Musiciennes à Besançon fait son retour cette année pour leur 3e édition, avec toujours plus de diversité, pour notre plus grand plaisir.

Le MAB c’est un évènement qui prend place sur une semaine, du 15 au 20 avril à Besançon et qui permet à trois musicien.nes de suivre des ateliers appliqués autour de la pratique de leur métier. C’est un peu une manière de donner un accès égalitaire aux minorités de genre au domaine de la musique. Parce qu’on le répètera jamais assez mais la musique est un milieu dans lequel les femmes et minorités de genre ne sont pas assez mises en avant.

Photo par Nicolas Waltefaugle

À la base de cette idée, trois organismes, Le Bastion (qui accueille l’évènement), la Rodia qu’on ne présente plus et la structure d’accompagnement dans le domaine culturel Mazette! qui s’occuperont cette année des trois nouvelles lauréates.

Comme le dit Ornella Salvi, responsable de la communication et de l’action culturelle au Bastion : « L’idée c’est vraiment d’avoir une prise de conscience de leur projet artistique pour qu’elles l’utilisent de la meilleure manière possible dans les lives et les projets qu’elles vont être amenées à faire ». Pour chaque édition, un jury 100% féminin de professionnelles du milieu se réunissent pour choisir trois projets sur le territoire national (dont un de BFC). Pendant 5 jours, les artistes seront accompagnées par des coachs sur de l’interprétation scénique, de la chorégraphie et du rapport au corps, ou encore un accompagnement purement scénique qui se rapproche plus d’une résidence. La semaine ne s’organise pas qu’autour d’ateliers musicaux mais aussi de rendez-vous professionnels par rapport à la gestion de la vie d’artiste, la communication, la presse ou encore carrément de l’administration ! Ornella nous explique : « ce n’est pas un tremplin. C’est vraiment une semaine tout bénef pour leurs projets et la réception autour ».

Qu’est ce que les anciennes lauréates en retiennent ? Un moyen de sortir de l’à peu près, d’avoir les clés en mains pour des perspectives futures, de partager des expériences avec d’autres artistes, de voir autre chose, d’assister à une progression fulgurante qui renforce cette volonté qu’elles possédaient déjà. Mathilde Lejas alias Championne, lauréate de l’édition 2023, vous dira même que c’est une confirmation : « On sort un peu galvanisée de ça. On reprend confiance, on récupère les rennes de notre projet ».  

« C’était une première expérience et un élément déclencheur qui est hyper important dans le fait de dédramatiser la scène, dans le fait de re-croire en son projet, dans le fait de déconstruire ce fameux syndrome de l’impostrice qui est quand même propre aux minorités de genre dans la musique. »

Championne, lauréate de la 2e édition

Si pour elle, MAB « c’est quand même une démarche hyper militante » c’est pas pour rien. Le but de cette semaine c’est pas de participer à un enchaînement de masterclass ou juste d’inculquer un seul chemin mais bien de faire un travail complet autour du projet que porte chaque artiste. Et ça de manière à intégrer justement ces minorités de genre dans un système qui n’est pas modeler pour elleux : « Quand on touche à ces problématiques là, on part de l’intime, on part de l’individu et on impose pas une vision toute faite et pré-construite à chacune. »

Musiciennes à Besançon c’est aussi « une sorte de rampe de lancement dans le travail artistique », un moyen pour les lauréates de partir avec des bases solides pour développer leur projet de la meilleure des manières : « C’était une première expérience et un élément déclencheur qui est hyper important dans le fait de dédramatiser la scène, dans le fait de re-croire en son projet, dans le fait de déconstruire ce fameux syndrome de l’impostrice qui est quand même propre aux minorités de genre dans la musique. »

En gros, Musiciennes à Besançon c’est une safe place professionnelle dans laquelle les lauréates ressortent avec les armes pour mener à bien leur projet musical. Se savoir accompagnée, écoutée et surtout entendue, c’est un grand pas pour ces personnes avec de grandes ambitions mais dont les moyens pour les atteindre leur sont encore souvent privés.

Pour nous, public, MAB à tout prévu. Une journée de rencontres professionnelles est organisée par la FÉMA (la Fédération des musiques actuelles en BFC), le 18 avril à la Rodia. Elle consiste en plusieurs ateliers de discussion autour des thèmes que l’évènement porte et défend. Avec des intervenants du secteur de l’événementiel et des professionnels des questions égalitaire et inclusive, le MAB nous propose de prendre part à leur démarche. Une manière pour nous de mettre aussi, notre petite pierre à l’édifice.

Photo par Nicolas Waltefaugle.

Cette année, on fait face à un beau florilège de genre et d’horizon (pour notre plus grand plaisir ici chez Sparse !). Mais alors qui sont-iels ? 

Allivm, qui nous vient du Jura, est une rappeuse et chanteuse au style sérieux et sensuel qui traite de sujets sociaux et personnels sur des instrus électro hip-hop au traits mélancoliques. On sait pas trop s’il faut pleurer ou danser (peut-être un peu des deux). Elle possède déjà deux albums à son actif, de quoi se donner une belle idée de son style. Une plume engagée aux lignes puissantes voilà qui fera plaisir aux poètes !

Awa nous vient de Corrèze possède encore une petite discographie mais aussi un potentiel de fou furieux. Et c’est bien normal puisqu’elle a déjà une grosse expérience de musicienne en Amérique du Sud avec le groupe Doo. C’est en effet d’abord au Mexique qu’Awa commence son activité professionnel dans la musique quand elle part rejoindre son frère là-bas. Une voix claire et puissante, une musicalité bien bossée qui s’inspire du jazz latino et des vents qui viennent te foutre une baffe, produit de son éducation au classique. Dans l’ensemble, on est face à une soul moderne et chaleureuse aux touches mélancoliques qui te foutent les frissons bien comme il faut.

Et enfin Rouge Minnesota de Normandie (76 RPZ !). Il y a certaines inspirations de pop psychédélique voir de rock progressif dans ce que nous propose cette artiste, et cela tout en gardant une douceur bien agréable par sa voix claire. Un contraste qui produit une certaine cérémonialité et une impression baroque, bien dramatique. Un kiffe pour les plus dramaqueen d’entre nous. On se sent un peu flotter avec ce genre de son et c’est ce que Rouge Minnesota cherche à faire en créant un univers un peu surnaturel autour de ses créations.

Texte : Eve Roucou // Visuel de couverture : Studio Champ Libre