Le mois dernier, on a pu se taper l’incruste en coulisses pendant la répét’ de l’opéra Orphée & Eurydice, dont les représentations se sont tenues à l’Auditorium au début du mois. On t’emmène derrière le rideau, là où tout commence et tout finit.

Rien que l’Auditorium de Dijon est un spectacle en lui-même. Dessinée par un cabinet d’architectes de Miami, eh ouais, la structure de 50 000 tonnes de béton avec son arche qui passe au-dessus du tram a la forme d’un piano à queue vu du ciel. Si tu passes en hélicoptère n’oublie pas de jeter un coup d’œil. Ce que tu savais pas, c’est que l’Auditorium aurait dû avoir une deuxième salle à l’endroit aujourd’hui destiné à l’enclos fumeurs, le long du boulevard de Champagne. Mais le budget a traversé le ciel comme disent les Anglo-Saxons et cette partie a été abandonnée. Un peu comme avec le stade du DFCO qui devait ressembler à Old Trafford et qui finit par avoir des gros airs du stade de l’abbé Deschamps.

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Néanmoins, on sait que l’Auditorium de Dijon possède l’une des meilleures acoustiques d’Europe. Tout le design intérieur participe à cette performance, il ne s’agit donc pas d’une déco art moderne. Même le sol est pensé en conséquence, avec du bois coupé dans la largeur de la bûche pour diminuer l’usure du temps. C’est pas ton parquet Brico Dépôt. En plus, les fauteuils sont plutôt très confortables et un bon paquet de spectateurs aiment s’y taper une sieste quand ils s’emmerdent un peu. Et là tu ressens bien l’acoustique quand le type derrière toi se met à ronfler pendant le deuxième acte.

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Nous, on est des privilégiés donc on y était quand la salle est vide, pour voir les acteurs répéter. Il y avait Orphée & Eurydice de Gluck, mis en scène par Maëlle Poésy, nouvelle vague du théâtre français qu’on avait vu à Théâtre en mai, et accessoirement sœur de l’actrice Clémence Poésy qui joue notamment dans Harry Potter. Famille d’artistes. On a vu les acteurs bosser en tenue de tous les jours, sans costumes, une vraie pub pour Celio. Ils avaient quand même déjà les accessoires pour pouvoir corriger au dernier moment si le matos ne convient pas. On a vu Maëlle Poésy donner ses instructions en Français et en Anglais. On a vu le chœur de l’Opéra de Dijon qui prenait une place importante dans le spectacle. On a vu le chef d’orchestre Iñaki Encina Oyón répéter la mise en scène. Car, dans l’opéra, le chef d’orchestre joue un rôle important dans la mise en scène puisque la musique et le rythme des prestations sont forcément prépondérants.

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On a assisté aux représentations et on a bien senti le souffle de la mise en scène de Maëlle Poésy à travers les décors. La deuxième partie quand Orphée descend aux Enfers, que le sol est recouvert de terre et que des racines énormes sortent du plafond, est épique. Une superbe performance scénique générale qui donne plus de vie à l’opéra un peu plan-plan de Gluck. Après l’Orfeo en fin d’année dernière, cette deuxième adaptation du mythe d’Orphée a parfaitement respectée le cahier des charges, et permettait également de découvrir la soprane Sara Gouzy, jeune prodige de 25 ans dont le jeu et la voix en font déjà une figure de l’opéra en France et en Allemagne.

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En prime, on vous file les quelques interviews bien foutues des gars de Radio Dijon Campus qui étaient là aussi. C’est cadeau :

– Loïc Baruteu
Photos : L.B.