessible avec des modules destinés aux enfants. De plus, un écran diffuse en continu les noms des victimes dijonnaises. On remercie Anne Laemmlé de nous avoir offert de son temps. On vous conseille vivement d’aller y faire un tour.

– Maxime Durand & Simon Virot
Crédit photos : Musée de la Vie bourguignonne – Perrin de Puycousin, Dijon (F. Perrodin)